SLAYER était tout de même étonnant. À la vue de l'artwork jusqu'au boutiste du groupe, de la tronche des mecs, des titres, le néophyte peut s'attendre à du bourrinage en règle, un mur du son écrasant, des voix à la limite du vomi voire growlées. Et finalement, SLAYER est un groupe assez fin, en tout cas bien atypique par rapport à cet attendu, particulièrement dans sa période dorée.
La production est incroyable, minimaliste voire rachitique tout en restant puissante : le son est clair, chaque instrument se détache, nous sommes loin du parpaing sonore. Les guitares sortent des riffs remarquables et jouent en rythmique avec une sonorité particulière, plus proche de la tronçonneuse petit calibre que du moteur d'avion habituel. Les soli sont à peu près dégueulasses mais apportent une torche de chaos Punk en refusant toute mélodie. Tom Araya est loin des canons vocaux Heavy/Thrash : voix claire, peu puissante mais son débit mitraillette, son intelligibilité et sa hargne plus que sa violence est l'identité du groupe. Et la batterie, loin des déferlements continus, est un modèle : oui la batterie peut apporter beaucoup plus que la simple pulsation. Lombardo est le Elvin Jones du Metal.
Tout cela est au service d'un songwriting brillant et intelligent, tout orienté vers l'efficacité absolue, morceaux courts, directs, construits autour de l'os.
"South of Heaven" avec le suivant, est vraiment l'acmé de ce quasi-paradoxe.