Ce deuxième album de Led Zeppelin sort en octobre 1969 et connaît un succès encore plus énorme que le premier. Il parvient même à détrôner les Beatles au sommet du hit-parade. Il débute avec le morceau qui va devenir le plus célèbre du groupe (avec “Stairway to heaven“) : le terrible "Whole lotta love", fortement inspiré d’un titre blues de Willie Dixon appelée "You need love". Ce titre déroule un riff énorme et fait la part belle à la voix ultra-sensuelle d’un Robert Plant en transe. Au martèlement plombé succède une hallucinante montée vers un délire psychotrope, où Jimmy Page distille une série de sons expérimentaux, angoissants et tapageurs. Les sirènes se déchaînent quand Plant approche du Nirvana ultime et la section rythmique replonge dans la fournaise. Les hostilités se terminent lorsque Plant agonise dans une chambre d’écho et relance une dernière fois ce riff magique qui n’a pas fini de frapper les imaginations. Les choses semblent se calmer avec "What is and what should never be", un titre typiquement zeppelinien où la douceur cohabite avec la force de frappe. Les riffs saccadés de la guitare de Jimmy Page sont tout à fait intéressants. La bataille reprend avec du blues lourd ("The lemon song") et les ambiances sidérurgiques atteignent leur paroxysme avec le terrible "Heartbreaker", fleuron de ce style nouveau qu’on n’appelait pas encore Heavy Metal mais qui est déjà une réalité grâce à Led Zeppelin. La guitare de Page n’a jamais été aussi lourde et le groupe propose ici un pilonnage dans les règles, façon usine à canons un après-midi de juin. On a aussi droit à de la belle ballade avec "Thank you" ou "Ramble on", tout en beauté sauvage, comme un galop de chevaux blancs sur les falaises de craie des Cornouailles, toujours le même après-midi de juin. C’est le blues qui a le dernier mot avec "Bring it on home", autre classique revisité à la sauce forte, avec final brutal et souffle d’harmonica presque dérisoire comparativement à ce qui vient de nous passer entre les oreilles. L’album passera sept semaines en tête des charts américains et se classera numéro un en Angleterre. Une version courte de "Whole lotta love" publiée en 45 tours sort chez Atlantic sans l’approbation du groupe et atteint la quatrième place des charts américains.