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- Style : Dying Fetus, Fit For An Autopsy, Cannibal Corpse, Suicide Silence, Chelsea Grin, Betraying The Martyrs

INGESTED - The Tide Of Death And Fractured Dreams (2024)
Par KOL le 12 Mai 2024          Consultée 989 fois

À peine 18 mois après la sortie de "Ashes Still Lie", le septième album des Anglais d’INGESTED vient de tomber dans les bacs, comme on disait à mon époque. Le papa et la maman vont bien, merci pour eux, et le bébé se prénomme "The Tide Of Death And Fracture Dreams", même que. Et j’ai passé en sa compagnie un bon moment, alors où est le problème, me demanderez-vous ? Ben, le souci, c’est que lorsque l’on se colle du Deathcore dans la tronche, on n’est pas censé passer "un bon moment". On est supposé saigner du nez, se faire matraquer la gueule et décoller les cervicales et proprement bousculer de la première à la dernière seconde. Je veux dire : on ne va pas voir "John Wick 4" pour s’émouvoir d’un scenario complexe et intime sur les traumatismes liés à une enfance incestueuse dans le Nord (cette petite dédicace à Keanu pour ôter tout malentendu, pour donner suite à la chronique du dernier DOGSTAR par Beagle). ON VEUT DE LA BAGARRE, quoi, merde !

L’avantage d’écrire une review sur le Deathcore pour un chroniqueur de mon acabit, c’est que l’on peut raconter à peu près tout et surtout n’importe quoi, personne ou presque n’écoutera le disque tant le genre peut rebuter, avec ses breakdowns bas du front, ses cris d’orcs et sa simplicité (dans certains cas) navrante, il convient de le reconnaître. Ce n’est pas vraiment le cas d’INGESTED, qui a toujours proposé une grande violence, certes, mais fait preuve également d’une réelle musicalité, instillant ici et là des petites subtilités, d’une bonne dose de technique, ainsi qu’une grande maitrise des rythmes, le plus souvent écrasants bien entendu, mais proposant suffisamment de variations pour rendre in(di)gested le copieux menu proposé. Et pour avoir enchaîné pas mal de concerts du style récemment, je dois également constater que le genre draine un public bien différent de celui du Heavy ou du Thrash : plus jeune, plus urbain, plus métissé également, avec une proportion féminine bien supérieure aux autres courants. Et ce renouvellement fait bougrement plaisir à constater.

À ce titre, ce nouvel opus respecte clairement le cahier des charges et le haut niveau proposé par les Britanniques depuis près de vingt ans. Fait suffisamment rare pour être souligné : le line-up n’a quasiment pas bougé depuis les débuts, Jason Evans, Sean Hynes et Lyn Jeffs étant toujours à bord depuis 2006. L’album s’inscrit dans la claire lignée de son prédécesseur, lui-même un poil plus mélodique que le reste de la discographie. Il m’apparaît même un brin supérieur. La formation pousse le curseur un chouya plus loin, faisant ainsi apparaître du chant clair pour la première fois si je ne m’abuse, invitant quelques guests bien sentis pour le coup (Josh Middleton de SYLOSIS et ex-ARCHITECTS ou Mark Hunter de CHIMAIRA). Évènement assez improbable pour un combo typé aussi extrême. Sacrilège ? Peut-être. Mais pour le coup, je ne suis pas contre ce type de mutations, FIT FOR AN AUTOPSY, (FFAA) pour ne citer qu’eux, l’ayant accomplie avec un réel succès tant artistique que populaire ("Oh What The Future Holds" ou "The Sea Of Tragic Beast" étant là pour témoigner avec force de la chose)

La principale limite de "The Tide Of Death And Fracture Dreams" réside en fait dans cette mutation pas totalement assumée. Bien trop extrême pour le commun des métalleux (jetez moi une oreille à "Pantheon" ou "Paragon Of Purity" si vous ne me croyez pas), il pourrait également être considéré comme une forme de trahison par les puristes du genre ("In Nothingness", qui tabasse sévèrement malgré cela). Là où FFAA intègre leurs racines Deathcore dans une écriture plus évoluée, les Mancuniens optent pour l’approche inverse et continuent à penser Slam Death en y ajoutant des éléments plus mélodiques. En résulte parfois l’impression d’un mélange entre de l’huile et de l’eau, manquant d’homogénéité et d’une réelle réflexion en amont de la conception des chansons. Et INGESTED se retrouve de ce fait un peu le cul entre deux camions, ce qui n’est pas la position la plus confortable qui soit, vous en conviendrez. N’est pas Jean-Claude Van Damme qui le veut.

Heureusement, par quelque malicieuse sorcellerie, le groupe parvient à ne pas se casser la gueule, malgré les mornifles qu’il persiste à distribuer à tour de bras. Le mérite en revient à un talent intrinsèque et une grande complicité entre les membres, que l’on perçoit sur scène comme sur disque. Et puis il possède également en ses rangs un frontman exceptionnel de versatilité, que je place personnellement sur le podium aux côtés de Joe Badolato (FFAA) et de Will Ramos (LORNA SHORE). Capable de couvrir tout le spectre des chants extrêmes, il assure une nouvelle fois une partition sans faille.

De la nouveauté, il y en a donc incontestablement sur cette cuvée 2024 : entre les voix claires sporadiques ("Starve The Fire"), l’instrumental fort sympathique "Numinous" qui apporte une petite respiration au milieu de la galette, ou le conclusif "A Path Once Lost", envoûtant au possible, magnifiant les atmosphères qu’ont toujours su nous concocter les p’tits gars de Manchester, proposant même quelques harmonies vocales du plus bel effet, apportant de la profondeur à l’agression. Ça, c’est du INGESTED moderne revendiqué ! L’alliance entre l’évolution et les racines se fait enfin, sur cette dernière piste. De quoi laisser quelques regrets par rapport à un LP loin d’être parfait, mais pas déplaisant du tout pour autant.

Bref, j’ai vraiment passé un bon moment.

Note réelle : 3,5/5. Encore un petit effort les gars, et l’album référence ne sera pas loin.

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   KOL

 
   REMISSA

 
   (2 chroniques)



- Jason Evans (chant)
- Sean Hynes (guitare)
- Lyn Jeffs (batterie)
- Dom Grimard (basse studio)


1. Paragon Of Purity
2. Endless Machine
3. Where No Light Shines
4. Expect To Fail
5. Starve The Fire
6. Numinous
7. In Nothingness
8. Pantheon
9. Kingdoms Of Sand
10. A Path Once Lost



             



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