Au début, j'avais prévu de commencer ce commentaire avec l'indignation de rigueur contre le chroniqueur qui a du persil dans les oreilles, mais je me suis dit que commencer agressif aigri ne donne pas envie de considérer un avis. Mefisto il n'a pas aimé, on va pas en faire un fromage, pas mal d'autres webzine aussi, je vais pas accuser l'ensemble de surdité avancée, ce serait un peu gros.
Du coup j'allais commencer style "dans le monde merveilleux du black sympho, il y a les bons -ceux qui parlent (hurlent) avec leurs tripes derrière un blast continu et trois nappes atmosphériques - et les méchants, les social traîtres, ceux qui ont l'outrecuidance d'être accessible ou théâtraux (Dimmu, Cradle, etc...)"... Sauf que comme on a quand même plus affaire a un disque de metal gothique moderne qu'à autre chose, finalement, ça ne nous avance pas trop.
Flûte.
Donc on recommence. Après des débuts typés black athmo/sympho, et un quatrième album typé métal extrême mélodique scandinave (le truc qui marche et que j'aime pas, en gros), "Phoenix" (titre à vannes - checked) décide de nous faire un disque, un peu à mi-chemin entre un goth moderne à la EVEREVE (ou DEATHSTARS si vous préférez mais bon) et les dernières œuvres d'ETERNAL TEARS OF SORROW (mi mélo, mi sympho, mi molette) le tout agrémenté de trucs divers comme un joli titre Opethien ("Grey Whisper") ou des vocalises assez proches de Yearning ("Amongst The Vultures", également bon titre).
Il n'échappera pas au lecteur et à l'auditeur aiguisé que le groupe nous a donc fait une tambouille avec l'objectif affiché de pouvoir plaire au plus grand nombre (l'horreur) avec de surcroît une production cristalline (scandale), bref, un truc à déconseiller aux true de tous poils, ainsi qu'à tous ceux (et ils sont nombreux) qui pensent qu'on ne peut être un artiste qu'en traçant sa voie propre (ils n'ont pas tort) et en étant un semi-autiste reclus qui court nu dans les forêts. Étiquette d'opportunistes - checked.
Après, objectivement, ça crève aussi les yeux que le groupe a beaucoup bossé ses compos, pour obtenir des chansons accessibles sans être simplistes, des soli mélodiques sans trop être téléphonés, des structures simples contrebalancées par des changements de rythme fréquents. Le résultat se veut ostensiblement charmeur, et chez moi ça marche (je suis resté un grand enfant, il faut dire). Paradoxe, je ne sais pas comment ils se sont démerdés, mais, tout en étant assez varié, "Phoenix" se présente initialement comme un gros bloc un peu décourageant voire répétitif, et surtout fort long, qu'il est un peu ardu de s'envoyer d'un seul tenant car mine de rien il y a pas mal de choses à intégrer. Personnellement un léger écrémage ne m'aurait pas dérangé (les trois titres black mélo "Heliopolis", "Ground Zero", "Oncoming Storm", ceux qui plairont au plus grand monde spécialement les gens qui pensent ne pas appartenir à cette catégorie; ainsi que les deux bonus assez dispensables).
Après quelques écoutes (trois maxi), les chansons sont assez facilement mémorisables et on se rend compte que le groupe, qu'on n'aime ou pas, ne s'est certainement pas foutu de notre tronche.
Il s'agit donc bien de mon coup de cœur dark/goth de cette année. Si les remises de prix d'authenticité et de puérilité ne sont pas votre truc, je vous conseille d'y jeter une oreille et de vous faire votre opinion. C'est-y pas chouette, internet ?
