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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1981 Nude
1982 The Single Factor
1984 Stationary Traveller
  Pressure Points
1991 Dust And Dreams
1993 Never Let Go
1996 Harbour Of Tears
1997 On The Road 1981
1999 Rajaz
2002 A Nod And A Wink
 

- Style : Emerson, Lake & Palmer, Styx, Hällas, Purson, Jethro Tull

CAMEL - Music Inspired By The Snow Goose (1975)
Par DARK BEAGLE le 19 Janvier 2020          Consultée 3645 fois

Le titre "The White Rider" sur "Mirage" avait donné des idées aux musiciens de CAMEL. En adaptant une partie du Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien, ils s’étaient prouvés qu’ils étaient capables d’exécuter cet exercice difficile de traduire une œuvre littéraire à l’aide de leurs instruments. Ils se sont donc mis au défi de trouver un livre qu’ils pourraient retranscrire sur sillon, chacun des membres du groupe aimant lire. Peter Bardens va proposer tout d’abord "Siddhartha" de Hermann Hesse, sans que la formation ne parvienne à en tirer quelque chose, puis le claviériste suggérera "le Loup des Steppes" du même auteur, sans plus de résultats. Les sujets ne sont pas inintéressants, mais caressent-ils suffisamment l’imaginaire pour faire voyager ? C’est le bassiste Doug Ferguson qui va amener la nouvelle "l’Oie des Neiges" de Paul Gallico et qui initiera ainsi l’un des plus grands disques de Rock Progressif jamais réalisés.

Souvent présenté comme un livre pour enfants en France (ma grande sœur possédait une vieille version de la collection Spirale, aujourd’hui disparue, qui proposait souvent des textes abrégés de littérature à destination des enfants et ados dans les années 60 et 70, ainsi que des récits courts complets), il s’agit d’une nouvelle où nous suivons principalement une gueule cassée du nom de Rhayader sur les côtes britanniques. Il vit dans un phare, à l’écart de la ville et il soigne les oies sauvages et s’accommode très bien de cette solitude. Seulement un jour, une jeune fille vient frapper à sa porte pour qu’il soigne une oie blanche du Canada qui a été blessée par un chasseur. D’abord effrayée par l’aspect repoussant de Rhayader, elle va se rassurer face à la voix douce et la gentillesse de l’homme. Elle reviendra fréquemment le voir, jusqu’à cette année 1940 où il est appelé sur le front, à Dunkerque…

Vous l’aurez compris, l’histoire n’est pas des plus joyeuses et je suis désolé pour les quelques spoilers lâchés un peu plus haut. Et encore, je ne vous révèle pas la fin, mais vous pouvez la deviner. Pour mettre cette nouvelle en musique, CAMEL va sortir un album instrumental, qui va joliment rendre hommage à "l’Oie des Neiges" (The Snow Goose en anglais). Or, à la base, il n’était pas prévu d’être entièrement instrumental, si l’on excepte quelques vocalises çà et là, il devait y avoir des narrations qui mettaient l’histoire en relief. Seulement, la maison d’édition de Paul Gallico avait déjà cédé les droits pour cela à un autre compositeur et pire ! l’auteur s’est opposé à l’utilisation de son histoire par un groupe de Rock Progressif (1). C’est pour cela que le titre exact de cet album est "Music Inspired By The Snow Goose".

Certains amateurs de Rock Progressif pourraient s’insurger face à la « simplicité » de la musique de CAMEL. Mais cette simplicité fait également la force de la formation, qui la transforme en une élégance rare. Il se dégage de cet album une force évocatrice rare et le fait qu’il soit purement instrumental est indéniablement un plus. Ce n’est pas que Andrew Latimer soit un mauvais chanteur, c’est plutôt que cette œuvre peut entièrement se passer de chant. Le groupe se suffit à lui-même et il établit le dialogue avec ses instruments de la plus belle façon qui soit. Il y a beaucoup de mélancolie dans ce "Snow Goose", magnifiquement mis en scène.

Ce disque se vit comme une seule pièce et le format vinyle permet d’en apprécier les subtilités avec sa coupure après la sublime "Rhayader Alone". Cela permet de conclure en beauté la première partie de l’album, qui fourmille d’idées magnifiques, tout en subtilités. Latimer et Bardens sont les maîtres d’œuvre ici. Quand Latimer ne joue pas de la guitare, électrique ou acoustique avec une justesse rare, il s’illustre à la flûte avec laquelle il délivre de douces mélodies qui aident à camper le décor. Les montées en puissance ("Rhayader Goes To Town") sont tout simplement jouissives et certains thèmes resurgissent de temps en temps, comme un fil conducteur invisible et ténu. Et rien n’est jamais immobile, tout bouge en permanence, CAMEL ne se contente pas de faire une simple bande-son à cette nouvelle, il lui donne une nouvelle vie. Et l’auditeur peut facilement se laisser prendre au jeu. Difficile en effet de ne pas succomber à l’espièglerie de "Friendship", avec ses hautbois et ses cuivres, ou succomber à la tristesse de "Rhayader Alone".

La deuxième partie devient petit à petit plus sombre alors que les événements s’enchaînent et que l’Europe sombre dans la guerre. Rhayader va devoir aller à Dunkerque pour venir en aide aux soldats piégés sur les plages françaises. La succession "Epitaph"/"Fritha Alone"/"La Princesse Perdue" en devient presque douloureuse alors que CAMEL reste sobre dans l’interprétation, n’en faisant point trop. Et là encore il faut souligner l’intelligence du groupe qui a refréné la section rythmique, lui donnant moins d’impact certes, mais un côté léger et aérien qui colle parfaitement aux effets souhaités. Et cette justesse de ton va apporter un équilibre parfait tout du long. Bardens va tester de nombreux sons tout du long, il est l’un des principaux artisans de cette réussite artistique, mais il n’est pas le seul à se montrer ingénieux. Ainsi, Ferguson va agiter un duffle-coat pour imiter le battement des ailes des oies ! Rudimentaire, mais terriblement efficace.

"Music Inspired By The Snow Goose" ne souffre que de peu de défauts. Peut-être un petit morceau de trop par-ci, par-là, une pochette qui baigne vraiment dans son jus et qui n’est vraiment pas extraordinaire avec une police d’écriture vraiment bloquée dans son époque. Ça claquait peut-être en 1975, mais aujourd’hui, ça ne le fait pas franchement. Mais la vérité, comme je vous le dis souvent, est gravée sur les sillons et là il n’y a pas d’erreur sur la marchandise : il s’agit bel et bien d’un grand disque. Le Rock Progressif de CAMEL est certes très abordable, mais il a ici quelque chose d’ultime, comme s’il représentait la quintessence du Prog : raconter une histoire construite en prenant le luxe de se passer de chant. Le défi était involontaire, il n’était pas simple à relever, mais il a été relevé de main de maître. "Music Inspired By The Snow Goose" pourrait ressembler à de la musique d’ascenseur pour certains mais c’est tout son contraire : c’est une œuvre passionnante de bout en bout.

(1) Une légende voudrait que ce soit en raison d’une lutte contre le tabagisme et que Gallico pensait que CAMEL était lié à la marque de cigarettes. Bon, le Paulo, il fumait la pipe, donc bon, c’est à prendre avec des pincettes.

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   DARK BEAGLE

 
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- Andrew Latimer (guitare, flûte)
- Doug Ferguson (basse duffle coat)
- Andy Ward (batterie)
- Peter Bardens (claviers)


1. The Great Marsh
2. Rhayader
3. Rhayader Goes To Town
4. Sanctuary
5. Fritha
6. The Snow Goose
7. Friendship
8. Migration
9. Rhayader Alone
10. Flight Of The Snow Goose
11. Preparation
12. Dunkirk
13. Epitaph
14. Fritha Alone
15. La Princesse Perdue
16. The Great Marsh



             



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