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- Style : Emerson, Lake & Palmer, Iron Butterfly, Pink Floyd, Hällas
- Membre : MotÖrhead, Crippled Black Phoenix

HAWKWIND - Somnia (2021)
Par DARK BEAGLE le 29 Mars 2022          Consultée 1571 fois

Découvrir un nouvel album de HAWKWIND, c’est un peu comme tester une nouvelle drogue, on ne sait pas trop comment le corps réagira. On peut très bien planer et prendre un pied monstrueux comme cela peut se traduire par un bad trip. Du genre à se réveiller dans une chambre en ruine dans le quartier de Neuhoff à Strasbourg, avec un singe rhésus adopté et un piercing sur le sexe qui n’était pas là il y avait encore de ça cinq heures en amont. On pourrait donc dire sans trop se tromper qu’avec HAWKWIND, c’est quitte ou double ; dans un des plans du Multivers qu’ils ont souvent exploré dans leurs albums, c’est une vérité tout à fait plausible. Sauf qu’ici, la situation est toujours plus complexe. Allez, roulez votre joint, le voyage va bientôt commencer.

Enfin, pas tout à fait. Si "All Aboard The Skylark", paru en 2019, tournait autour d’un voyage spatial, "Somnia" lui, est un voyage initiatique autour de l’univers du sommeil. Tu le vois venir le "Behind The Wall Of Sleep" ? Ben tu vas être très loin du compte en pensant comme ça. Avec "Somnia", HAWKWIND ne crée pas vraiment le concept-album soporifique (il y en a eu d’autres avant celui-ci et pas que des petites mains de Dave Brock, nombreux sont ceux qui se sont plantés dans cet exercice), mais il en fournit là une belle pièce. Il est vrai que la pochette attire l’œil. On ne sait pas trop ce que l’on voit, il s’agit d’une espèce de collage entre différentes scènes qui doit représenter les différentes couches de l’univers de Morphée. Ou alors j’intellectualise beaucoup trop. Bref.

Le voyage ne commence pourtant pas si mal. Enfin non, pas si bien que ça, mais j’y reviendrai. "Unsomnia" a un côté très hypnotique, très syncopé, qui n’est pas sans rappeler le pilonnage de "Brainstorm" (1972), en moins abrasif toutefois. Le chant est froid, un brin déshumanisé, mais il colle parfaitement au titre, il en devient presque hypnotique. Et cela aurait été dix minutes de bonheur si le groupe ne l’avait pas allongé inutilement pour un final en définitive assez terne, qui ne rend pas hommage au développement de la composition. "Strange Encounters" vient reprendre les choses en main, avec une guitare plus présente, plus mordante, assurément le titre le plus Hard de l’essai, mais là encore cela pêche quelque peu dans son final, qui prend trop son temps.

Et là, on commence à comprendre que ça risque d’être souvent comme ça. Sans être bavard vocalement, HAWKWIND l’est musicalement. Le groupe rallonge ses morceaux, ne parvenant visiblement pas à savoir quand ils doivent s’arrêter, d’autant plus que tous sont liés et qu’ils viennent mourir quand le suivant a déjà commencé. Il y a eu pire en matière d’enchaînement, mais il aurait pu y avoir plus de finesse dans l’ensemble, surtout que parfois l’évolution aurait mérité que l’on s’y attarde plus. Par exemple, "Counting Sheep" ne prépare en rien l’arrivée du Blues spatial qu’est "China Blues" et qui est, probablement, l’un des meilleurs morceaux de la galette même si là encore, on aurait pu gagner 30 à 50 secondes sur la durée.

L’aspect remplissage commence même à prendre des proportions dantesques sur la seconde moitié de l’album, qui se veut plus aérien, plus spirituel, presque Floydien dans l’approche des nuances éthérées. Et je dois vous confesser qu’à la première écoute, j’ai tout de même piqué du nez, comme quoi un concept-album sur le sommeil, ce n’est en définitive pas si mal quand on connaît des problèmes pour s’endormir comme c’est fréquemment mon cas. Mais là n’est pas la question. Si la première moitié de l’album (jusqu’à "It’s Only A Dream" en fait, qui commence avec une guitare Gilmourienne pour prendre un tournant plus mordant passé quelques minutes) est au final potable malgré les défauts mentionnés, la suite devient bien longue et ennuyeuse.

Là, pour le coup, on la sent passer l’heure de musique que nous propose HAWKWIND. Autant "All Aboard The Skylark" était plutôt abordable car touchant des thèmes que l’on connaît par cœur au sein de la formation, autant "Somnia" peut se dresser comme une épreuve pour celui qui espère quelque chose de plus mouvementé. Il se peut très bien également que le discours du groupe ici m’ait laissé totalement hermétique et que je n’adhère de fait pas au propos, mais j’ai le sentiment de me faire balader par une formation pas toujours très inspirée et que l’ambition affichée ne soit qu’un cache-misère.

Et là, nous arrivons dans le domaine de la pure spéculation (certains diront que c’est complotiste), mais "Somnia" est un album estampillé Covid 19. Je sais, il faut arrêter de chercher des excuses aux combos par rapport à la pandémie, mais franchement, 2021 a été un cru assez moyen en termes de sorties et ce HAWKWIND se fond parfaitement dans la masse. Comme si, conscients que les albums publiés à cette période ne seraient pas franchement défendus sur scène, de nombreuses formations avaient publié un disque juste histoire d’être actif et d’essayer d’engranger quelques fonds, les coûts de studio étant souvent moindres puisqu’aujourd’hui nombreux sont les musiciens à avoir un home-studio ou pouvant échanger par mail.

"Somnia" manque quelque part de cohésion, comme s’il était un patchwork d’idées mal finalisées. Sa logique n’est pas claire, ou alors elle m’échappe quelque peu, n’ayant pas réussi à pénétrer dans l’histoire racontée ici. Il lui manque peut-être un ou deux titres forts en seconde partie de parcours pour permettre de donner un coup de fouet à l’ensemble, de pièces capables d’apporter du muscle ou simplement du dynamisme à l’ensemble qui se veut pour le coup bien trop léthargique. Certes, le thème principal est le sommeil et l’ensemble ne sonne pas exactement comme une berceuse, ou alors boostée aux acides ; mais est-ce une raison pour être aussi lénifiant ?

Nota : cette chronique a été réalisée par rapport à la version CD qui contient plus de titres et dans un ordre différent que celle proposée en vinyle. L'expérience n'est peut-être pas la même pour les détendeurs de cette version-là.

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   DARK BEAGLE

 
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- Dave Brocks (chant, guitare, basse, claviers)
- Magnus Martin (guitare, basse, chant)
- Richard Chadwick (batterie)
- Mel Rogers (chant)
- Trixie Smith (chant)


1. Unsomnia
2. Strange Encounters
3. Alcyone
4. Counting Sheeps
5. China Blues
6. It's Only A Dream
7. Meditation
8. Sweet Dreams
9. I Can't Get You Off My Mind
10. Small Objects In Space
11. Pulsestar
12. Barkus
13. Cave Of Phantom Dreams



             



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