Alice in chains, avant cet album, c'était un groupe de heavy, rien d'autre. Un style qui leur convenait bien, à en réécouter des albums comme Facelift ou Dirt.
Mais ce groupe avait largement le talent nécessaire pour transcender les genres. Le metal était la forme d'expression la plus directe et la plus immédiate.
Ce passage à une musique plus "acoustique", c'est à dire à forte tendance "non saturée", brouille les cartes. D'une part, on entend beaucoup plus jerry cantrell au chant, qui a gagné beaucoup en assurance dans ce domaine. Layne ne force plus la voie, Sean Kinney, le batteur, joue avec beaucoup plus de finesse qu'auparavant, avec un style de jeu beaucoup plus plaisant, varié, moins métronomique. Le bassiste, enfin, Mike inez, nous pond des riffs entêtants, charpente "sonore" idéale pour le reste du groupe.
Ce changement de cap nous permet d'appréhender la facette "mélancolique" du groupe. Il semble en effet plus las, plus résigné que jamais.
Pour ma part, cet album me semble donc bien plus glaucque que "Dirt", qui avait fait fort pourtant. Layne nous hurlait sa douleur auparavant, comme révolté (bien que peu optimiste !..), maintenant, c'est un damné qui nous chante à l'oreille une berceuse, lancinante, hypnotisante, électrifiante. Il ne fait plus partie de ce monde, c'est pour moi la seule thèse plausible qui me permette de comprendre comment un groupe a pu enfanter d'un disque aussi glacial.
