Ouh, le méchant disque cultissime de Thrash que voilà ! Inutile de réfléchir à la potentialité novatrice de "Agent orange" : Si l'on excepte effectivement la saveur punkisante bien puissante qui alimente le moteur de l'immédiat "Ausgbombt", le disque présente un Thrash classique mitonné par un chef maîtrisant tous les tours de mains du genre et en assumant les roublardises. Le Thrash travaille tant de clichés rythmiques à l'efficacité redoutable que l'on a tôt fait, par facilité, de ressasser les mêmes idées, les mêmes breaks et sursauts. Du coup, soit l'on bifurque vers un crossover pour épicer la sauce, soit on se contente de soupeser chaque détail afin que tous les ingrédients entrant dans sa composition acquièrent une visibilité propre, mais participant d'un effort d'ensemble aux allures de synthèse stylistique. C'est un peu le cas de cet "Agent Orange" qui, en quarante minutes, délivre selon moi la quintessence du Thrash classique : Des rythmiques qui vous tombent sur la gueule comme une émeute sanglante, rompues par des breaks rouleau compresseur et autres accélérations flirtant parfois avec le Death, des vocaux (un peu à la VENOM, mais en plus solide) ayant le mérite de susciter le malaise sans déraper vers les hurlements aigus fréquents chez d'autres formations du genre, des solos un peu plus soignés que les accélérations maladroites coutumières... le tout mis en valeur par une production d'une rare qualité. Bref, quarante minutes de pur orgasme Thrash, voilà ce qu'est pour moi cet "Agent Orange" qui vient se caler impérieusement sur la première marche de mon podium Thrash germain, et que j'invite bien volontiers à rejoindre les grands noms américains du genre.
