On ne sait plus à quel saint se vouer avec INGESTED au vu de leur lente mutation tout du long de leur carrière ! Après un "Ashes Lie Still" qu'il aura fallu dompter pour l'apprécier dans les grandes lignes (ce qui n'a pas été le cas de foule d'auditeurs et autres critiques si l'on en lit les Internets), c'est avec appréhension que je guettais la sortie de "TToDaFD". Merde, même abrévié, c'est long.

Cependant, ayant vu mon très estimé confrère Kol s’y pencher, et attribuer une note rassurante, je m'y suis risqué… et pour une fois nous sommes en désaccord ! Tout arrive. Bon, il y avait bien eu également sur l’EP de LORNA SHORE où nous divergions, mais je lui ai pardonné de longue date !

Je m'efforce ainsi d'accepter la glissade contrôlée vers un Deathcore de plus en plus conventionnel et délaissant le côté Slamming Brutal des débuts, pour ne pas me braquer d'entrée sur les longs phrasés relativement lents de "Parangon Of Purity" ou "Endless Machine". La batterie de Lyn Jeffs tricote comme une folle et maintient tant bien que mal un rythme contrebalancé par les plans de gratte de Hynes globalement passe-partout, pour ne pas dire monotones.

Plus sombre que violent (tout n’a pas été remplacé dans la recette), "TToDaFD" se veut pesant et inquiétant, ce qu'il réussit avec brio, mais il ne propose pas grand-chose de plus. Les breaks fonctionnent ("Where No Light Shines"), mais sans éclat. Je ne suis pas non plus client, ni objectivement certain que les passages en chant clair ajoutent de la matière utile aux titres (cf. le très pénible "A Path Once Lost"), pas plus que l'interlude "Numinous", assez pompeux.

Les sorties modernes ne peuvent plus s’affranchir d'inviter Pierre, Paul ou Jacques pour blinder les galettes et avoir de la street-cred’, ce qui au passage m'agace, car j'y vois davantage une dérobade de composition que des collaborations réfléchies, et ce skeud ne fait pas exception. CHIMAIRA et surtout SYLOSIS polymérisent maladroitement avec INGESTED, l’hybridation des titres ne témoignant pas d'une originalité ou d’une symbiose remarquable. Allez, "In Nothingness" a une petite étincelle de créativité, ne soyons pas pingres. Globalement, les titres sont très invariants et recyclent inlassablement la même formule, à la fois éprouvée et peu aventureuse.

L'album finit bien par décoller à partir de la collab’ avec Mark Hunter, mais aux deux-tiers de l’ensemble, il est presque déjà trop tard... Prêt à renoncer, il m’a été difficile de me remettre dedans après cette avalanche d’uniformités.

Bref, rien d'alarmant ou d'abominable à déplorer en bout du compte, l’acronyme imbuvable est un album de Deathcore en mutation, pas très inspiré, et dont l'écoute glisse comme l'eau sur les plumes d'un canard. Je savais qu’au cours de ma carrière de chroniqueur-boomer j’allais sortir cette punchline à un moment donné, et ça tombe sur cette galette : "Je n'en attendais rien, et je suis quand même déçu !".
Et en plus, je ne sais même pas si j’aime l’artwork.

Note réelle : 2,5/5.

Morceaux préférés : "Pantheon", "Kingdom Of Sand", "In Nothingness".