Quand la liste des chansons de l'album a été dévoilée, la présence de 34 pistes m'a fait peur. Je me suis dit: "Tiens, encore un album qui va être rempli de courts interludes qui vont plomber le rythme et diminuer le plaisir de l'écoute". Quelques semaines plus tard, la durée des titres a été révélée, et mes craintes se sont révélées fondées : 9 morceaux font moins de 3 minutes. Et le titre le plus long dure moins de 8 minutes. Habitué aux longues pièces de la part des Américains, j'ai été quelque peu déçu.
Néanmoins, quand j'ai pu poser mes oreilles sur ce nouvel album de DREAM THEATER, ma déception a laissé place au plaisir. Les titres courts me faisaient peur, mais en multipliant les écoutes, je me suis rendu compte que cet album n'est pas vraiment composé de 34 pistes, mais de seulement deux. C'est du moins comme ça que je vois ce double album. Ceci dit, la plupart des 34 titres peuvent s'apprécier individuellement, ce qui est une des forces de "The Astonishing". Certaines mélodies reviennent tout au long de l'album, les Américains nous ont habitués à cela, mais ici ils font cela plus que jamais. Je trouve le second CD moins bon, plus inégal que le premier.
Toutes les paroles ont été écrites par John Petrucci, et toute la musique composée par ce dernier et Jordan Ruddess. Celui-ci est d'ailleurs heureux que lui et le guitariste soient les deux seules personnes créditées, car depuis son arrivée, selon lui, ils sont les deux qui ont composé la grande majorité des chansons, contrairement à ce qu'indiquent les livrets. L'album fait la part belle au piano de Ruddess, à l'orchestre symphonique et à James Labrie ; les autres instrumentistes sont plus en retrait, et la technicité chère au groupe a laissé la place à une relative simplicité qui sert les nombreuses émotions véhiculées tout au long des deux CDs. Je me suis un peu penché sur les paroles, et l'histoire dépeinte semble assez manichéenne et pas forcément très intéressante au premier abord, même si elle possède probablement plusieurs niveaux de lecture.
Un opéra-rock, donc, avec les nombreux personnages que cela suppose. On pouvait par conséquent se demander comment allait s'en sortir James Labrie. Il arrive à camper avec brio les différents acteurs, même si son chant, plutôt calme quand il incarne les "gentils" et froid/agressif quand il incarne le "méchant", fait ressortir le caractère manichéen de l'histoire.
"The Astonishing" prend toute sa dimension en concert. J'ai eu la chance de les voir au Palais des Congrès de Paris en mars, et l'aspect visuel enrichit fortement l'expérience. J'ai notamment eu des frissons lorsque le groupe a joué "The X Aspect", une de mes chansons préférées de l'album.
Un album qui ne fera clairement pas l'unanimité, mais on peut tout de même saluer la volonté de DREAM THEATER de se renouveler et le travail de composition, qui a été énorme. Un gros 3 arrondi à 4, du coup.