Les situations de crise de DEEP PURPLE sont devenues légendaires, "The Battle Rages On…" en est un bon exemple : à l’origine, cet album avait été prévu pour être chanté par un certain Joe Lynn Turner, et je confirme ce qui est dit dans la chronique, la maison de disque fit pression pour obtenir une reformation du Line up Mark 2, auteur notamment de DEEP PURPLE "In Rock" et "Perfect Strangers".
Du coup Gillan, ravalant sa fierté, s’est retrouvé en studio en tête à tête avec Glover, avec pour mission de Graver son bel organe vocal en sept semaines sur les « Backing tracks » d’un album qui avait donc déjà été enregistré par le reste du groupe, mais pour un autre chanteur !
Le résultat du « merveilleux travail d’équipe » de ces capricieux vétérans du Hard ?
Un très bon album, assez proche d’un « Perfect Strangers » en moins homogène toutefois, mais avec une production sonore un peu plus élégante et moderne à mon goût.
Cependant, quand on connait bien les autres albums du groupe, on se rend compte que nous avons ici affaire à un DEEP PURPLE triste et déprimé, qui voudrait moderniser et renouveler sa musique, mais se rend compte qu’il n’y parviendra pas, rongé par les conflits internes, dépassé par les jeunes générations du Heavy Rock, condamné à tourner en rond et jouer sur la nostalgie : le serpent se mort la queue, comme sur la jaquette du disque !
Et même les soli de Blackmore, pourtant magnifiques, ont un goût amer.
En découle une détresse poignante, illustrée par ma composition préférée de l’album :
« Solitaire » et son ambiance presque Gothique.
Je citerais aussi « Anya », épique et fascinant avec le recul, car Blackmore y dévoile des embryons d’idées nouvelles qu’il développera plus tard, avec DOOGIE WHITE et CANDICE NIGHT, hors de la maison Purple.
La chanson qui a donné son nom à l’album « The Battle Rages On… » avec son côté un peu Heavy Metal mélodique, nous renvoie à un « Perfect Strangers » mais avec un motif oriental moins flagrant (astucieux !) et fait penser au groupe PRETTY MAIDS, ce qui me paraît logique.
« A Twist In The Tale » ressemble un peu à la version speedée de "Lazy" que Blackmore aimait autrefois interpréter en concert pour frimer et montrer la vélocité de sa main droite. Mais ce guitariste a toujours aimé recycler ses riffs, une attitude courante dans le hard qui ne me dérange pas du tout, bien au contraire !
Ce qui me dérange un peu, en revanche c’est qu’après les 4 titres que je viens de citer, le reste de l’album soit un peu moins mordant, moins ambitieux, plus simplement Rock et routinier, mais comme ça reste d’un très bon niveau, ce n’est pas un bien gros défaut !
« Ramshakle Man » est à traiter à part, car c’est plus une plaisanterie, une Private Joke qu’autre chose, car c’est "le" Thème rythmique de Boogie américain traditionnel, genre CANNED HEAT, qui avait déjà servi de base pour créer le single « Black Night » mais aussi « La Grange » de ZZ TOP, et repris par…a peu prêt tout le monde, y compris Joe Satriani.
Ce qui nous rappelle qu’en 1993 DEEP PURPLE n’est déjà plus qu’un vieux tacot en panne de freinage et qui va droit dans le mur, deux uniques solutions :
- Sauter en marche (solution choisie par Blackmore).
- Prendre un virage perpendiculaire (solution choisie par le reste du groupe).
En conclusion : indispensable pour ceux qui veulent tout connaître de la carrière du ténébreux guitariste, mais pas indispensable pour ceux qui ne veulent que des grands classiques de DEEP PURPLE, car ce disque, bien que très intéressant et apte à satisfaire les vrais Purple maniacs, ne possède pas l’alchimie nécessaire pour devenir un véritable grand classique du groupe.
Mais je suis du même avis que Le Galli, de là à se réjouir du départ de Blackmore et applaudir l'arrivée d'un autre guitariste, pour moi il faut être fou, ou masochiste, car ce split signifiera la fin d'une légende,
il était une fois: DEEP PURPLE !