Allez Remissa, tu peux le faire. Tu peux parler de CRYPTOPSY sans systématiquement comparer chacune de leurs productions à "None So Vile" car tu manques de références, et que tu recherches l’approbation des lecteurs qui n’auront, quoi qu’il arrive, rien à lui reprocher, lance-toi !

Soyons honnêtes, si nos Québécois n’avaient pas mis trois longues années à sortir un autre EP de quatre titres, peut-être que la pauvre dame du premier tome du "Book Of Suffering" n’aurait pas été dans un état de décomposition aussi avancé… Qu’il s’agisse d’un effet miroir avec l’effort précédent, d’un manque d’inspiration durant cette décennie peu prolifique, ce second volet ne révolutionnera pas la philosophie du combo : de la brutalité et de la putréfaction au service de l’angoisse et du malaise généralisé.

On prend donc les mêmes et on recommence. Le travail de Flo Mounier aux fûts saute aux oreilles sans sommation comme un ver macaque s’infiltrerait sous votre chair pour la dévorer, ce dernier les martelant inlassablement avec une variété de tempo hallucinante, nous tenant en haleine à chaque instant. Le riffing de Donaldson est aussi malsain qu’il est efficace, les quatre titres en étant généreusement dotés, notamment "Sire Of Sin", véritable avalanche de violence entrecoupée de licks méphitiques qui s’insèrent idéalement dans la frénésie ambiante.

Et si le boulot hallucinant des deux lascars précédemment cités ne vous avait pas déjà convaincus, que dire de McGachy ? Comme à son habitude, il est habité par son rôle et nous livre une performance vocale qui ne fait que conforter la place de CRYPTOPSY sur le trône de la pestilence. Absolument bestial, quitte à en devenir presque parodique sur "The Wretched Living" où son "We somehow manage to endure" servant de break se transforme grossièrement, et je n’exagère qu’à peine, en "Wouohreeuhoooreuhohoh". Et le pire c’est qu’on peut presque le reconstituer avec de la bonne volonté, témoignant de l’ambivalence entre l’aspect de but-en-blanc primaire du chant et du boulot derrière pour le transcender en performance réservée aux plus exigeants. Et derrière le dernier morceau, "The Laws Of The Flesh", qui pourrait paraître le plus faible car misant davantage sur l’ambiance glauque que sur la performance pure, le brailleur parvient dans les derniers instants à nous lâcher un scream surréaliste de vingt-quatre secondes. VINGT-QUATRE ! Il est où le Chester Bennington avec ses dix-sept secondes sur "Given Up" dont les Internets se gargarisent ?

Toujours équilibré dans l’excès, aussi répugnant qu’il est attractif pour les dérangés du ciboulot dont vous faites partie, car vous avez cliqué sur ce billet, CRYPTOPSY, même s’il prend son temps, ne se fourvoie pas dans ses acquis et délivre une prestation peaufinée jusqu’au bout des ongles qu’on nous aura préalablement arrachés. Les Canadiens ont la vitesse et la brutalité de SUFFOCATION, allié à la hargne de DYING FETUS. Faut-il en demander plus ? Peut-être une production plus roots pour asseoir encore plus l’asphyxie ambiante ? Vous savez, un peu comme ce qu’on pouvait trouver sur "None So…"-

Et merde.

Note réelle : 4,5/5 arrondie au-dessous, pour la maigreur tout de même. On a faim, on a faim !

Morceau préféré : "Sire Of Sin".