8 ans. 8 ans, c'est long. Au bout de 8 années, on est en droit d'attendre un album de grande qualité et qui corrige les erreurs du passé. Autant dire qu'à l'écoute de "Hardwired... To Self-Destruct", la déception est grande.
Ce qui ne veut pas dire que l'album est dénué de qualités. Le chant de James est souvent hargneux, sa prestation vocale est dans l'ensemble très réussie ; j'irai même jusqu'à dire qu'il n'a pas aussi bien chanté depuis au moins "Load". Quant à ses riffs, ils sont incisifs, son downpicking légendaire est toujours d'actualité. Depuis que j'ai découvert le groupe il y a une dizaine d'années, je suis toujours resté admiratif du chanteur, du guitariste et du frontman charismatique qu'il est (contrairement à Kirk, qui a beaucoup baissé dans mon estime). Le jeu de Lars, à défaut d'être très inspiré, est plutôt efficace.
Toujours dans les atouts de cet album, on peut citer la production, qui renvoie facilement celle des deux albums précédents aux oubliettes. Quant aux compositions, celles du premier CD, en dehors de "Dream No More", sont bonnes. Le Thrash "Hardwired" côtoie les Heavy "Atlas, Rise!", "Now That We're Dead", "Moth Into The Flame" et la plus alambiquée "Halo On Fire", où James alterne avec succès chant posé et agressif. Voilà pour les qualités de "Hardwired... To Self-Destruct".
Pour ce qui est des défauts... Déjà, Kirk Hammett... Ou plutôt, Kirk Whammett. Parce que le guitariste soliste de METALLICA a ressorti sa pédale wha-wha adorée, pour le plus grand bonheur de tous. Les nombreuses critiques sur "Death Magnetic" à ce sujet ne semblent pas l'avoir freiné. Certains pourraient y voir un guitariste qui a sa patte ; à titre personnel, j'y vois un musicien dont les capacités ont diminué au fil des années et qui se sert de cet effet comme cache-misère. Ses soli sont globalement ratés, en dehors de quelques exceptions. Quant à Rob Trujillo, on arrive parfois à entendre sa basse, mais de toute évidence, ce n'est pas avec "Hardwired" que METALLICA va devenir un IRON MAIDEN ou un HELLOWEEN à ce niveau-là.
Le second CD est mauvais. Bien médiocre. METALLICA refait du METALLICACA. Les mauvaises (et trop longues) compositions s'enchaînent, avec des mélodies bien faibles. James retombe dans certains travers vocaux. Dans cet océan de médiocrité, "Spit Out The Bone" apparaît comme la lumière au bout du tunnel. Un excellent titre Thrash, avec des riffs et soli en veux-tu en voilà, qui nous ramène dans les années 80. Néanmoins, ce titre a un effet pervers : mettre les choses en perspective. Parce que les chansons du premier CD, qui pouvaient sembler de prime abord très bonnes, s'avèrent au final seulement bonnes. Quant à celles du second CD, elles semblent d'une très grande médiocrité en comparaison. En gros, en mettant "Spit Out The Bone" à la place de "Dream No More" et en faisant abstraction du second CD, on tenait un bon album de METALLICA.