John Frusciante est guéri de son addiction (après avoir failli cramer dans l'incendie de son taudis) et est donc repêché par Flea avec l'accord d'Anthony Kiedis. Dave Navarro quant à lui réintègre Jane's Addiction après un détour par Porno For Pyros avec son pote Farrell. Pour les fans, c'est un cadeau du ciel : fini Navarro et ses tutus noirs sur scène, c'est le retour du funkissime son Red Hot. C'est un peu vite enterrer l'ère Navarro qui, bien que je ne sois pas trop fan de One Hot Minute, offrait un combo plutôt bon techniquement, avec une touche bien plus rock. Qu'importe, "Californication" a remporté un succès phénoménal, tout les ingrédients sont là pour ça : des ballades, une pochette qui donne tout de suite envie d'acheter (la piscine avec l'eau dans le ciel, et le ciel dans l'eau, c'est juste pour moi une des plus belles pochettes jamais créées ).
Et pourtant, première constatation avec cet album, et pas des moindre : Rick Rubin ou pas, la production est immonde. L'album, victime de la loudness war, est saturé de A à Z, difficile de l'écouter d'une traite sans avoir mal à la tête. Le bruit de la batterie est infâme, on préfère monter les faders parce que les concurrents sonnent plus fort, plutôt que d'avoir un bon son, c'est ridicule mais bon. Heureusement, les remasterisations sont parfois utile, ici elle est vitale.
Deuxième constatation : le funk a disparu. Bon ok, on trouve des morceaux qui ressemblent à des vestiges de l'ancien (car à partir de Californication, on peut effectivement parler d'ancien) style du groupe. Les 3 colonnes du temple de Castor et Pollux à Rome, j'ai nommé "Get on Top", "I Like Dirt" et "Purple Stain", toutes nulles à chier. Ah si, je vous jure... A la recherche du resp.. heu, je veux dire du funk.
Par contre, force est de constater que les nouvelles compositions du groupe sont au top. "Around the World" est une très bonne entrée en matière, un refrain très sympa et un petit "solo" d'outro qui rend très bien. "Parallel Universe" et sa ligne de basse qui fait frémir (jouée au médiator, ça s'entend direct, mais avec le rythme on comprend aussi). "Scar Tissue" est magnifique, tout sur ce morceau, du riff d'intro au solo d'outro joué au bottleneck où la guitare de Frusciante chiale des notes, est exceptionnel. "Otherside" est un immense classique, on est d'accord. Et "Californication", ballade mythique au riff tout simple mais diablement efficace. En plus le clip est énorme, avec les membres du groupe qui se retrouvent dans un jeu vidéo sur une map qui n'est autre que la Californie, bourré de clins d'oeil en tout genre. Nous avons donc ici 5 morceaux géniaux, seulement voilà, 5/15 c'est pas énorme. Alors qu'est ce qu'on à d'autre ?
"Easily" démarre très bien, une intro en furie qui me plaît vraiment, mais pour moi l'intérêt retombe un peu dès que le chant commence... Voix insupportable comme souvent, mais là ça ruine tout. On dirait vraiment qu'il a un f'veu fur la langue fe Kiediffe. Dommage car le morceau aurait pu être très bon. Morceau à moitié bien donc. "Porcelain" est chiante, rien d'autre à dire. "Emit Remmus" (lire Summer Time à l'envers) aurait mieux fait de s'appeler "Reihc à Lun". Des notes très désagréables en guise de riff, on dirait des larsens... Vraiment inaudible.
"This Velvet Glove" s'en tire très bien, ça relève vraiment le niveau et tant mieux, car passé l'euphorie de la première moitié de l'album, la chute paraissait dure. "Savior" n'a ni queue ni tête et c'est dommage, car l'intro, et surtout le magnifique solo d'outro sont pour moi parmi les meilleurs moments de l'album, avec "Scar Tissue" notamment. Mais les couplets, trop calmes d'un seul coup, ruinent un peu l'effet... Je la classe quand même dans les bons morceaux grâce à ce solo de guitare qui fait chialer.
"Right on Time" ? Je zappe. "Road Trippin" quand à lui, achève heureusement très bien l'album, c'est un morceau calme, mélodique, et le chant est (pour une surprise) très bien interprété.
Donc, 8,5 morceaux qui déchire sa maman sur 15, et ces bons morceaux ont tous la particularité d'être assez... Mélancoliques. On est loin du funk festif d'un "Good Time Boys", c'est pas pour rien que l'album à fait un carton planétaire, avec le nombre de rupture amoureuses dans le monde "Californication" offre la setlist parfaite. Mais avec autant de morceaux on s'attend forcément à du remplissage. Si cet album s'était contenté d'une dizaine de titres seulement, alors ça aurait été une sacré tuerie. Mais là, les Red Hot ont voulu privilégier la quantité sur la qualité et c'est dommage.
3,5/5 donc, avec un bonus pour la pochette qui est vraiment magnifique. Ça change chez les Red Hot (quoique celle Mother's Milk est vraiment pas mal non plus ^_^ )