Je ne sais si mon commentaire sera bien utile, vu que Julien a très brillamment discuté sur le sujet. Je vais néanmoins appuyer le point de vue de tout le monde puisque j'apprécié énormément cette nouvelle oeuvre de l'entité BAN.
J'approuve tout particulièrement leur évolution et leurs changements perpétuels, réussissant cette fois-ci à enfanter d'un album apeurant, premier critère de qualité pour ma part. Une peur qui ne lâche jamais, qui varie certes, mais une ligne de base très constante, symbolisant le vide et le noir.
C'est dans un immense édifice, une sorte de friche industrielle réellement impressionante et entièrement vidée de ses machines que je me sens voguer, ballotté par ces guitares au son très particulier, évoquant autant l'industriel que les hurlements. Une torsion des cordes, m'a-t-on dit. Excellent résultat en tout cas, chaque note est un cri strident, ce qui n'est pas peu dire.
Tantôt foudroyant (cette batterie électronique rappelant le tonnerre), tantôt menaçant, tantôt poignant, BAN varie très bien les émotions et reste une entité difficile à apprivoisier, j'en veux pour preuve les percussions. Il n'y a un rythme précis qu'à de très rares moments, le reste du temps étant un déballage de coups de cymbales et de coups de caisse claire sans liens cohérents, rajoutant à l'effet de désordre. "The Work Which Transforms" est désordonné, dissonant, désagréable même. Mais accrocheur. Accrocheur grâce à cette voix des plus éraillées qu'il m'ait été donné d'entendre, pas agonisante non, mais glauque et tout-puissante.
SPEKTR s'est pas mal inspiré de cet album noir et à sonorités industrielles, mais BAN s'écarte vraiment des sentiers battus et apporte une eau fraîche à ce moulin tournant trop souvent dans le vide.
Oui, seul, j'ai peur.
