Les Canadiens de VESPÉRAL ont soigné leur Black Metal pour leur second album. Aérien et envoûtant, "La Mort De L’Âme" est un objet introspectif dont la noirceur intériorisée scintille en creux, et nous pousse à nous rapprocher du bord d’un gouffre pour compléter son vide. Ce quartette déjà actif sur la si racée et singulière scène canadienne, nous offre sept pistes pour quarante minutes d’un Black Metal structuré sans esbroufes mais savant dont l’ambiance authentique et la mélancolie froide nous touchent en plein cœur. La scène canadienne se caractérise, selon les représentations que l’on peut s’en faire, par sa bellicosité en premier lieu. Je pense notamment à des groupes tels que FORTERESSE, SORCIER DES GLACES ou bien encore DÉLÉTÈRE. Et puis il y a aussi ces groupes plus Atmosphériques qui la singularisent tels que GRIS (on ne peut les oublier), NEIGE ET NOIRCEUR (dans une autre mesure certes !), SOMBRES FORÊTS, mais aussi plus récemment, en très bonne posture pour maintenir le flambeau, à NORDICWINTER.

Actifs, reconnaissables avec leur portage haut et fort de leurs valeurs « françaises », leur science précise de manier l’agressivité et la complexité émotionnelle, les Canadiens de VESPÉRAL, quant à eux, réussissent à nous proposer une authentique promenade parmi les vestiges ruraux, les forêts sauvages et les chemins perdus sous le regard de la nuit et de la Nébuleuse du Balai De Sorcière (dont vous pouvez mirer un détail sur la pochette de l’album)… Le sentiment d’un liant très puissant entre les musiciens est prégnant sur cet album. J’adore tout particulièrement le jeu vocal et les nappes de claviers de Sovannak, ainsi que la frappe et le son des fûts de Nakkabre. Sur ce "La Mort De L’Âme", vous ne trouverez que peu de traces de blasts outranciers, ou des montées et descentes sonores scabreuses, l’ensemble sonne avec une mélancolie parsemée de tourments gracieux qu’un mid-tempo porte et où le riffing de Cauchemar à la basse et Atrocité à la guitare font des émules.

Et c’est un peu cela que j’essaie de vous traduire. Ce sentiment d’être dans un tourbillon émotionnel pur, surprenant et dense au contact des compositions. J’ai beau écouter et réécouter l’album, je ne lui trouve que peu de défauts. Seul peut-être "VII - Souffle Glacial" est un peu en deçà (serait-ce la faute de son chant clair plus approximatif ?), mais j’espère surtout ne pas mésestimer tout le travail que le groupe lui a aussi apporté. Car, les qualités de tous les autres titres sont assez bluffantes. L’inspiration est de mise au sein de VESPÉRAL nom de nom ! Écoutez-moi cet envoûtement continu proposé par "IV - Lorsqu'Une Chandelle S'Atténue"… j’en retremble d’avance. Tout est si carré, maîtrisé, avec ce son et cette production légèrement crue, ce riffing lancinant d’un désespoir feutré, noblement triste, à vous dorloter l’âme. Il y a tant de réussites sur cet album. Le long titre qui introduit l’album, "I & II - La Perte De Soi / Brouillard Fantômatique", est tout aussi incroyable. Les breaks, les passages aux claviers sublimes, le jeu pur du batteur… Je suis conquis et à maintes reprises par ces compositions entêtantes.

Comme je vous l’ai indiqué un peu plus haut dans cette chronique, cet album est un pur concentré de joyaux d’un Black Atmosphérique teinté d’une production Lo-Fi mais en aucun cas malingre ou brouillonne (ce n’est pas du Raw Black pur). Je pourrais bien encore argumenter sur les autres titres non mentionnés dans cette chronique (et je pense notamment à "III - Nos Délires D'Autrefois", et "VI - La Corde D'Un Pendu") et qui sont pourtant gorgés de riffs efficaces et porteurs. Je vous encourage à découvrir cet album si ce n’est pas déjà fait, définitivement une très belle sortie de 2025, un étendard de la scène canadienne qui augure un groupe promis à un bel avenir. Mes plus sincères félicitations Messieurs !

Note réelle : 4,5/5.