Ah NoFX, celui qui a respiré au moins une bouffée des années 90 est forcément passé par là ! J'étais dingue de ce groupe quand j'avais 18 ans, entre ça et les premiers OFFSPRING, mes oreilles ont virevolté au rythme de ces assauts de rage bon enfant terriblement jouissifs ! Et "White Trash" cristallise tout à fait ce côté Punk potache dont je raffolais dans ces années-là ! Tout y est, les petites blagounettes sur les clichés du "true punk anti-maintream" ("Soul Doubt=Sold Out", "Please Play This Song On The Radio" et sa mélodie "BLINK-182-esque"), les hymnes à l'adolescence rebelle sur fond de second degré mordant ("Bob", celle-là est passée en boucle une bonne quarantaine de fois, surtout que j'avais un "pote" dont la vie suivait vraiment la trajectoire des paroles, "once a day he shaved his hair") et quand même, NoFX n'étant pas non plus une de ces troupes d'opportunistes pondeurs de mélodies à 3 sous sur fond de pop-Punk saturé à la GOOD CHARLOTTE, "White Trash" réserve quelques moments vraiment bien foutus et plus sombres comme "You're Beeding" (ah ces chœurs si chers à BAD RELIGION), et arrive même à faire mouche en donnant l'impression de délirer complètement (Johnny Appleseed, plaisir inavoué !). Bref, les années auront beau passer, "White Trash" gardera toujours une saveur particulière, souvenir d'une jeunesse folle (les clichés vont bon train aujourd'hui !).
Mais passée la minute nostalgie larmoyante, je dois dire que ce genre de disque n'a plus vraiment le même effet sur moi plusieurs années plus tard. Le Rock Progressif et les divers courants du Metal sont passés par là et mes oreilles se sont petit à petit accoutumées à la complexité. Même en matière de Punk ou de musique dite "alternative", la joyeuse troupe des NoFX, OFFSPRING, RANCID et consorts a été petit à petit supplantée par le Punk plus sérieux et sombre comme GBH ou DISCHARGE, tandis que la branche "soignée" du Punk (la New Wave si on veut) des The CURE, STRANGLERS, KILLING JOKE, TELEVISION, WIRE, SIMPLE MINDS et autres ULTRAVOX m'ont donné une toute autre idée de ce qu'on pouvait faire de génial avec une musique directe et un format concis. Ce qu'il reste donc, c'est un disque plaisant à écouter, accrocheur, mais qui sans la nostalgie qui l'accompagne n'aurait pas fait long feu dans mon tourne-disque si je l'avais découvert aujourd'hui.
Nul doute que NoFX a joué un grand rôle dans l'appréhension de la musique saturée pour beaucoup de jeunes ces 20 dernières années. Écouter NoFX ou The OFFSPRING au collège ou au lycée, c'est déjà dire merde à l'horreur Urban Pop/Dancefloor dont raffole la masse focalisée sur le physique des "artistes" ou leur capacité à pondre un refrain chargé de slogans fédérateurs ("just wanna break the rules" et autres nullités du genre) plutôt que sur le réel bien-fondé musical de ce qui passe entre leurs oreilles ! C'est aussi se familiariser avec les riffs costauds, frisant le métallique, ou avec les tempi élevés (les fameux skank beats, après ça le Thrash Metal coule tout seul !), et de façon générale enseigner aux oreilles comment dompter l'agressivité de la musique afin d'apprécier le rythme ou la mélodie s'il y en a et de ne pas se laisser déborder par la surcharge sonore (au contraire de ce qui arrive à la majorité des "non-initiés" à l'écoute du Death Metal par exemple). Bref, NoFX a joué et joue peut-être encore un rôle crucial d'antidote à la musique pourrie et prépare le terrain pour partir à la découverte des zones plus nobles mais devenus moins médiatiques du Rock et du Metal, et rien que pour ça, le groupe ne mérite pas qu'on le jette aux oubliettes quand on est passé à autre chose ! 3,5/5, pour la nostalgie, le Punk pas trop méchant mais quand même bien fichu, les 3 ou 4 morceaux de la mort ("Bob", "Stickin' In My Eyes", "Soul Doubt" et "You're Bleeding", technique grossière de citation des morceaux dans le désordre pour laisser croire qu'on ne lit pas bêtement les 4 premiers titres à droite de l'article, mais le fait est que ce sont mes quatre morceaux préférés de l'album !) et l'énergie qui se dégage de ce groupe symbolisant définitivement le renouveau du Punk Rock accessible au milieu des années 90 après plus de 15 ans de bourrinage Hardcore et de copulations plus ou moins en règle avec tous les sous-genres du Metal .
