L'épineux sujet du changement de chanteur au sein d'un groupe peut devenir rapidement électrique. S'il est facile de déclarer préférer Ronnie James Dio dans BLACK SABBATH, Andi Deris dans HELLOWEEN ou Brian Johnson dans AC/DC, il est beaucoup plus dangereux d'assumer apprécier Blaze Bayley dans IRON MAIDEN, Tim Owens dans JUDAS PRIEST ou Edu Falaschi dans ANGRA. Et pourtant, après le départ du trois-cinquième de ses membres en l'an 2000 c'est bien le chanteur, porté par les compositions de Kiko Loureiro et Raphael Bettencourt, qui offre au groupe brésilien son plus gros succès commercial en 2001.

Un succès loin d'être usurpé, tant "Nova Era" rassemble tout ce qui fait la richesse d'ANGRA. Rapide, ambitieux, épique, tour à tour direct ou plus alambiqué, cet album est un condensé du savoir-faire et de la qualité d'écriture et d'interprétation des cinq musiciens qui n'auront pas tardé à agir de connivence. Et finalement, en réaffirmant son identité et les bases de sa musique, ANGRA propose avec "Nova Era", "Millenium Sun" (porté par une formidable introduction piano/voix), ou encore "Running Alone" et ses chœurs imposants de bien meilleurs morceaux que sur nombre de ses albums passés. Réintroduisant quelques discrètes ambiances sud-américaines, délaissés sur "Fireworks", le groupe construit un album aux allures de manifeste : sur l'échiquier Power mélodique, le groupe est amené à durer. "Temple Of Shadows" excepté, ANGRA ne fera plus jamais aussi bien.

4,5/5.