L’univers est ainsi fait qu’il est peuplé de mystères parfois insondables. Prenez I PREVAIL par exemple. Quel est donc le secret de sa popularité ? Quelles âmes ont-ils vendu à Lucifer pour rencontrer un tel succès, malgré le manque d’originalité patent de leur musique ? Quels sont leurs réseaux ? Qui couche avec qui ? De quelle noble lignée l’un des membres est-il issu ? Ont-ils fréquenté l’île de Jeffrey Epstein en compagnie de Clinton (Bill, pas George) et Donald Trump ? Autant de questions auxquelles nous n’aurons probablement jamais de réponse, car je ne suis pas journaliste d’investigation. Moi, c’est Kol, pas Elise Lucet, ni Denis Robert. Mon taf : dénicher de bons albums, les mettre en avant, tout en évitant à nos valeureux lecteurs la frustration de se coller une bouse dans les esgourdes. Et j’entends bien le faire, ce boulot, l’intégrité absolue en bandoulière, le menton fier porté bravache en avant.

Voici donc le premier essai des Américains d’I PREVAIL, groupe du Michigan ayant une petite dizaine d’années au compteur au moment où je rédige ces lignes. J’avais pourtant promis qu’on ne m’y reprendrait pas, mais depuis que Jeff et Fenryl "insistent" pour que l’on boucle les discographies entamées (traduire insistent par "menace de châtiments corporels"), le parjure devient nécessité. "Heart Vs. Mind" fait donc office d’introduction au monde merveilleux des Willy Wonkas du Metal, option guimauve et chocolat planqués sous des tablettes en mode six-packs de gros durs. La première remarque qui me vient à l’esprit à l’écoute de cette miction adolescente est la suivante : MEC, OÙ SONT TES PUTAINS DE RIFFS ?

Plus que les refrains en mode barbapapa, qui, bien amenés, peuvent passer crème (TRIVIUM possède ce talent par exemple, WHILE SHE SLEEPS également), ce qui me rend dingue sur un alboume de Metal, et plus encore de Metalcore, c’est l’absence de riff. Merde, c’est quand même la base de la base. Même moi, je peux sortir un riff, sur un malentendu. Là, c’est le néant absolu. Quelques accords plaqués ici et là au sein d’une rythmique quelconque, particulièrement trafiquée par l’ajout d’arrangements électro, pour le coup un poil plus discrets que sur la suite de la discographie. Ce qui fait le sel du Metalcore, c’est le Saint-riff. Vivre ou mourir par le riff, c’est le destin des combos officiant dans le style. Pas besoin de vous faire un dessin en ce qui concerne I PREVAIL.

Après, je dois reconnaître que "Heart Vs. Mind" est un brin moins pénible que la plupart de ses successeurs. Caricaturale, la formation l’est déjà, récitant la partition symptomatique des combos US du genre, enchaînant refrains pseudo-émouvants et couplés à des couplets limite-rapés et typés extrêmes, des « Bleuargh » déclamés à foison, à grand renfort de breakdowns annoncés par télégraphe. En revanche, force est de constater que les oreilles ne saignent pas, l’ensemble restant relativement équilibré, quand bien même il serait totalement dénué d’intérêt.

Les quelques influences Punk Rock sont plutôt bien digérées, et la durée du bousin (trente minutes au compteur) aide grandement à digérer l’affaire. La basse claque plutôt bien (la reprise de Taylor SWIFT de "Blank Space" fait plutôt correctement le boulot) et si l’on apprécie un brin LINKIN PARK, on pourra sans doute trouver tolérable l’écoute de cet essai séminal, la complémentarité entre les chanteurs étant objectivement assez réussie, même si les compositions souffrent d’un manque d’accroches marquantes. À vrai dire, on ne retient pas grand-chose de la galette, même après près d’une dizaine de tours de disque soutenus. De l’indifférence polie, on ne sauvera sans doute que très peu de pistes, l’ensemble se montrant relativement homogène dans la médiocrité. Un petit "Crossroads" ou un "Love, Lust And Liars" à la limite, pour la route, peut-être, et encore…

Pour ce premier EP, on arrondira donc ce 1,5/5 à la hausse, laissant au duo Brian/Eric le bénéfice du doute, dont ils ne tireront malheureusement pas profit par la suite.