Hey ! Souvenirs, souvenirs... Un jour, le Tonton Clem rentre d'une journée lycéenne où il vient de subir deux longues heures de cours de philo. Pour lui, la philo, c'est aussi passionnant qu'une émission de "Des mots de minuit" à 1 h 47 du matin sur Antenne 2... Cependant il est ravi, car c'est jeudi soir, et il va se payer une bonne soirée ciné pour oublier les débats kantiens ou rousseauistes auxquels il comprend que dalle. Ce soir-là, l'on diffusait "Le Dernier des Mohicans", superbe film épique de Michael Mann, qui contient sans doute l'un des plus beaux finals de l'histoire du 7ème art. Le Tonton s'étonne alors du rôle interprété par Daniel Day-Lewis, car son look sauvage lui rappelle deux musiciens, l'un chantant et l'autre l'accompagnant à la guitare dans un très beau clip en noir et blanc. Le groupe s'appelle EXTREME, et la chanson lui trotte dans la tête pendant longtemps... Puis, quelques jours plus tard, le Tonton passe furtivement tel un éclair à la médiathèque du coin où il jette son dévolu sur "Pornograffiti" (1990), signé justement EXTREME, plutôt que sur un album supplémentaire des GORISTES ("Bretagne Is Beauty Fuel")... Une fois chez lui, entre deux petits jams à la gratte sèche, le Tonton décide d'écouter ce fameux "Pornograffiti" à la pochette si violente que personne ne voudrait pour décorer ses chiottes...
Quelle ne fut pas la surprise de ce cher Tonton en découvrant "Decadence Dance" ! Cette intro inquiétante, ce riff d'ouverture énorme, ce refrain ultra-dansant, et surtout, ce Nuno Bettencourt qui explose de partout, qui escalade les petits ponts et enchaîne les soli à une vitesse folle... Un morceau de malade qui est ce qu'est l’absinthe après un lendemain de grosse cuite, ou un épisode de "Dora l'exploratrice" après s'être maté "The Thing" de Carpenter : une véritable tuerie ! "Li'l Jack Horny" contient une session instrumentale excellente avec ses cuivres et ses guitares omniprésents... Et une intro encore une fois hallucinante... "When I'm President" fait vibrer le Tonton par son phrasé rap et "Get The Funk Out" pour sa ligne de basse endiablée. Tiens, v'là le morceau qu'il fredonnait depuis des lustres : ah ouais, c'est ça, "More Than Words"... Le Tonton clame que c'est l'une de ses ballades acoustiques préférées, avec "Patience" des GUNS N' ROSES et "Wild Horses" des STONES. Une chanson vraiment à l'opposé de ce que fait EXTREME habituellement, mais leur prestation unplugged est décidément à saluer, quoi... Pas étonnant que ce soit devenu leur plus grand succès en single (même la France lui a réservé un super accueil, tout comme l'album d'ailleurs). A peine ce morceau passé, on retombe dans le Hard bien funky avec "Money (In God We Trust)", sans aucun doute la chanson préférée de Ned Flanders des Simpsons... Ce morceau, ainsi qu'"It ('s A Monster)" en constituent une belle paire... de titres complètement barrés.
Place à la chanson-titre ! Des riffs bien groovy, en veux-tu en voilà, des paroles bien senties, et un solo de basse d'anthologie aussi bandant qu'une Carmen Electra en tee-shirt mouillé. Jouissif ! Mais là, c'est la baffe pour ce bon vieux Tonton Clem. En effet, "When I First Kissed You" surprend par son ambiance délicieusement vintage, et quand il s'agit de jouer les crooners, Gary Cherone a vraiment une voix exceptionnelle. Les envolées de cordes et de piano qui émaillent ce morceau, ça peut prêter à sourire pour du EXTREME, mais c'est tellement original et tranquillisant que c'en devient chouette. "Suzi...", v'là un morceau un peu bouche-trou et zarbi dans le fond. Mais ça reste supportable. Le morceau le plus Heavy de ce disque est sans conteste "He-Man Woman Hater", monstrueux, qui se laisse apprécier pour son intro hypnotique et son refrain 38-Tonnes. La ballade-guimauve-bien-mielleuse "Song For Love" est loin de valoir "More Than Words" selon le Tonton, bien qu'elle puisse au moins avoir le mérite de figurer sur la bande-son du "Petit Dinosaure 26" (ah non, il existe pas ?). Heureusement, ce "Pornograffiti" s'achève sur une bonne note grâce au très bon "Hole Hearted", orienté acoustique et autre succès du groupe, qui brille par sa rythmique entraînante et qui permet au Tonton de conserver une trique d'enfer.
Comme dirait EDDY MITCHELL, cet album devrait être remboursé par la Sécu tellement il fait du bien. En tout cas, après un nombre incalculable de repassages sur la chaîne, le Tonton Clem considère ce "Pornograffiti" d'EXTREME comme l'un de ses disques préférés de Hard Rock... voire même tout court. Jamais une fusion entre Metal brut et Funk attitude n'aura été aussi aboutie que sur cette excellente galette. Gary Cherone est un vocaliste de grand talent, Nuno Bettencourt possède un riff qui dépote et a tout d'un guitar-hero (mais pourquoi a-t-il rejoint une gourde comme RIHANNA dans sa tournée ?), Pat Badger et Pat Geary ne déméritent pas non plus. Ce qui fait la force d'EXTREME, c'est aussi son côté assez déjanté. Pour les amateurs de Hard Rock festif et qui envoie du rêve, rien ne vaut mieux qu'un bon "Pornograffiti" ! ;)
Morceaux favoris : "Decadence Dance", "Li'l Jack Horny", "More Than Words", "Pornograffiti", "When I First Kissed You", "Hole Hearted".