"Crusader" fut le dernier album de SAXON enregistré pour le label français Carrère (WHITESNAKE, DOKKEN, DEMON, DALIDA, LA COMPAGNIE CRÉOLE…) et le premier distribué mondialement par la major EMI (IRON MAIDEN, QUEEN, SEX PISTOLS, SIGUE SIGUE SPUTNIK, KAJAGOOGOO…).
La signature avec EMI permettait à SAXON de s'ouvrir en grand les portes de l'Amérique, un marché énorme pour le Hard Rock à l'époque. Les grosses cylindrées européennes comme JUDAS, MAIDEN, DEF LEPPARD et KROKUS y vendait des disques par camions. SAXON, qui engrangeait déjà les disques d'or en Grande Bretagne y avait sa carte à jouer. Peut-on vraiment leur reprocher d'avoir tenté leur chance ? Qui resterait de marbre devant la promesse d'une bonne place au Billboard (et ses dollars) ou d'une tournée avec MÖTLEY CRÜE (et ses groupies) ? Hein, qui ?
Du reste, le problème de "Crusader" n'est pas vraiment l'américanisation du son du groupe puisque le deuxième meilleur morceau de l'album (après le morceau-titre), est le single "Sailing to America" qui comme son nom l'indique, est très U.S.-friendly. Ce n'est pas non plus la production prétendument aseptisée de Kevin Beamish (le producteur de REO SPEEDWAGON) car, quoiqu'en dise Biff aujourd'hui, jamais SAXON n'avait été aussi bien produit. "Denim and Leather" avait un son sans dynamique et "The Power And The Glory" celui d'un Heavy Metal pauvret, plein d'écho et de reverb' pour cacher la misère. "Crusader" (l'album), à côté, c'est la classe, il n'y a qu'à écouter "Crusader" (le titre).
Non, le problème de ce disque est un peu plus trivial. C'est qu'il y a 9 chansons dont une reprise, que la reprise est naze et que sur les 8 autres titres il y en 5 de pas très bons. Si vous avez calculé mentalement ça nous en laisse 3 de bien : "Crusader" chez les poids lours, "Sailing…" chez les poids plume et "Run For Your Lives" dans la catégorie lourd léger, avec ses guitares carillonneuses et ses gros chœurs de supporters avinés (parfait, ce truc…).
Le reste est un mélange de slow moisi ("Do It All For You", insupportable) de Big Rock à p'tite bite ("A little Bit…", justement, le genre de remplissage à la "Sinner's Swing" que pond VAN HALEN quand il est trop fainéant pour se mettre au boulot, sauf que, même dans ce cas, n'est pas VAN HALEN qui veut !) et de Hard Rock caricatural à la "We Will Rock You/I Love Rock 'n' Roll" où il est question de dire qu'on est un groupe de Rock 'n' Roll et qu'on joue du Rock 'n' Roll et qu'on aime le Rock 'n' Roll. Waow ! Super…
Reste au final un album qui pèche par son manque d'inspiration, rehaussé tout de même par quelques titres classieux et une jolie pochette. Je ne suis pas sûr qu'il aurait été meilleur s'il avait sonné Heavy. C'est davantage un problème de fond qu'un problème de forme.
3/5.