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Tigerleech
Par KOL
Le 19 Mai 2025
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de NIME publiés sur Dark Side
TIGERLEECH
Par KOL le 19 Mai 2025
Publiée le 19 Mai 2025 Consultée 541 fois

La Boîte à Demandes, ou BàD dans notre langage secret si évolué, est un puits éternel de merveilles, un coffre au trésor sans fond qui offre au(x) curieux une réserve de découverte illimité. C’est ainsi par son biais que j’ai pu assouvir ma soif de nouveauté et suis tombé sur TIGERLEECH, groupe francilien évoluant dans une sphère underground Sludge/Stoner subtilement -corée du plus bel effet. Quatre ans après le très réussi "Melancholy Bridge" qui évoquait également certaines belles heures de SOUNDGARDEN, la formation nous revient avec un line-up revisité et un nouvel opus, le tout aussi (si ce n’est plus) abouti "Bicephalous", qui a les honneur de la sélection Nime cette semaine. Un bonheur ne venant jamais seul, j’ai également eu la chance de pouvoir passer un moment avec Sheby, fondateur et chanteur du gang. Il s’est volontiers prêté au jeu de l’interview pour votre plus grand plaisir, un grand merci à lui pour sa disponibilité.

Salut Sheby ! Merci de prendre le temps de nous répondre. Tout d’abord, peux-tu présenter TIGERLEECH aux lecteurs qui ne vous connaissent pas ?

Nous sommes un groupe qui a débuté en 2013, ce qui commence à faire un bail... Le line-up a beaucoup bougé : si je suis là depuis le début, Fabien (guitare) m’a rejoint un an après, mais Frank (basse) et Adrien (batterie) sont arrivés en 2022 et Yvan (guitare) en 2023. Au départ, on faisait plus du Stoner, mais l’arrivée des dernières recrues, plus jeunes et ayant une autre oreille (Metalcore et Prog), a apporté un truc un peu différent dans le son et dans les compos, d’autant qu’Yvan compose aussi. On s’écarte clairement depuis de ces racines Stoner. Le côté Hardcore, on l’a toujours eu, surtout moi, autant par goût que par mon timbre vocal. Le dernier album matérialise tout ça, penchant plus franchement vers le Sludge, avec ce côté direct, Hardcore, qui rentre dedans.

D’ou vient votre nom, TIGERLEECH ?

On cherchait un nom qui sonne Stoner, mais tout était déjà pris, la tuile ! Alors on est allé chercher un peu plus loin que le désert, vers les marais, les sangsues (ndlr : "Leech" en Anglais), et on a trouvé cette sangsue noire et jaune, bien féroce, qui attaque les crabes dans l’eau salée des mangroves. On a trouvé ça cool, du coup, on a choisi ce nom. Le nom et l’image m’évoquent aussi les vers des sables dans "Dune".

Quelles sont vos références musicales ? Si tu devais citer trois ou quatre groupes qui t’ont particulièrement influencé ?

Ah, ah, ah… Pas évident ça. J’ai fait ma culture musicale avec mes deux grand frères qui avaient monté un groupe Punk Rock dans les années 80. Ce son m’a marqué à vie. Si tu ajoutes à tout ça les années 90 et les mélanges en tout genre, Metal / Hip-hop, Hardcore,... ça fait un beau bordel ! Difficile de citer des groupes en particuliers, j’en ai dix-mille qui me viennent en tête quand tu me poses ta question : BAD BRAINS, SOUNDGARDEN, également. Tu avais vu juste avec ta chronique précédente : le Grunge m’a beaucoup marqué. CHAT PILE, aussi récemment, que je vais voir en concert ce soir d’ailleurs. Pour les autres, Adrien adore MASTODON, Fabien écoute pas mal fan de Stoner aussi. Il est super fan d’ALICE IN CHAINS. Frank est plus branché DREAM THEATER de son côté. Quand on part jouer en province, dans la caisse, c’est vraiment varié : on écoute aussi bien du Hip Hop que du Jazz, pas forcément que du Metal.

L’album m’a franchement emballé comme tu peux le constater, peux-tu nous raconter son process d’enregistrement ?

En fait, on a eu pas mal de galères. On a enregistré chez Hybreed Studio avec Andrew Guillotin, qui a connu pas mal de galères à ce moment-là. Le mixage a du coup pris pas mal de temps. En gros, on a tout enregistré en Janvier 2024, mais le mix n’a pas pu avoir lieu avant Octobre. Entre-temps, on a signé avec un nouveau label italien, Octopus Rising, qui attendait des nouvelles. Retours positifs pour l’instant. Pour la promo international, c’est Score AV qui s’en occupe.

D’où vient le nom de l’album, "Bicephalous" ?

"Bicephalous", c’est l’être à deux têtes. C’est ce côté qu’on a tous de dualité un peu binaire, le bien le mal, on ne sait pas choisir, parfois on est tout blanc, parfois on est tout noir. Le combat entre la partie gauche et la partie droite de notre cerveau. Le mot résume un peu toutes ces idées. Bon, je remarque maintenant qu’il n’y a qu’un seul crâne sur la pochette, c’est vrai (rire), mais tu vois l’idée, quoi.

Le côté Hardcore semble de plus en plus lointain sur cet opus, à part certaines parties vocales. C’est moins votre kif ?

En fait c’est plus mon kiff à moi que celui des autres. Et puis pour être honnête avec toi, je n’ai pas nécessairement un gros coffre, donc quand je chante, ça sonne parfois Punk/Hardcore. Pour ce qui est des compos, c’est venu comme ça lors de l’écriture : si ça nous plait, on y va sans se poser de questions. C’est pour ça qu’il y a pas mal de variété dans les morceaux de TIGERLEECH.

Difficile de parler de Hardcore sans évoquer l’engagement dans la musique ? Est-ce-que c'est indispensable, selon toi ?

Je ne me pose pas la question quand j’écris les textes… Non, je ne pense pas que cela soit nécessaire, mais comme on me file un micro, je m’adresse à des gens. Pour moi, la musique se vit en live, pas en studio. Quand je compose, je pense à la scène et quand tu te vois en face du public, tu partages un peu tes idées, tu commentes sur ce qu’il se passe autour de toi. J’aurais du mal à ne pas pointer ce qui va mal. Je suis tellement atterré et touché par plein de choses, que je ne peux pas ne pas l’évoquer. Je suis quelqu'un qui réagit, et j’ai envie de faire réfléchir les autres. Mais je ne me vois pas comme un grand homme charismatique, rassure-toi, qui va emmener les gens derrière lui, c’est juste mon propos et ma façon de fonctionner à moi. Je n’ai pas de leçon à donner. Après les gens adhèrent ou pas, ce n’est pas grave pour moi. Quand je balance "When You Cross The Border" qui parle des migrants, y’a bien quelques mâchoires qui se serrent dans le public, car le milieu Metal a tendance à pencher la tête plus à droite qu’à gauche, disons. Je veux dire, suite à l’élection de Trump, je n’ai pas vu beaucoup d’artistes se lever contre lui… ça manque un peu je trouve… Heureusement qu’il y a les groupes Punk et Hardcore, pour le coup.

On se pose beaucoup de questions actuellement sur l’industrie musicale… Comment une formation underground tire-t-elle son épingle du jeu ? Vous arrivez à en vivre ?

Ah ben c’est clair qu’on gagne zéro, évidemment. Voire que ça nous coûte de l’argent, clairement. Tous les zikos, à part les têtes d’affiche, taffent en dehors de la musique. C’est un doux rêve de gagner ta vie avec, même chichement. C’est simplement de la passion, et depuis longtemps pour nous. Quand tu fais ça, faut être passionné, mais c’est aussi beaucoup de plaisir de faire des concerts, de voir des gens. On prend certes un petit cachet quand on joue, et il y a aussi le Merch’, mais ça ne couvre pas les frais (répète, matos, promo). Il ne faut pas être trop exigeant quand on veut faire ce métier. Si certains arrêtent c’est peut-être aussi pour ça.

En parlant de scène, comment vois tu le milieu des festivals? Et le Hellfest, de plus en plus critiqué par les Metalleux purs et durs ?

Il y a beaucoup de festivals en France, sans doute trop, mais en revanche il n’y a pas beaucoup de salles - c’est pour ça qu’on joue aussi dans les bars, en mode système D. C’est aussi sympa de faire ça, ça permet de rencontrer le public et de tchatcher avec eux après le set. C’est comme ça que tu te fais la main, que tu joues, que tu progresses en live. Concernant le Hellfest, c’est un super festival, l’un des plus gros en Europe. Ils sont sans doute victimes de leur succès. Dans mon entourage, j’ai des potes qui n’écoutent pas de Metal et qui y vont. Après, MUSE, c’est un peu con car ils doivent prendre un gros billet… L’organisation pourrait éventuellement donner plus de place à des petits groupes sur des petites scènes. Moins de grosses têtes d’affiches avec un gros cachet et plus de plus petits groupes, ouais... Mais bon, juste respect au Hellfest. C’est quand même bien cool d’avoir ça en France.

Vous avez des concerts de prévu, pour nos lecteurs qui souhaiteraient vous retrouver sur scène ?

On vient de jouer à Montreuil le 3 mai, et après, rien de prévu pour l’instant. On va en profiter pour continuer de composer le prochain disque. Suivez-nous sur Facebook ou Insta pour connaître notre actualité, il y aura sans doutes quelques dates de prévues ici et là.

Dans ma chronique, j’ai fait référence dans ma chronique à CHAT PILE, et tu me dis que tu vas les voir au Trabendo, j’en conclus que tu aimes.

Carrément, j’ai écouté pas mal le dernier album en boucle. J’adore, les gars ont l’air vraiment cool, s’intéressent à plein de sujets hors musique, le cinéma... J’aime beaucoup. Y’a un vrai truc qui se passe autour de ce groupe. “Cool World” est vraiment super.

S’il y avait une chanson pour découvrir les nombreuses facettes du TIGERLEECH, laquelle conseillerais-tu (pas forcément sur "Bicephalous", d’ailleurs) ?

Pffff, t’as des questions, toi… Allez, "When You Cross...", parce qu'il y a un peu de tout ce qui fait notre son dans ce titre, les boucles répétitives, ça bastonne bien, le refrain mélodique, le breakdown final, les paroles engagées. Je pense que c’est un morceau emblématique de TIGERLEECH.

Qu’écoutes-tu en ce moment ? Des bons tuyaux à partager ?

Jetez une oreille à COILGUNS . J’aime beaucoup leur dernier album. La voix possède un petit côté AT THE DRIVE IN. Ils sont bons, ces Suisses ! (ndlr : je confirme)

Un dernier mot pour les lecteurs ?

Allez nous écouter sur Bandcamp ou sur les grandes plateformes, soyez curieux, et venez nous voir en concert. Le groupe prend une vraie dimension sur scène. En live, c’est toujours autre chose.



             



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