Souvent je dis du mal de Maiden. Souvent leur musique m'ennuie. Mais je n'oublierai jamais l'émotion primale qui m'a saisi lorsque j'ai écouté "Killers". Quintessence du heavy des années 80, il y a là les deux meilleurs titres du groupe : "Drifter" et "Wrathchild". Des morceaux qui cartonnent, qui ont une folie, une fraîcheur démente (oh "Ides of March" et cette petite fin l'air de rien !). Mais ce n'est pas tout. Car l'album est une mine d'or, entièrement. Ce "Murder in the rue Morgue" m'a fait découvrir au passage Edgar Poe. C'est pas rien. C'est aussi le dernier album de Maiden qui sentait la bière, la sueur et la déconnade. Tout est devenu plus propre, plus professionnel aussi. C'est pour ça qu'il fallait sans doute virer Di'Anno, trop incontrôlable alors qu'il a des tripes, du coffre et un grain, une tessiture unique dans l'univers du métal... ah j'en pleurerais tellement ce "Killers" me remue. Et l'intro en roulement de Clive Burr sur "Another life", morceau finalement assez anonyme dans la disco de la Vierge de fer, pourtant il y en a qui se damneraient pour n'avoir écrit que celui-là ! J'en viens maintenant à Steve Harris : quelle maîtrise, quel régal, que de groove dans cette basse, que de notes aussi. Le type suit quasiment note pour note Dave Murray et Adrian Smith sur certains passages. Parfois on pourrait presque penser qu'il est trop en avant (sur "Another life" ou en intro de "Gengis Khan" par exemple) mais finalement non. Parce que c'est trop ingénieux, cela signe l'identité du groupe. Et fait sa force.
Je pourrais écrire des heures sur chaque titre tellement ils ont intégré mon ADN. Je préfère parler de la pochette : l'une des plus merveilleuses du genre et ma préférée du groupe avec "Women in uniform". "Killers" est au métal ce que le cassoulet est à la gastronomie mondiale, ce que Le faucon Maltais est au roman policier, ce que Casimir est au monde de l'enfance et ce que Maradona est au ballon rond... Cela devrait suffire pour situer non ?