Killers est pour moi l'album de la transition. Transition entre le premier disque, aux allures metal, mais gardant des aspects hard et punk, vers The Number Of The Beast, l'album Heavy Metal par excellence (avec majuscules siouplait), qui classera Iron Maiden parmi les plus grands du metal.
Une transition, et des traces du premier éponyme encore bien visible. Des titres plus hard rock que heavy, et toujours ces touches punk. "Murders In The Rue Morgue" en est un exemple. Titre foncièrement hard, qui me rappelle "Charlot The Harlot" par ses rythmes syncopées et son refrain enjoué. "Twilight Zone", soutenu avec un refrain où Paul Di'Anno chante plus aigu que jamais. "Another Life" est toujours dans la même veine, rythmé, mais vraiment pas très original. La production, plus travaillée et moins « garage » (la touche Martin Birch) reste néanmoins très claire et vive, et les guitares sonnent comme sur le premier disque, plus brut que heavy. On entend bien tous les instruments, la basse d'Harris est plus présente que jamais, en soutien de la batterie de Clive Burr, un peu plus en retrait, j’aurais aimé vraiment qu’elle soit en avant sur "Genghis Khan" ou "Innocent Exile" et qu’elle nous tabasse à fond.
Enfin, Paul Di'Anno est fidèle à lui-même, son chant est très rock, le gaillard se donne à fond. Ses excès en tout genre auront raison de lui, et son remplacement m’apparaît comme nécessaire, car sa voix colle moins bien à des vrais morceaux heavy. On a donc 10 compos ("The Ides Of March" est une intro), mais pas toutes égales et réussies, au contraire du premier album. Ainsi, "Prodigal Son" ne m'accroche jamais, à part le solo. Comme "Another Life", "Drifter" est un heavy rock pas très originale. Heureusement, on a "Purgatory", morceau enlevé, qui ne s'arrête jamais, avec ses guitares d'enfer et son refrain accrocheur.
Mais déjà des titres heavy sont présents. Le plus célèbre, "Wrathchild", souvent joué en concert, est court mais efficace, bien rentre-dedans, avec plusieurs solos chaotiques. Dans le même style que "Iron Maiden" (la chanson) : court, pas très varié, mais tellement efficace, qui deviendra des hymnes de concert. La chanson titre est très réussi ; elle commence par un petite intro entraînante, et le morceau explose ensuite. Encore une excellente prestation de Paul Di'Anno. On trouve aussi un instrumental, "Genghis Khan", au break martial et au solo final très réussi. La rythmique y est très lourde et technique ici. "Innocent Exile" est une de mes préférées, avec son break mélodique et sa fin bien heavy.
Cet album voit aussi l'intégration d'Adrian Smith, et tout de suite l'alchimie avec son camarade d'enfance Dave Murray est totale, les parties de twin guitars vont être la marque de fabrique du groupe. Cependant, il ne peut pas encore poser sa marque dans les compos de la vierge de fer. Quant à la pochette, elle est superbe, bien saignante et détaillée, et très marquante pour l'époque. A noter comme toujours le beau livret de l’édition remaster, avec paroles, photos et dessins agréables à feuilleter.
Au final, "Killers" est un album proche du premier essai (pour cause, nombre de titres ont été écrit avant la parution d'Iron Maiden, mais faute de place, ils n'ont pu être gardés). Toujours hard à touches punk, il contient tout de même des prémices du heavy metal qui explosera sur le prochain album. Quelques compos me touchent moins, par manque d'originalité, mais certaines au-dessus du lot qui font de ce disque un bon moment à écouter. 3,5/5, un poil moins bon que le premier, mais nécessaire pour comprendre l'évolution du groupe.