"Turbo" possède un charme certain.
Le charme de l'album mal aimé, que l'on catégorise très vite et que l'on ne veut plus écouter.
Quelques années plus tard on le ressort et on l'écoute pour la forme et là on grimace, un petit malaise s'installe, il nous fournit de bonnes sensations, non c'est pas possible, je ne suis pas en train d'apprécier, au secours...
Alors on le range, honteux, voulant conserver sa crédibilité intacte.
Quelques années encore plus tard, on arrive à un âge où on a plus rien à perdre, on a plus trop de carcans, on est plus ouvert, on est un peu nostalgique et on le réécoute et là on se dit : "Mais en fait cet album est bon...".
"Turbo", à l'instar de son successeur, a un charme fou, un son unique et ancré dans son époque.
Ça et la voix de Rob Halford font que, mêmes moyennes, les compositions s'écoutent et s'apprécient.
Bon, il y a quand même un gros ventre mou, "Private Property", "Parental Guidance", "Rock You All Around The World" n'arrivent tout de même pas à être transcendées, tout miracle a sa limite, on part de trop bas.
Et la même chose prévaut pour les deux derniers titres "Hot For Love" et "Reckless", même si c'est un peu mieux.
J'aurais dit également la même chose pour "Wild Nights, Hot And Crazy Days" mais le pré-refrain accompagné de son riff magique est enchanteur (Can you feel the beat, everybody's rockin'in the summer heat, as the sun goes down...). Sauvée de justesse.
Au niveau des titres marquants on a "Turbo Lover" (où les guitares-synthé imitent vraiment le bruit d'un turbo qui prend de la vitesse, fabuleux !), "Locked In" que je trouve géniale et "Out In The Cold" la traditionnelle chanson sucrée-salée dont JUDAS PRIEST connaît la recette par cœur et qu'ils ne savent pas rater.
Une chose à faire cependant pour pouvoir apprécier cet album: ne pas regarder les titres et paroles des chansons, c'est assez risible.
Mais bon, on est là pour la musique.