J’ai toujours éprouvé l’odieuse tentation de m’attaquer à NOIR DÉSIR sur NIME, me heurtant aux limites de l’exercice sur notre site fétiche. Notez que certains groupes ici chroniqués s’avèrent encore moins en accord avec notre ligne éditoriale, mais il y a suffisamment à faire avec le Metal au sens large du terme pour ne pas s’aventurer plus loin auprès de rivages Rock.

Tout ça pour dire deux choses : d’une part, que NOVEMBRE a amplement sa place à mon sens sur Nightfall In Metal Earth. D’autre part, que cette voix que mon estimé Beagle associe à un GRAND CORPS MALADE psychotique, je la comparerais plus volontiers au défunt leader des Bordelais tant par son rythme que par ses mots et son intensité. Car Cantat est mort, quelque part à Vilnius, en 2003. Et avec lui, une certaine forme de recherche littéraire, d’authenticité prétentieuse mais ô combien bouleversante. À force de jouer avec leurs démons, et l’artiste et l’homme ont sombré conjointement…

Pour en revenir à nos moutons, NOVEMBRE propose un Post Rock/Metal bien classieux et des textes romancés, sombres et inspirés, déclamés avec une intention et un sens du placement qui file des frissons. Comme si la musique de CULT OF LUNA rencontrait les mots désincarnés de CELESTE, au milieu d’une zone perdue, espace vide et dévasté. Désespérément abandonné de toute humanité, le lieu est aride en générosité et profondément nihiliste, à l’instar du monde des Lyonnais.

Pour appuyer leur propos et parfaire leurs ambiances, lentes valses morbides et progressions mélodiques maudites, les Frenchies usent de tout l’arsenal musical à leur disposition, organique comme synthétique, sans jamais noyer les paroles dans de vaines illusions sonores. Les vagues déferlent sans discontinuer, titre après titre, venant se fracasser sur nos certitudes pour mieux les ébranler sur la durée. Le travail sur la batterie est à ce titre assez remarquable, accélérant et ralentissant au gré des mots de l’Amiral, pour mieux emporter la mise.

Superbe découverte pour ma part, je tire mon chapeau à notre Beagle national pour avoir su pousser les cloisons métalliques un cran plus loin. "Inox" procure incontestablement de fortes et dangereuses émotions à qui saura prêter oreille attentive, tel un Trent Reznor (NINE INCH NAILS) de la grande époque, pour ne citer que lui. C’était il y a environ trente ans. Une éternité. Pendant ce temps, "un jour en France", un poète maudit et criminel en devenir brûlait la chandelle de ses névroses par les deux bouts, Lautréamont en bandoulière, et proposait le goût du verbe et de l’interdit à l’adolescent que j’étais.