Dans le big4 du grunge, NIRVANA oeuvrait sur le penchant punk du genre, PEARL JAM sur le côté plus rock, tandis que SOUNDGARDEN et ALICE IN CHAINS labouraient un sillon plus heavy. Pour AIC, il s'agissait d'un heavy bien psychédélique, qui en faisait finalement le chaînon manquant entre entre le jardin sonore et la confiture de perle. Voilà pour la mise en case.
Sur "Dirt", AIC enfile les perles comme un plongeur tahitien travaillant chez Cartier. A part peut-être "Junkhead" (bien que le lead de guitare soit somptueux) et "Hate To Feel", un peu moins bons, l'album est une collection de titres toujours excellents, régulièrement grandioses.
Le psychédélisme du groupe tient beaucoup effectivement à la voix de Staley. Sans refaire la litanie chiante de l'artiste-détruit-qui-essaie-de-s'en-sortir, mais-sait-bien-que-c'est-cuit, toussa toussa, il faut avouer que son chant apporte une vraie belle dimension tragique et onirique à un album qui se termine avec un "Would?" simple, envoutant, immédiat, par un tube noir.