Premier album sans le guitariste furibard mais dont le génie n’avait d’égal que son look : Jim Martin. Autant dire que ce « King For A Day…Foll For A Lifetime » était attendu fébrilement par tous les aficionados du gang de San Francisco.
Après une entame d’album avec le tonifiant « Get Out », on est toute suite rassuré. L’inspiration est toujours là ! Le sublime « Ricochet » vient nous en faire la plus éclatante des démonstrations. A la fois puissante et groovy ainsi que soutenue par de magnifiques lignes de chant, cette composition s’élève sans problème au niveau des standards écrit sur les cultissismes et multiplatines « Angel Dust » et « the real thing ». Après une superbe ballade soul intitulée « Evidence » (qui a fait à l’objet d’un single à l’époque) où Faith No More copule avec élégance avec Prince et Franck Sinatra, on change de registre avec le très puissant « The Gentle Art Of Making Enemies » aux rythmiques thrashisantes enrobées de lignes de chant en évolution constante (tour à tour ténu, tout en retenu puis rappé et terriblement heavy avec de grande envolées sur le refrain). Un titre tout simplement excellent même si on regrette un peu l’absence de Martin sur ce genre de composition surtout ses soli cristallins aussi tranchants que des lames de rasoirs. Mais bon cette remarque est affaire de sensiblité. Et sur ce disque, force est de reconnaître que ce que le groupe a perdu en finesse guitaristique, il l’a peut être gagné en puissance avec de bonnes grosses grattes bien grasses. Avec « Star A.D », pas de baisse de régime ! Ce titre évoque avec bonheur la grande époque de la Mowtown (vous savez cette soul puissante fait de rythmes n’blues ayant fait la renommée de groupes tel les Jakson Five notamment) où Mike Patton s’enracine définitivement au panthéon des plus grands vocalistes quelque soit le style musical emprunté. Avec l’énigmatique « Cukoo For Caca », c’est les ambiances sombres d’ « Angel Dust » que ressuscite Faith No More avec un côté tribal jusque là inexploité et magnifiquement mis en valeur par la production très crue et puissante d’Andy Wallace (sans doute fois tomber dans les excès d’une production garage de vous savez qui) du meilleur effet donnant un son très naturel au différent instrument. On continue dans le registre de l’expérimentation avec la ballade à l’esprit cubain « Caralho Voador », très jam dans l’esprit. Un petit peu comme le faisait dans un autre registre les Allmann Brothers dans les 70’s (qui semble décidément une source d’inspiration sans limite pour beaucoup de groupes). On rebranche les grosses guitares pour le Black Sabbathien passé à la moulinette thrash / fusion « Ugly In The Morning ». Ce titre confirme le talent indéniable du groupe décidément très doué dans le registre des ambiances sombres avec un petit côté mystique des plus troublants. On note sur cd titre le chant halluciné du dieu Patton. Enfin déboule le premier single, en forme d’hymne heavy / grungy terriblement efficace avec un refrain maousse costaud « Digging de Grave ». Grosse ambiance en live sur ce titre fédérateur ayant rencontré un petit succès sur les ondes ouvertes à la musique rock de nos contrées. Fidèle à la tradition Faith No More nous refait le coups de la ballade country avec l’aussi bon qu’hilarant « Take This Bottle » où une bonne dose de second degrés est indispensable pour apprécier ce titre à sa juste valeur. A ce moment de l’album, on se dit qu’on tient un très grand cru puis déboule la title track « King For A Day ». Ce titre est fabuleux de puissance et de nuances, tout y passe même le son la gratte jusqu’ici un peu en retrait. Bref un grand moment de musique que seul quelque groupe par décénie sont capables de graver sur disque. On enchaîne avec une fin d’album de toute beauté, le groovy puissant « What A Day » dans l’esprit du meilleur de Rage Against The Machine avec en plus un lyrisme propre au chant de Mike Patton. « The Last to Know » est un belle exemple de titre mélancolique mais néanmoins puissant proposant une grande palette d’émotions digne des maître du genre Queensrÿche. Avec Just A Man on goûte au plaisir de l’orient (voir de l’opium) mais le tout au sein d’un solo rempli de classe et de retenue dont les sonorités peuvent rappeler certaines compositions de Serge Gainsbourg dont certains membres du groupe sont d’ailleurs de grands admirateurs ! ! ! Mais malgré le côté un peu spéciale de cette composition (surtout sur un site de métal où l’on cite comme influence plus facielement Black Sabbath, Maiden et autres) je vous assure qu’il s’agit d’une vraie perle pleine d’idées avec notamment un final magique sur fond de gospel qui me ferait presque jeter tous mes disques de Black Metal par la fenêtre…
Bref, cet album est un indispensable des années 90, un des meilleurs albums de métal fusion jamais enregistré. Moins sombre qu’ "Angel Dust", moins rock n’roll que "the real thing", il se dégage de ce disque une maturité incroyable, un esprit de conquête où aucune expérimentation n’est interdite. Bref, c’est la classe des très grands ! Malgré cette maetria déployer cet album aura du mal à rencontrer son public (sauf en France où les ventes seront excellentes). Mais comme le répétait sans cesse nombre de musiciens passionnés par la musique crée par Faith No More dont Scott Ian notamment, le plus grand drame qu’est connu le groupe c’est un soutien indéfectible de MTV au début de sa carrière, lui permettant d’obtenir un succès rapide mais éphémère qui s’est envolé aux States dès que ces mêmes médias se sont penchés sur le berceau de jeunes loups grungy venus de Seattle. Dommage que ce groupe d’exception, n’est pas su comme beaucoup d’autres, gérer cette situation pour faire bloque et maintenir le cap malgré les aléas du music-buisness.