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HARD BLUES  |  STUDIO

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2003 Jeff
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2015 Live+
2016 Loud Hailer
2017 Live At The Hollywood Bo...
 

- Style : Rory Gallagher, Led Zeppelin, Gary Moore, The Who, Rival Sons
- Membre : Tipton, Entwistle & Powell, Black Sabbath, Whitesnake, Michael Schenker, Rainbow
- Style + Membre : Brian May, The Yardbirds

Jeff BECK - Truth (1968)
Par DARK BEAGLE le 5 Mars 2023          Consultée 1435 fois

Je devais avoir dix-huit ou dix-neuf ans et je fouillais dans la collection de vinyles de mes parents avec le très maigre espoir de trouver un truc au moins un peu intéressant. Quelques Claude FRANÇOIS, Nana MOUSKOURI, COMPAGNONS DE LA CHANSON et Heino plus tard, je tombe sur "Rough And Ready" de Jeff BECK. Un véritable ovni au milieu de disques au mieux de variété, au pire, de variété allemande (en gros, du RAMMSTEIN sans agressivité, sans guitares, sans batterie, sans chant martial, sans samples ni synthés et avec des « jetzt geht's los » qui fusent à tous moments, surtout inopportuns. Après enquête, il s’avère qu’il s’agissait d’un cadeau raté, qui a tourné une fois sur la platine (et encore, que la face A) et qui depuis prenait la poussière. Mais pour ma part, j’avais pris un pied monstrueux.

La discographie de BECK, je souhaitais la traiter depuis un moment sur NIME. Parce que nous lui devons beaucoup et qu’aujourd’hui, quelques semaines après son décès (pour les lectures ultérieures, vous pouvez remplacer par mois, années, décennies, siècles, millénaires, etc.), je réalise à quel point il a taché l’univers de la musique par son talent et, à de nombreux moments, par son avant-gardisme. J’aurais pu commencer avec ce "Rough And Ready", ou par le disque qu’il a fait avec les YARDBIRDS en remplacement de Clapton, mais finalement, je m’arrête sur ce "Truth". Parce qu’il est le premier qu’il ait sorti en solo (le suivant aura la mention Jeff BECK GROUP) et parce qu’il est également l’un des actes de naissance du Hard Rock, tout aussi définitif que le premier LED ZEPPELIN… sorti un an plus tard et qui doit pas mal à celui-ci.

Après avoir quitté les YARDBIRDS, l’ombrageux guitariste va former son propre groupe, à son nom donc, pour avoir la mainmise dessus et pouvoir faire globalement ce qu’il veut, explorer le son de sa guitare comme il l’entend. À ses côtés, nous retrouvons Ron Wood à la basse et Rod Stewart au chant, les deux se retrouvant un peu plus tard au sein des FACES et aux premiers pas solo du second cité. Les FACES la perdront quand Wood rejoindra les STONES. À la batterie se tient Micky Waller, plus expérimenté que ses comparses et véritable requin de studio. Un premier album voit le jour et il est, comme c’est souvent le cas à cette époque, composé de nombreuses reprises de standards du Blues qui se font une nouvelle jeunesse.

Et Jeff Beck va sournoisement entamer les hostilités avec "Shapes Of Things", un titre de son précédent groupe qu’il va amener à une nouvelle dimension, en lui conférant un côté très Heavy. Le Blues est toujours très présent, mais les interventions de Beck se veulent plus rudes, plus cinglantes. Quant à Stewart… Ce qui ne le connaissent qu’avec l’ignoble "Do Ya Think I’m Sexy" (dans le clip duquel on peut voir Carmine Appice se compromettre gentiment) vont être agréablement surpris. Son timbre éraillé fonctionne à merveille et va même filer le grand frisson quelques minutes plus tard sur "Morning Dew" et encore un peu plus tard sur l’exceptionnel "Ol’Man River". "Shapes Of Things" nous indique vers quoi va tendre le disque et il n’y aura pas tromperie sur la marchandise.

Ici, le génie du groupe va résider dans sa façon de s’approprier des standards et en faire des versions qui vont devenir des références. Penchons-nous un peu sur l’émouvant "Morning Dew" de Bonnie DOBSON, une perle Folk à la base, qui parle de post-apocalypse puisque la jeune femme avait imaginé qu’il n’y aurait plus de rosée le matin après un conflit nucléaire. Les GRATEFUL DEAD l’avaient déjà reprise en 1967 sur leur premier essai, mais Beck va complètement la dynamiter en appuyant sur sa technique, produisant des sons uniques en triturant sa guitare et pouvant s’appuyer sur le chant habité de Stewart. D’ailleurs la version que proposera NAZARETH quelques années plus tard s’appuiera pas mal sur celle-ci.

Difficile aussi de passer à côté de "You Shook Me", sur lequel le clavier est tenu par un certain John Paul Jones tant cette reprise semble avoir été pillée par LED ZEPPELIN un an plus tard ! Et puisque l’on évoque Willie DIXON, Beck lui emprunte également "I Ain’t Superstitious", dans une version très lourde – que MEGADETH « copiera » sur "Peace Sells" près de vingt ans plus tard. La teneur Blues est donc très présente, mais là il se veut moins orthodoxe. Rod Stewart le dira souvent en interview, c’était une époque où tout évoluait très vite et qu’ils étaient tous très excités en studio car ils sentaient qu’ils apportaient quelque chose de nouveau, un son brutal et indompté qui allait grandement se populariser par la suite.

Mais "Truth" ne serait pas un album aussi marquant si le groupe n’avait pas été capable de composer de bonnes chansons également. "Blues De Luxe" porte très bien son nom, une pièce plus longue que ce que propose le groupe habituellement, qui repose grandement sur les performances de Stewart –impérial – et de Beck qui livre là un solo d’anthologie. On applaudira également sa superbe prestation sur "Let Me Love You", électrique à souhait et sur lequel il fait l’étalage de tout son feeling. Parce que là réside également l’un des éléments moteurs de ce disque qui annonçait de façon tonitruante les années 70 à venir : un feeling qui ne fait jamais défaut et qui contribue à ces montées en puissance qui se veulent tout simplement délectables ("Morning Dew"…).

En revanche, le fameux "Beck’s Bolero", seul morceau de la carrière de BECK à avoir été systématiquement joué sur scène, met clairement en avant le point faible de cet album. En effet, sur cet instrumental se côtoient quelques invités de marque, puisque l’on retrouve une fois de plus John Paul Jones, mais également Jimmy Page et Keith Moon des WHO. Et ce dernier cogne dur, à son habitude, ce qui détonne avec le jeu plus feutré de Waller, qui ne permettait pas toujours aux morceaux de briller comme ils le méritaient. Imaginez ce disque avec la frappe d’un Bonham ou d’un Moon, sur tout le long : il serait devenu légendaire, voire emblématique d’un genre qui lui doit néanmoins beaucoup, voire tout.

Pour une fois, rendons à Jeff ce qui n’appartient de toute façon pas à Jimmy. "Truth" est un album autoritaire et magnifique, qui prouve s’il en était encore besoin qu’un bon disque n’a pas besoin de durer une heure, que le chemin le plus direct est souvent le meilleur (doctrine qu’adopteront les Punks un peu plus tard). Un album évidemment fédérateur (il suffit d’entendre comment Page va piller l’œuvre de Beck quelques mois plus tard pour s’en rendre compte), un disque influent aux côtés des "Fresh Cream" et "Are You Experienced?" et qui allait créer bon nombre d’émules. Tout simplement historique. Oh, et pour la petite histoire, quand j’ai voulu récupérer le vinyle de "Rough And Ready" quelques années plus tard, mes parents l’avaient jeté avec d’autres. Depuis ce jour, je reste persuadé que j’ai été échangé contre un autre bébé à l’hôpital.

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   DARK BEAGLE

 
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- Rod Stewart (chant)
- Jeff Beck (guitare)
- Ron Wood (basse)
- Micky Waller (batterie)


1. Shapes Of Things
2. Let Me Love You
3. Morning Dew
4. You Shook Me
5. Ol' Man River
6. Greensleeves
7. Rock My Plimsoul
8. Beck's Bolero
9. Blues De Luxe
10. I Ain't Superstitious



             



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