Quelle évolution, seulement un an après "Kill'Em All". Sur ce dernier, quelques titres annonçaient déjà la direction ambitieuse qu'allait prendre le groupe, à savoir de longues compositions de Thrash mélodique. On retrouve quand même dans "Ride The Lightning" quelques éléments primaires du précédent album, notamment dans ce "Trapped Under Ice" où Kirk s'en donne à coeur joie.
Là où "Kill'Em All" annonçait directement la couleur avec l'introduction de "Hit The Lights", METALLICA cache bien son jeu avec "Fight Fire With Fire", qui commence très calmement avant l'arrivée d'un riff redoutable, un vrai mur infranchissable. Une nouvelle occasion de constater le talent de James Hetfield, aussi bien à la guitare qu'au chant, puisque ce premier titre permet de constater l'évolution impressionnante de sa voix, nettement plus agressive et affirmée. Cliff Burton est quant à lui au sommet de son art, il ponctue parfaitement le jeu de Lars Ulrich sur cette première chanson et également sur la suivante, et prend parfois les rênes comme sur l'introduction de "For Whom The Bell Tolls", où son jeu en Wah-Wah est particulièrement réussi.
"Ride The Lightning" fait partie des deux albums de METALLICA qui bénéficient d'une ambiance particulière, froide en l'occurrence. L'agressivité du chant d'Hetfield dans le premier titre, la lourdeur de "For Whom The Bell Tolls" ou encore le sentiment d'oppression que suscite la chanson-titre sont particulièrement éloquents. Les tempi se font nettement plus lents que sur "Kill'Em All", ce qui contribue à cette ambiance pesante. On peut regretter la présence d'"Escape", titre pas franchement réussi qui dénote un peu du reste de l'album.
Difficile de ne pas évoquer la sublime semi-ballade "Fade To Black", qui a le mérite de ne pas tomber facilement dans le pathos et où Kirk s'illustre particulièrement. Ou encore le monumental "Creeping Death", un classique du Thrash Metal.
Le titre qui se démarque le plus à mes yeux de cet album est "The Call Of Ktulu", longue pièce instrumentale dont les 9 minutes semblent bien courtes. Hetfield et Hammett sont à l'origine d'excellents riffs et soli qui créent une ambiance particulière, mais celui qui tire le plus son épingle du jeu est Cliff Burton, qui s'impose ici comme un lead bassiste impressionnant. Il parvient à donner vie à Cthulhu grâce à son jeu, notamment grâce à un peu de Wah-Wah. La créature rôde, hante, s'épanouit dans cet océan de terreur qui constitue son habitat naturel, et la vision de cet être contre-nature suffit à donner la mort. Passionnant.
"Ride The Lightning" est donc un album excellent, qui n'a pas volé sa réputation. Ses deux successeurs seront du même acabit, mais chacun aura sa préférence pour l'un des trois.