Cette kro-express était à l'origine la chronique principale avant d'être réécrite par DARK BEAGLE

Album incontournable du genre Indus, le "Psalm 69" de MINISTRY appartient à ces disques qui, par leurs atours franchement métallisés, sont parvenus à se constituer une fan-base dans le cadre d’un public Metal large d’esprit et ouvert aux expérimentations électroniques. Il fut bien aidé, il faut l’avouer, par les TV qui à l’époque diffusaient largement le clip du tube "Jesus Built My Hotrod", titre provocateur s’il en est !

Néanmoins, il serait dommage de faire converger toutes les causes possibles du succès de MINISTRY sur ce simple fait... En tout cas concernant ce "Psalm 69", qui n’est pas avare de classiques : le tonitruant "N.W.O.", l’inévitable "Jesus Built My Hotrod" et ses lignes de chant trafiquées complètement flinguées, l’ultra martial "Just One Fix" qui donnerait plus tard bien des idées à RAMMSTEIN, ou l’impressionnant et dérangeant morceau-titre avec ses samples grandiloquents, ont depuis longtemps obtenu leurs galons d’incontournables du répertoire du duo frappadingue constitué de Paul Barker (basse, programmations et vocaux) et Al Jourgensen (vocaux, guitares, claviers).

Ces quelques titres, il est vrai, ont quelque peu tendance à offusquer le reste de cette galette dépouillée de toute lumière, livrée en pâture à l’irrespirable d’un art Indus répétitif et sacrément violent (le summum étant atteint avec le douloureux "Corrosion", ou un "TV II" quasi insupportable dans sa complaisance à nous labourer les oreilles de hurlements passés à travers des filtres, et vomis sur un tapis de guitares brouillonnes et de blast beats). Aussi nous devons-nous de rappeler la qualité du presque Speed Metal et conventionnel "Hero" ou du long et hypnotisant "Scare Crow", fourmillant de voix robotisées jouant sur fond de samples, guitares bruissantes et claviers dépeignant un univers où la toxicomanie, le sexe débridé, la folie et le désespoir d’une humanité s’abandonnant à l’entropie copulent frénétiquement avec, pour seul horizon, une autoroute ébréchée et sans issue jetant sa langue de bitume au-dessus du vide de l’existence.

C’est une certitude, tout le monde ne se prêtera pas à l’exercice périlleux et déstabilisant de ce "Psalm 69", tant arpenter les trois-quarts d’heure de cette œuvre à la production violente et rutilante peut s’avérer éprouvant. Mais on ne saurait cependant se cacher que cette bombe cloutée - assemblant guitares électriques sans pitié, boîte à rythme radicale et tout un échantillon de voix trafiquées et de programmations glauques au possible - demeure avant tout une oeuvre d’êtres humains... Et qu’elle capture par conséquent quelque chose d’un vécu, aussi effrayant et rebutant soit-il ("Grace" et ses trois minutes apocalyptiques qui referment le disque). En ce sens, "Psalm 69" est une expérience à tenter, quitte à prendre ses jambes à son cou pour mieux retrouver les chemins plus rassurants et balisés d’un univers où les ombres lacérantes de la nuit n’ont pas leurs habitudes affamées.