1984 - Alors que RAINBOW épuise à tour de bras ses chanteurs (Dio, Bonnet, Turner entre 1978 et 1980 pour se stabiliser avec le beau gosse pendant trois ans, cela aura son incidence quelques années plus tard au sein de DP...) et se cherche musicalement, alors que WHITESNAKE quitte peu à peu les rivages bluesy pour ceux plus actuels, et rémunérateur, du FM/AOR et que GILLAND band fait n'importe quoi, l'annonce surprise de la reformation d'un des trois monstres sacrés fondateurs du Hard Rock fait l'effet d'une bombe. Effacés les conflits sans fin entre un Gillan qui perd peu à peu de sa superbe et un Blackmore de plus en plus irascible (comptez le nombre de musiciens virés entre chaque album du RAINBOW) ? Pas sûr. La légende dit que Paice ayant de gros problèmes financiers, notamment avec le fisc, aurait proposé la reformation du groupe. Alignement des planètes, tous les musiciens sont prêt à franchir le pas. Il faut reconnaître aussi que c'est plus facile puisque Lord et Paice jouent dans WHITESNAKE, Blackmore et Glover dans RAINBOW et seul GILLAN la joue solo. Pour un retour, c'est un coup de maître ! On retrouve le groupe inspiré capable de jouter (n'oubliez pas le ô SVP) comme à la belle époque et les duels entre Lord et Ritchie, ou la fameuse rythmique implacable de Paice et Glover. La liste des classiques s'allongent : "Perfect Strangers", quelle intro de Lord !!, "Knocking At Your Backdoor" (hum, comment lire cette dernière phrase du côté des cockneys ?), le lancinant "Nobody's Home' et le rapide "Gyspsy's Kiss". À ce stade on n'en espérait déjà pas autant, et pourtant on peut aussi s'éclater avec "Mean Streak" ou "Under The Gun", ce qui revient à retrouver la grande force de DP avec une face d'album incontournable et usé jusqu'à la corde (Face A de "In Rock", Face B de "Machine Head"). En grand fan de DP, je vous conseille de trouver une édition plus récente avec l'extraordinaire "Son Of Aleric" (l'autre bonus "not responsible étant plus anecdotique) qui explique au monde entier qui, de Page ou de Blackmore, est meilleur guitariste. En ce qui me concerne, je n'avais pas attendu 1984 pour me faire une idée, la carrière de Page s'étant manifestement arrêté avec LED ZEPPELIN alors que l'homme à la Stratocaster blanche a réussi à se réinventer avec RAINBOW notamment.
Bref, un excellent album, à ranger précieusement aux côtés de "Machine Head", "In Rock" et "Burn" ("Machine Head" étant au-dessus), qui marque le retour d'une légende. Mais hélas aussi son chant du cygne et ce n'est pas un mauvais jeu de mot à l'encontre de Gillan ? Quoique...