Remarquable chronique, cher Poulard ! Je n'ai pas, à proprement parler, d'éléments supplémentaires à faire valoir. Je me contenterai donc d'encenser à mon tour cet album unique et magistral, véritablement marginal sur la scène française, arrêtant mon opinion sur le traitement injuste dont fut victime, pendant longtemps (et encore aujourd'hui ?) MISANTHROPE.
Car oui, voilà de singuliers et brillants musiciens, dôtés incontestablement d'une vision révolutionnaire du Death, et qui affectaient encore ici un avant-gardisme ahurissant : Death tout autant que Médiévale, Jazzy ou simplement Heavy, cette oeuvre est une pièce de théâtre musicale aux rebondissements qui jalonnent une trame demeurant pourtant des plus limpide. Et si la production un peu rêche, effectivement, émousse la grandiloquence de la chose, elle ne se fait pas le fossoyeur d'une inspiration qui trépigne tout au long de ce recueil luxuriant. MISANTHROPE irradiait ici d'une personnalité sans limite et dévorante, à des lieux de toute comparaison facile, et se bâtissait un univers sonore à la mesure de son concept. Les applaudissements retentissant au terme de cette représentation, aussi décalés et prétentieux puissent-ils paraître, sont quant à eux à attraper du côté d'une expression extrême du concept de "musique des planches" : ils viennent clôturer une trilogie d'album, prévue pour sonner précocement le glas de MISANTHROPE. Philippe Courtois avait, de fait, organisé les funérailles de MISANTHROPE au crépuscule de ce "1666... Théâtre Bizarre"... la rencontre providentielle de Jean-Baptiste Boitel (guitare), Alexis Phelipot (batterie) et le succès enfin échu à MISANTHROPE lui permettrait d'envisager une survivance d'Alceste... son premier cri serait "Visionnaire". Une oeuvre méritant assurément son patronyme. Comme il sied élégamment à "1666... Théâtre Bizarre".
