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INDUS METAL  |  STUDIO

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1988 The Land Of Rape And ...
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MINISTRY - Psalm 69 - The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs (1992)
Par DARK BEAGLE le 1er Octobre 2018          Consultée 7396 fois

"Psalm 69", qui a travers son nom complet est un excellent jeu de mots, est également un album qui aura marqué une époque. Avec sa pochette étrange, à la fois fascinante et dégageant quelque chose de loufoque, suffisamment loufoque pour avoir l’air mystique, il attire déjà l’œil, attise la curiosité. Ce qui se cache derrière a l’air fabuleux. Par un effet de miroir déformant, cela pourrait également être une vaste fumisterie. Les caractères du titre original, "ΚΕΦΑΛΗΞΘ", sont tirés d’un ouvrage d’Aleister Crowley, ils apportent une aura de mystère insondable. C’est un album de MINISTRY et comme d’habitude, si on croit savoir dans quel univers nous allons pénétrer, nous sommes bons pour vivre quelques surprises.

La gestation de l’album a été particulièrement longue, plus d’un an et le résultat en vaut la chandelle, à peu de choses près (parce qu’il faut bien en convenir : avec le système de note de Nightfall, difficile de vous faire mariner dans votre jus jusqu’à la fin de la lecture). Al Jourgensen et Paul Barker semblent s’être inspirés de la chanson "Burning Inside" sur l’opus précédent, "The Mind Is A Terrible Thing To Taste" afin d’orienter leur musique vers quelque chose de plus Metal. Industriel toujours, mais faire bouger le fond Punk vers quelque chose de pas forcément plus mainstream, mais qui va leur permettre de s’exprimer de façon différente, de façon plus viscérale.

Partant d’une considération dont nous pourrions nous passer, il est intéressant de voir que malgré ce que le duo se mettait dans la tête en termes d’alcool et de psychotropes, il parvient à proposer des titres solides, malsains au possible. "Psalm 69" tient bien la route, avec des choix d’écriture intéressants, qui nous prennent souvent à contre-pied. L’album n’a rien de linéaire, il nous conduit sur des montagnes russes vertigineuses, dessinées par un architecte sous LSD. Commencer l’album par un sample de Bush Senior, c’est forcément de la provocation, mais "N.W.O." (pour "New World Order") pose directement l’ambiance. MINISTRY se fait martial, plus dur, frénétique. Il va changer de visage sur "Just One Fix", où Al Jourgensen a cette petite phrase sibylline, « never trust a junkie », qui claque comme une constatation avant que l’Apocalypse ne se déchaîne sur nous, troupes d’auditeurs qui ne tarderont pas à être complètement subjugués par ce titre à la rythmique monstrueuse.

Et MINISTRY va s’amuser à nous bousculer dans tous les sens, comme des petites brutes au collège qui s’attaquent à l’élève timide et chétif qui n’osera pas se défendre, encore moins cafter. Parce que oui, nous nous faisons brutaliser, tourmenter tout du long. Et cela, sous plusieurs formes. Parfois, cela devient même vertigineux, comme cet enchaînement "Jesus Built My Hotrod", où le groupe s’éclate, se parodie presque, en compagnie d’un Gibby Haynes (BUTTHOLE SURFERS) complètement halluciné, avec l’effrayant "Scare Crow", longue pièce à la lenteur effroyable. L’enchaînement fait froid dans le dos et la seule alternative semble de se mettre en PLS sur le canapé le temps que ça passe. Mais huit minutes, cela ne se fait pas en un claquement de doigts et nous avons bien le temps de la vivre, chacun à sa façon, mais y a t-il une bonne façon de la vivre, entre se l’envoyer dans le noir ou en sirotant une bière ou deux ?

L’Apocalypse revêt bien des visages aussi. Mais le plus remarquable, celui qui le porte mieux, c’est le title-track, qui commence de très belle manière, avec ces samples de chœurs. Si vous vouliez un vrai passage mélodique, sur ce disque, vous l’avez là. Jésus devient le témoin de notre dégradation, physique et morale, et cela devient franchement cynique. Jourgensen a toujours montré beaucoup d’affinité avec cet art, ne serait-ce qu’à travers les jeux de mots qui parsèment les titres des albums du groupe. Un point culminant est atteint, l’intensité devient presque palpable, comme si l’air était bourré d’électricité statique.

Ce qui est étrange, c’est que le Metal Indus est un genre très synthétique. Si l’on trouve des guitares, de la basse, parfois une batterie véritable plutôt qu’une boîte à rythme (ce qui est le cas ici), ce sont les machines, les loops qui régissent le style, qui leur donnent sa consistance. Sur "Psalm 69", MINISTRY sait se faire parfois étrangement organique même si tout semble se développer sous une cloche de confinement. En fonction des ambiances que les musiciens développent, l’album prend des couleurs étranges. Pas très belles pour tout dire, mais qui ont une espèce de charme étrange. "Scare Crow" ou "Psalm 69" rentrent dans ce schéma d’écriture poussé, plus que nous pouvons le croire aux premiers abords.

Mais là où MINISTRY semblait se tracer une voie royale, en parfaite adéquation avec les coups d’éclat qu’ont été "The Land Of Rape And Honey" et "The Mind Is A Terrible Thing To Taste", le groupe va perdre un peu pied, comme si l’entreprise "Psalm 69" les dépassait. "TV II" et "Hero" sont plus discrets que les "N.W.O." et "Just One Fix" mais ils ne font pas figure de remplissage pour autant. En revanche, passé le title-track, MINISTRY rentre dans le rang. Ce n’est pas forcément bâclé, mais cela n’a plus la carrure pour briller comme les morceaux précédents et il faut bien l’avouer, "Psalm 69" est un disque usant. Il devient fatigant sur la longueur à écouter et un titre comme "Grace" ne parvient pas à nous accrocher, il devient même étrangement dissonant, trop pour apporter un véritable plaisir d’écoute pour un final en demi-teinte.

Mais même si "Psalm 69" se veut plus faible que ses deux grands frères, il est celui qui traverse le mieux le temps en termes de notoriété. Il est celui qui a été salué par la presse, la critique et les fans, celui qui a atteint des chiffres de vente impressionnants pour un genre aussi marginal. Avec ses singles et ses clips tous aussi différents les uns des autres, il a marqué les esprits. Et au final, son statut d’album culte n’est pas galvaudé. À l’image de NIRVANA, MINISTRY est le témoin de son époque et beaucoup se sont retrouvés dans cette forme de rébellion, de ce venin jeté au visage, en réaction à la folie d’un monde (et parfois des pointes d’humour presque incongrues mais qui se fondent dans le décor). Aujourd’hui, le disque a assurément vieilli avec l’avancement de la technologie, mais il conserve énormément de sa force évocatrice.

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   (2 chroniques)



- Al Jourgensen (chant, guitare, claviers)
- Paul Barker (basse, programmation, chant)
- Invités :
- W.rieflix (batterie)
- M.scaccia (guitare)
- M.balch (claviers, programmation)
- H.beno (programmation)
- L.svitek (guitare)
- G.haynes (chant, textes sur jbmhr)


1. N.w.o.
2. Just One Fix
3. Tv Ii
4. Hero
5. Jesus Built My Hot Rod
6. Scare Crow
7. Psalm 69
8. Corrosion
9. Grace



             



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