Ca pour du Suicidal Black, ça en est. A tel point que, rebuté généralement par ce genre de Black, je ne fais que très rarement attention aux skeuds de ce genre qui me passent dans les oreilles, même SHINING ou XASTHUR ont du mal à trouver crédit à mes oreilles, c'est dire. Mais là, c'est différent.
Oubliez BURZUM. Oubliez le reste. SILENCER va dans les contrées du mal-être, de la démence et du désespoir que nul ne parviendra plus jamais à atteindre. Toute la quintessence de la dépression, de la folie, de la déliquescence de l'âme se trouvent démultipliés par cette prod' aérée, cette batterie tantôt folle tantôt calme, et ces vocaux... Ces vocaux ! D'aucun diront qu'ils sont ridicules. Pour ma part, je les trouve glaciaux, suraiguës, et complètement à-propos : ils vous transpercent, vous lacèrent, vous éviscèrent l'âme pour vous laisser le cœur à vif, en proie à un état crépusculaire, vous sombrez, sombrez, sombrez dans ce distillat suicidaire : car c'est bien cela que SILENCER veut vous faire : vous enfoncer.
Vous plonger dans une neurasthénie des plus noires et des plus totalitaires...
... pour mieux vous broyer dans une véritable torture mentale : un engrenage sadique dans lequel vous restez pantelant devant une telle démonstration de chute, de noirceur vertigineuse. Et vous annihiler, purement et simplement. Nulle lumière, nulle échappatoire au bord du gouffre qui appelle l'homme. Pour avoir écouté l'album au calme et la tête reposée, voilà ce que cette entité m'a fait ressentir, et je crois que l'aération y est pour beaucoup : elle laisse une impression terrible de dénuement, de dévastation intérieure... Le tout couplé à des moments introspectifs au piano, le sir éructe, tousse, pleure, donne dans la schizophrénie (la vertigineuse track I Shall Lead, You Shall Follow ), simule (?) l'étranglement, et les parties purement Black, frénétiques, bouillonnantes se font le parangon du désastre, du chaos spirituel le plus complet : certains riffs relèvent ici de l'excellence, les structures sont escarpées, l'ambiance est phénoménale.
Voilà, une journée où je suis ressorti transfiguré, et dieu seul sait à quel point je suis habitué au Black.
