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ULTRA VOMIT
Par REMISSA le 15 Décembre 2024
Publiée le 9 Décembre 2024 Consultée 822 fois

Dans le cadre de leur tournée pour "Le Pouvoir de la Puissance", j’ai eu la chance de pouvoir interviewer Fetus, Manard et Matthieu Bausson d’ULTRA VOMIT à leur date Rochelaise, dans les loges de La Sirène pour un moment très détendu ! Voici la légende pour mieux comprendre : F=Fetus / M=Manard / MB = Matthieu Bausson, le bassiste

Remissa : Salut à tous les trois, et merci de me consacrer un petit moment, c'est cool ! Vous connaissez Nightfall In Metal Earth ?

Manard : C'est cool, ça fait bien plaisir ! Ben disons que c'est le deuxième meilleur album de BLIND GUARDIAN… Ou le troisième, d’abord t'as "Imaginations", puis après "Somewhere Far Beyond".

Fetus : *imite des cymbales* J’ai le petit singe des Simpsons au-dessus de ma tête. (rires) Il y a Julien Truchan, qui a partagé qu’il participait au Motocultor en 2025, et il y a BLIND GUARDIAN aussi à l’affiche. Je lui ai proposé de faire un petit feat BENIGHTED-BLIND GUARDIAN, ce serait énorme !

Dans une ancienne interview, vous aviez dit que vos idées de chansons arrivaient par accident, est-ce que vous pouvez m'en dire plus sur cette spontanéité de création de morceaux ?

F : Par erreur même parfois ! (rires)
M : Oui, parce que c'est des conneries, en fait. Tout le monde a un groupe de potes avec qui il fait des conneries. Sauf que nous comme on fait de la musique, on arrive à mettre des conneries dans les morceaux.
F : C'est ça. Je comprendrais totalement que certaines personnes puissent se dire qu’on a mélangé ça avec ça pour faire une parodie de tel groupe, qu’on se serait assis autour d’une table et qu’on aurait dit : "Bon, qu'est-ce qu'on n'a pas fait comme style ? On pourrait faire matcher ça avec ça ? Ok, let's go, vas-y, fais voir un riff, etc.". Ça pourrait exister, mais la plupart du temps, on se rend compte par expérience que c'est pas du tout comme ça. C'est la vanne, l'idée qui arrive et qui précède le truc. Même quand c'est pour un "Calojira" par exemple, c'est arrivé en répète, on riffe le truc, c'est un peu accidentel, et on voit que le riff il colle à fond. Après on se dit "Calogero, Gojira, bah Calojira !". Une fois que t'as le titre, c'est mort, c'est un peu un miracle, c'est les planètes qui s'alignent au bon moment. Par contre, c'est pas quelque chose qu'on a conçu, qu'on a réfléchi, on n'a pas fait un brainstorm. C'est rarement comme ça.
M : Ca peut aussi arriver que quelqu'un ramène un concept sur lequel il a planché de façon individuelle et qu'il expose aux autres. Mais souvent, c'est vrai qu'il y a pas mal de délires en commun, des vieux trucs. On ressort des délires de tournée. "GPT", c'est un délire de tournée, de festival, c’était un peu commun.
Matthieu Bausson : Il y a des trucs qui sont censurés aussi. Parce que ça partait trop loin dans la private joke.
F : Mais des fois, t'as rien demandé. C'est un truc qui est sous-jacent parce qu'on s'est nourris de plein d'influences. Pour moi, ça va être des trucs que j'ai écouté aussi comme Michael JACKSON ou même ORELSAN plus récemment. Ça rentre, et au bout d'un moment, ça sort d'une façon... Une pure hernie, tu vois. (rires) Ca sort d’un coup et t'as rien demandé, mais c'est pas du hasard non plus puisque c'est tout ce que t'as emmagasiné, tout ce que t'as digéré depuis des années.

Vous avez mentionné que vous écoutiez plusieurs styles dans l'écriture du "Pouvoir de la Puissance". Est-ce qu'il y a des artistes musicaux qui vous ont particulièrement inspiré hormis les plus évidents comme ORELSAN ?

M : Il y a toujours l’ombre des Inconnus qui plane. C'est évident.
F : D'ailleurs, il y a plein de références plus ou moins cachées. Nous, on se marre avec des petites private jokes, mais c’est dans l'esprit, on va dire. C'est un truc qu'on avait beaucoup écouté quand on était petit. C'était la cassette des Inconnus avec toutes leurs chansons, où déjà, ça se barrait dans tous les styles. Il y avait une chanson Rap, une chanson Hard Rock... Rien que ça, je pense que ça a fait son petit bonhomme de chemin, parce qu’ULTRA VOMIT, même dès la toute première démo, ça se barre dans tous les sens. Ce qui me faisait marrer, c'était de voir la gueule des mecs quand tu passes un morceau de Grind et puis le morceau d'après c'est quasiment un truc acoustique. Les mecs, ils disent "Mais il y a un problème là ?!".
MB : J'ai jamais écouté la première démo.
M : Ce qui est marrant, c'est que "M. Patate", c'est l’OVNI de la discographie. Et pourtant, c'est le premier album. "M. Patate", c'est que du Grind, c'était hyper focus, c'était une petite période.
F : Mais déjà, rien que dans son style, il est hyper varié en termes de tempo. Bon, il est pas varié en termes de tonalité. (rires) Mais ça change de règle toutes les deux secondes.
M : Il y a quand même "Judas Prost". C'est très instable.
F : Les Inconnus, dans la forme, le fait de se marrer dans tous les styles, ça, c'est un truc qu'on a gardé et qu'on a précisé avec le temps. Quand on avait vingt piges, faire des voix comme ça… Soit je n'osais pas, soit je ne savais pas le faire. Maintenant j'ose. On s'influence. On a précisé ce truc-là, on l'a poussé encore plus sur le dernier album, le fait de se marrer. On n'a rien inventé ! C'était déjà là sur l'album d'avant.
M : Il n'y a pas vraiment d'influence cachée. Je ne pense pas qu'il y ait des trucs incroyables qu'on garde pour nous.
MB : C’est moins évident que l'album d'avant. On avait pris les typos de certains groupes pour tous les titres. Là, ce n'est pas le cas. On a mis moins de marqueurs.
F : On aurait pu le faire. On aurait pu trouver des titres. On s'est un peu censuré car on sait très bien que ça va être un jeu de piste quand le truc va sortir, du style : "Est-ce que vous l'avez à 30 secondes le riff machin ?" Ce qui nous fait marrer, c'est que quand on voit ces commentaires, la plupart du temps… Les mecs, on ne sait même pas de quoi vous parlez ! "Oh putain bien vu le riff à une minute cinquante-deux, le riff à la machin… !"-je ne connais pas ce groupe. (rires) Pour "Le Pouvoir de la Puissance", il y a un groupe-
MB : POWERWOLF ?
F : Nan POWERWOLF je connais ! Mais il y a un groupe… On arrête pas de nous comparer à lui…
MB : SABATON ?
F : Pour le coup je connais aussi, mais on n'a jamais entendu une note de SABATON.
Remissa : En même temps, c’est pas flatteur !
F : (rires) Non mais c’est très inspiré de MANOWAR... C'est vrai que des fois on nous sort des refs’, et… Désolé, mais non. C'est drôle. On savait que ça allait devenir un gros jeu de piste. Donc pas besoin d'appuyer dessus et de dire "Regardez, c'est tel truc". En plus c'est réducteur même pour nous, ça peut presque être, pas vexant… mais un peu blessant.
MB : Il y en a qui pensent que c'est de la reprise aussi. Il y en a qui disent ça.
F : Mais les gens, sans aucune violence, ils ne veulent pas nous cracher dessus, mais ils sont là : "Le prochain album, ça va être des reprises aussi ?" Moi, j'ai rien contre les reprises. Des fois, je préfère les groupes de reprises que des groupes qui ont des goûts de merde. (rires) Mais par contre, de réduire ce qu'on fait à juste de la reprise… Parfois, je trouve ça un peu bâtard car quand tu prends un groupe lambda qui commence à faire du Metal aujourd'hui : en réalité, il fait la même chose. Un groupe de Thrash aujourd'hui, ou de n'importe quel style, il crée un riff. Ben… Il va pas révolutionner le Metal en un riff. Donc son riff, il va l'appeler le "riff ANTHRAX", ou le "break MEGADETH". Du coup, même eux, ils en parlent comme ça. C'est juste que nous, comme c'est de la parodie, c'est direct "c’est ANTHRAX".
M : On va plutôt aller vers le biais d’assumer. Alors qu’un groupe entre guillemets normal va essayer d'estomper le côté ressemblant. Il y a certainement un mec du groupe qui va dire : "Ton riff, il ressemble un peu trop à SLAYER, tu ne veux pas le changer un petit peu, histoire de...". En gros, nous, c'est l'inverse. Quand on a un riff qui ressemble, on appuie sur le truc.
MB : Même dans la prod, jusqu'à l'enregistrement, Fred (Duquesne) peut écouter deux groupes en parallèle et essayer de les ajuster. Il avait fait ça notamment pour "Kammthaar".
F : Pour "Le Café" aussi, il avait fait un son plus crade.
M : Pourquoi on l’a pas appelée "Le Café" d’ailleurs ? (rires)
MB : Parce qu'il y avait déjà "Le Coq".
F : "Le Coq".
MB : "Le Dead Robot".
F : "Le Chat", tout simplement. Et le titre de l'album, ça aurait été…"L'album". (rires) "Comment t'as trouvé "L’album ?""
MB : "L’album bleu".
F : Ça serait énorme. Tu sais, c'est ton cinquième, et là… "L'album", c'est horrible. (rires)

Vous avez la réputation de faire languir vos fans entre les sorties, comment ces périodes jouent sur votre dynamique en tant que groupe et sur votre approche de la musique ?

F : ‘Tain la question, elle est technique.
M : Moi, j'ai capté. C'est pas forcément une volonté de faire languir, même si je pense que si on sortait un album tous les deux ans, les gens se lasseraient beaucoup plus facilement et rapidement parce que c'est un style quand même le Metal Parodique… Je pense que si t'en fais trop, ça devient envahissant.
F : C'est comme si tu bouffes un kouign-amann à chaque dessert.
M : Voilà, c'est ça. C'est très chargé. Je pense que c'est bien d'espacer vachement les sorties, parce que...
MB : C'est pas voulu non plus.
M : C'est pas voulu. Je pense qu'on sera incapable de faire un album tous les deux ans. Mais moi, je trouve ça cool qu'il y ait pas mal d'espace entre les albums parce que ça permet aux gens de bien les assimiler. Il y a une attente aussi. Mais bon, c'est pas une volonté.
F : On s'est pas dit qu'il faut au moins qu'il y ait sept ans entre deux albums. Par exemple, moi je le dis à chaque fois mais c'est la vérité : à chaque album, j'avais l'impression, même dès le premier, que c'était le dernier. Dès "M. Patate", je me suis dit qu'on avait tout mis. C'est un peu comme... Bon, moi j'ai pas de gosses. Un jour, j'ai une pote qui m'a dit que mes gosses, c’était mes albums. Ça m'a fait sourire. Dans un sens, il y a un peu de ça. T'as un espèce d'accouchement et un processus qui est hyper long, qui est hyper intense. Surtout vers la fin avec le studio. Une fois que ça sort, tu te dis "Ah non, j'en referai pas, c'est mort, c'est trop chiant, on a tout mis". Et à un moment donné, ça revient de manière naturelle. Aujourd'hui, combien de gosses…?
M : T'as baby blues au bout d'un an. (rires)
F : C'est marrant. Même si j'ai eu la même sensation après "Le Pouvoir de la Puissance", je sais très bien que c'est juste un ressenti. Après "Objectif : Thunes", tous les labels, les tourneurs qui étaient là nous disaient : "Les gars, ce que vous avez fait, ça cartonne, il faut pas lâcher, il faut battre le fer tant qu'il est chaud, il faut continuer, il faut refaire un album dans les deux ans max, sinon, vous allez perdre les gens…" Et moi, je me dis mais... Là, le sac à idées, il est épuisé ! Surtout avec cet album-là, c'était une folie. On a passé en revue tous les styles de Metal. Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? On va refaire quoi ? Et c'est pour ça qu’en plus revenir neuf ans après, il y avait une espèce de saut dans le vide. Enfin... On n'était pas serein quand on a sorti cet album-là ou quand on l'a composé. On a été surpris qu'il y ait autant d'engouement. Tu vois l'album qui fait disque d'or ! C'est ouf. Et je pense que c'est parce qu'il y a eu cette attente-là.
M : Justement, après "Objectif : Thunes", vu que ça avait bien marché, on s'est dit :"Bon laisse tomber, plein de groupes vont enchaîner, vont prendre le créneau, et vont faire la même chose. Et on s'est rendu compte qu'à l'époque, après "Objectif : Thunes”, ça n’a pas trop été le cas. Même neuf ans après, on se rend compte qu'il n'y a pas eu trop de choses entre les deux, il n'y a pas eu d'équivalent, et c'est pour ça aussi que ça a bien fonctionné. Mais nous, on ne s'y attendait pas.
F : Tu as l'impression qu'il y a une place vacante pour ce style-là. C'est quand même une nichasse. Quand tu fais du Metal humoristique/parodique, il n'y a pas 50 000 groupes qui font ça. Donc tu as l'impression que quand on était absent, qu’on nous demandait ce que devenait ULTRA, et qu’on faisait autre chose... Il y avait presque cette sensation de manquer, qu’il fallait le faire… C'est hyper prétentieux. (rires) Mais c'est à nous de le faire. Pas dans le sens qu'il FALLAIT le faire, c'était juste une envie.

Il y a vraiment un côté générationnel pour ULTRA, comme si vous aviez toujours fait partie du paysage, donc évidemment quand vous revenez…

MB : Ouais je me souviens d’un Hellfest à 13h, pile à la sortie de l’album en 2017…
F : C'est ce qu’on appelle "La grande fédé’". Tu prends toutes les scènes, un peu de partout, même des gens qui sont sur l’Altar ou la Warzone : et ils se disent qu’il y a une curiosité à voir. Tout le monde venait car on mélange toutes les influences. En plus de ça, toute la journée, on entend des mecs gueuler "HELLFEST MOTHERFUCKERS !", genre hyper premier degré, qui parlent en anglais entre les morceaux… Et là, au milieu, il va y avoir des dingues qui parlent en français. Là, on l'a vraiment senti. Évidemment, et on le sait très bien, même à cette époque-là, qu’on avait déjà des gens qui nous chiaient dessus. On fait pas l'unanimité, mais on ressent une sorte de communion.

Justement, sur l’aspect de "ceux qui vous chient dessus", comment est-ce que vous gérez le public qui ne perçoit pas votre humour au travers de vos chansons ? Vous créez quand-même un boulevard pour les grincheux !

M : Moi, s'ils ne perçoivent pas l'humour, je ne peux pas faire grand-chose pour eux. Par contre, qu'ils n'aiment pas l'humour, c'est autre chose. (rires) Moi, je m'en fous un peu.
F : Il faut dire aussi qu'il y a eu des périodes... Je peux dire que maintenant, j'ai plus de recul, mais au début, c'était un peu ignoble. Quand je voyais 20 commentaires : 19 positifs, 1 négatif, je me focalisais complètement sur le négatif. Maintenant, quelqu'un qui dit que c'est de la merde ou je ne sais pas quoi...
MB : "C'est de la merde au niveau subatomique". J’ai vu ça sur VS Webzine. (rires)
F : Ton truc existe depuis tant d'années, il est déjà installé dans le paysage. Oui, tu as le droit de dire que c'est de la merde, il n'y a aucun souci, mais moi, je ne peux plus réagir à ça. Pour moi, c'est validé d'une certaine façon par le public. Il y a un moment, les mecs qui nous sortent : "Et vous trouvez ça drôle ?" Ben… Le principe de l'humour, c'est que c’est hyper subjectif. Oui, tu ne trouves pas ça drôle, mais c'est comme ça. C'est intéressant d’ailleurs, sur l'humour, car même entre nous, on peut avoir des dissensions. Pourtant, on va dire qu’on aime forcément la même chose, mais déjà, rien que ça c'est dur. L'humour et les films d'horreur, c'est dur d’y trouver un consensus. Tu as beau être câblé sur le même truc... Moi, je sais très bien que l'album, tout nous fait marrer entre nous, mais je sais que c'est quasiment impossible de tout adorer. Il faut vraiment être un méga fan hardcore, parce que ça se barre dans tous les styles. Par exemple, il y a plein de gens qui ont dit que l'humour pipi-caca c’était bof, pourtant ils adorent l’album, mais c'est vrai que vers la fin, ils décrochent un peu sur "A.N.U.S."…
Remissa : Moi, j'adore.
F : (rires) Moi aussi ! Mais je peux comprendre. Et puis il y a un truc sur l'humour aussi, sur les mecs qui nous chient dessus. Quand on nous dit "Mais c'est NUL ! On dirait un enfant de six ans qui a écrit !". Mais nous, on le sait, parce que c'est ça qui nous fait marrer. C'est comme si on avait une sorte d'auto-immunité sur Koh-Lanta (rires). Quand on fait "Évier Metal", par exemple, ou quand on fait "GPT (à l'instant)", on sait que c'est de la merde. Donc, si quelqu'un nous dit que c'est de la merde… Ben ouais, c'est de la merde.
MB : C'est la barrière. (rires)
F : En fait, ce que j'adore, c'est que t'es quasiment inattaquable quand on t’accuse de la faiblesse de tes morceaux. Et c'est exactement ce qui nous fait marrer, ce décalage. Il y a des mecs qui pourront nous dire que musicalement, c'est pauvre, pourquoi pas. Des mecs qui sont vraiment dans les trucs pointus de Prog. Je pourrai comprendre. Mais globalement, on est d'accord, la majorité des gens vont s'entendre sur le fait que c'est quand même solide. C'est souvent ce qu'on entend. Genre, putain, ça déconne, mais par contre, c'est solide. Ça fait toujours plaisir. On a une expression entre nous, on dit “écouter en chinois”. Quand on écoute en chinois, c'est-à-dire, d’imaginer, t'es chinois, tu comprends rien-
M : … (rires)
F : Bon, t'es martien, si tu veux ! Tu comprends rien, mais tu fais putain, c'est solide ! Et là, derrière, on aime, c'est comme ça. Là, c'est le côté un peu gamin qui parle. On aime détruire ça avec un concept complètement con. Parce que la musique, elle est quasiment premier degré écoutable comme du vrai Metal, je veux dire, comme un "vrai" groupe. (rires) Et là, on va mettre dessus : "il m’éclaire quand il brille dans la nuit…", "le robinet fait couler l’eau…". Et là, les gens sont là : "Mais non, mais non, mais non… !". Et limite :"Mais pourquoi ? Vous êtes des bons zicos, pourquoi vous faites pas un vrai groupe ?". Il y a des gens qui me posent la question : "OK, c'est bien, mais vous vous pouvez faire un vrai groupe, s'il vous plaît ?". Mais pour moi, ce qui est incroyable c'est de tout casser avec une voix de merde *pointant Manard*… Faire des paroles premier degré comme tout le monde, c'est déjà fait… Si c'est pour faire du LAMB OF GOD, même si c'est hyper bien fait, non ! Moi, ça ne m'intéresserait même pas de faire du Metal premier degré.
MB : Qu'est-ce qu'on aurait eu à dire ? (rire)
M : En vérité, c'est qu'il y a des groupes qui sont bien meilleurs que nous. Certes, on sait jouer de notre instrument, mais on n'est pas non plus... On n'est pas les gros geeks qui existent aujourd'hui dans la scène Metal.
MB : Les"Djents"!
F : Moi, je me sens pas vraiment guitariste à 100%. Si on me demande de faire une masterclass guitare, ma main gauche est pourrie. Si on me demande de faire une masterclass de chant, je sais pas trop comment je fais. C'est un peu un mélange de trucs qui fait que c'est un OVNI dans le sens où je me sens plus imitateur ou animateur. Quand je suis en concert, c'est presque un show d’humoriste. C'est ce mélange-là qui existe qui est intéressant pour nous. Mais je comprends totalement le mec qui est affligé et qui dit que c’est de la merde.
Remissa : Je sais à qui tu penses quand tu dis ça !
F : (rires) À l'époque... Tu sais, sur les vieux webzines qu'on avait et qui nous chiaient dessus, quand tu voyais qu’il y avait une news sur ULTRA, tu allais voir les commentaires car tu savais que tu allais te régaler. Tu sais que tu vas te régaler parce que c'est impossible pour eux. À la limite, ils nous en veulent même pas tant à nous ! Ils en veulent aux gens et ils disent qu’ils ont de la merde dans les oreilles !
M : Ben comment c'est possible que JUL il ait autant de succès ? Parce que t'as toujours des gens que tu vas dire “Je comprends pas comment on peut écouter cette merde”, qu’importe le style.
Remissa : Mais chez vous, il y a un côté exutoire : j’ai beau écouter des groupes ultra techniques avec de la grosse branlette de manche, je sais que je vais reconnaître la qualité de votre boulot avec tout le second degré qui va avec, en ayant conscience que vous n’écrivez pas du Balzac !
M : En plus attention, Balzac c'est des romans. (rires)
F : On parle de ça, mais il y a aussi des mecs qui ont décidé que non, putain, le Metal, c'est sérieux par définition. Donc, on ne se marre pas avec ça. C'est sérieux, c'est politisé, c'est engagé, point. Honnêtement, là-dessus, qu'est-ce que tu veux dire ? Il n'y a même pas de discussion. T'as le droit. Moi, je comprends. C'est un peu comme Dedo quand il dit que les jeux de mots, ça le fait pas marrer. Je vais pas lui dire, si c’est marrant !
M : Moi, je lui ai dit ! (rires)
F : Si t'aimes pas le mélange, si ça te cringe… Moi, je comprends totalement. C'est un truc qui est quasiment indiscutable. C'est une question de pur goût. Je crois que j'arrive à comprendre exactement ce qui se passe. Quand un mec entend du gros Metal et qu'il entend une voix de con dessus : ça marche pas. Il a pas envie d'entendre ça. Depuis le début du groupe il y a des gens qui sont dans ce mode-là. Il n'y a rien à dire. C'est de la merde.
MB : Moralité ? (rires)

Est-ce que vous avez eu des retours inattendus ou des réactions surprenantes de la part des artistes que vous parodiez ?

F : Le plus surprenant, je pense, c'est CALOGERO. En plus, c'est marrant, car on aurait tendance à dire que les trucs qu'on parodie, c'est que des trucs qu'on écoute. En l'occurrence, je vais pas te mentir, CALOGERO… J'écoute pas trop. (rires) Bien sûr, je connaissais ce morceau-là. Il y a quelques morceaux qu'on connaît, mais je me disais pas qu'il fallait qu'on lui fasse particulièrement un hommage. C’était une ERREUR. (rires) GOJIRA, pour le coup, c'est des mecs qu'on connaît depuis longtemps. Ils étaient au courant largement avant que le morceau ne sorte. Ils nous ont même encouragé à ce qu'il sorte. C'était un moteur. On commençait déjà à le gratouiller en live longtemps avant, et c'est CALOGERO, lui, qui a été une surprise car il a entendu le morceau et on a entendu parler de lui par label interposé.
MB : Attends, t’as pas vu ? Il a fait une vidéo !
F : J'ai même pas vu.
MB : Ah bon ?! Il a fait une vidéo pour nous féliciter du disque d'or !
F : Ah ouais. Ben je l'ai pas vue. (rires) J'en ai entendu parler car il avait dit que c'était trop cool. C'est surprenant. Au pire, il aurait pu juste dire qu'il trouvait ça marrant.
MB : Attends, on lui a reversé la SACEM aussi !
F : (rires) Mais oui, là, ça a été surprenant. Sinon, après, qu'est-ce qu'on a eu ? Toi, t'as eu un vocal de LINDEMANN, non ?
M : Exactement ! J'ai une copine qui est proche des mecs de RAMMSTEIN. Le premier retour que j'avais eu, c'est qu'elle m'avait dit qu'elle avait fait écouter au guitariste avec une oreillette et qu'il s’était marré. Et c'était le fameux after au Hellfest Corner : elle était là, et à un moment, elle me fait écouter un vocal de Lindemann qui faisait "KAMMTHAAAAR". Et puis, le meilleur retour… C'était Carlos qui est mort directement.
F : Lemmy aussi. Joe Cocker aussi. (rires)
M : Le meilleur truc, c'est le petit cri de Michel Blanc sur "La Puissance Du Pouvoir", et deux mois après, il meurt.
F : Y a une petite malédiction. (rires)
M : Donc sur le prochain album, normalement, il y aura une parodie de JUL, une parodie de MAITRE GIMS… Non je déconne, on n'a pas envie qu'ils meurent, hein !
F : (rires) On va se retrouver en prison. Appel au meurtre.

Justement, en parlant de"Kammthaar", est-ce que ça vous arrive de vous faire héler de façon un peu lourdingue quand vous vous baladez dans la rue, lorsqu’on vous reconnaît ?

F : C’est énorme, j'avais jamais entendu ce verbe. Je le connais, mais je l'avais jamais entendu.
Remissa : C'est pour ça que j'ai l'air con à lire mes notes. C'est écrit, j'ai l'air con. Donc, quand on vous interpelle dans la rue...
F : Non, quand on nous "hèle". (rires) Au Hellfest, on arrête pas de se faire HELLer !
M : Ça peut arriver. Je m'en sors un petit peu plus en ce moment, mais ça arrive quand je fais mes courses.
F : Y’a pas mal de gens qui n’osent pas. Moi je suis pas du genre à aller voir les mecs, comme ça... Je ne sais pas ce que je vais leur dire ! Je bloque.
M : Ben Philippe Katerine au resto !
F : Ben ouais, en plus peut-être qu’il nous connaît, on a au moins trois ou quatre dates avec lui ! Pareil, je n'ai pas osé aller le voir. Du coup, des fois, je vois juste dans l'attitude, dans le regard, je vois qu’ils ont cramé. Après, des gens qui nous reconnaissent, je ne vais pas te mentir, ça arrive forcément plus quand tu fais une soirée Metal que quand tu vas faire tes courses à Leclerc.
M : Ben moi, à la pharmacie, j'ai signé une boîte de Doliprane.
F : C’est pas vrai ? (rires)
M : Je te jure. J'ai signé une boîte de Doliprane à un pharmacien.
F : Moi c'était à Intermarché. J'allais chercher des nounouzes pour un apéritif. Il y avait un petit gars qui faisait la mise en rayon. Franchement, c'était assez énorme parce que je commence à prendre une nounouze et le gars était vraiment... Tu sais, il était par terre. Et là, il se retourne, il y a la lumière du rayon derrière, mais c’était dans ses yeux.
Remissa : (rires) Il a vu Dieu !
F : Il a bugué, mais je pense qu'à la limite, c'est presque un malaise. (rires) Il m’a vu d'en dessous… Il s'est retourné, j’étais en train de prendre mon pack de Despé, et il a fait comme ça. *mime les gros yeux* J'ai vu direct qu'il m’avait reconnu. C'était énorme, c’était un petit jeune et il pouvait pas sortir un mot. J’ai essayé de lui parler, je lui ai souhaité une bonne soirée, c'était trop chou. Il a vraiment bloqué. Je pense que ça a pu être choquant limite !
Remissa : En même temps, c'est souvent comme ça qu'on vous voit sur scène !
F : Nan, c'était vraiment abusé. J'étais à trente centimètres, on ne fait pas ça aux gens dans la vie ! (rires)
Remissa : Si ça se trouve ça n’avait rien à voir avec la musique !
M : Je crois que mon dentiste me connaît aussi. Je l'ai su par sa secrétaire.
F : Là c'est l'inverse ! C'est toi qui étais en dessous ! (rires)
M : Au bout de trois-quatre rendez-vous, je crois que sa secrétaire m'a dit qu’elle nous suivait.
F : C'est cool quand tu es soigné par un fanatique ! (rires)
MB : Le resto qu'on avait fait à Rennes une fois aussi ! Il y avait un père et son fils au loin. Ils nous regardaient. Je sentais qu'ils avaient des looks de metalleux. Tu avais lu sur ses lèvres. *mime sur les lèvres "c’est pas lui !"*. (rires) Il l'a fait à son fils. C'est marrant.
F : Après, il a fait comme ça : *mime sur les lèvres "fils de p* !"* (rires). C'est l'enfer. Au volant faut éviter ! C’est dangereux.

Après la sortie de l’album, avez-vous des projets particuliers pour le groupe, à part faire le tour de l'intégralité des Zéniths de France ?

F : Des vidéos clips. On avait cette frustration de ne pas faire assez de clips car on ne savait pas qui allait les réaliser, un peu de flemme aussi (rires), de budget, d'argent, donc il y a une volonté de clipper et ça va pas mal nous occuper. De toute façon pour l'instant on est en début de tournée, donc l’objectif c'est faire grossir le show, on a des échéances importantes de type festival, de type Zéniths qui vont arriver et les Zéniths c'est une petite pression quand même je vais pas mentir ! Au début notre tourneur voulait nous mettre ça en tout début de tournée ! Donc on va plutôt commencer gentiment et puis on verra ça en deuxième partie. Ca va arriver, ça va être cool, c'est une putain d'exposition, donc le projet c'est ça, et faire vivre l'album.

Est-ce-que vous avez des albums qui vous ont marqué récemment et qui tournent pour votre propre plaisir en dehors de la recherche d’inspiration pour l’album ?

F : MR.82 ! C'est un orchestre, c'est quasiment un one man band mais c'est un groupe québécois qui vient du groupe ANONYMUS. C'est une sorte de PERTURBATOR ou de CARPENTER BRUT dans l'esprit mais c'est à la fois vachement électro et hyper Metal avec des énormes riffs, le son est monstrueux et c'est des délires qu'on peut rapprocher un peu d’ULTRA parce que c'est complètement second degré. C'est des thèmes complètement débiles, et c'est hyper drôle mais c'est surtout que quand tu écoutes, la vache !
MB : Ils ont pas sorti d'album c'est que des EP, deux je crois.
F : C'est un groupe qu'on voudrait pousser, on voudrait qu'il vienne en France, parce que pour moi il y a deux pépites au Québec, et d'ailleurs il y a Jeff Fortin qui est le dénominateur commun : c'est MR.82 et MONONC' SERGE & ANONYMUS. C'est un peu compliqué mais c'est un mashup entre le groupe ANONYMUS, groupe de Metal ancestral et MONONC' SERGE, chanteur ancestral québécois. Les deux ensemble ça fait un espèce de truc complètement barré qui est pour nous le pendant un peu de ce qu'on fait au Québec. On a fait des dates aussi quand on pouvait le faire avec eux parce que ça marche hyper bien comme match, et il s'avère qu’ils ont sorti récemment un album, quasiment en même temps que nous, et je l'ai pas mal écouté. C’est l'album "Metal Canadien Français" de MONONC' SERGE & ANONYMUS ; Et MR.82 on a redécouvert ça justement en tournant avec eux, je me suis dit “Putain c'est énorme”. Donc pour moi ça serait ces deux trucs là. Après si on reste dans le Québec, moi j'ai beaucoup poncé LES TROIS ACCORDS aussi, c'est un groupe incroyable qui est pour moi un peu sous-coté aussi, mais bon ça a son succès au Québec mais pas forcément trop en France, donc je vais y aller en full Québec, mais sinon il y a sûrement d'autres trucs.
M : Récemment je saurais pas trop dire, moi j'achète plein d'albums, mais la dernière grosse giflasse, c'est le dernier MEGADETH, à cet âge-là faire un album comme ça… C'est le… seizième album ? Je me demande comment ils font.
F : Après moi c'est pas un album, mais au niveau impact, mais je trouvais que GOJIRA aux J.O. c'était n'importe quoi. Ça m'a choqué, je l'ai rematé 14 000 fois. C'est juste un titre mais la résonance est monstrueuse. Je sais même pas si on se rend compte de l'impact que ça a, même pour tous les petits groupes de Metal français, avec cet espèce de wagon de tête qui tire tout le monde vers le haut, c'est incroyable, et limite je me disais c'est pratiquement le moment de Metal le plus iconique de tous les temps, car j'ai pas forcément d'images d'autres trucs aussi importants.
Remissa : C’était tellement condensé en plus, c'est vrai que c'était assez fou.
F : Ça a un impact mondial, j'oserais faire la comparaison avec un "Thriller" de Michael JACKSON, quand le clip sort sur MTV à l'époque, tout le monde va regarder ça dans le monde entier. Bon là forcément c'est plus "niché", mais tous les métalleux du monde ont l’image du sang de Marie-Antoinette.
M : Le seul truc avec lequel tu peux comparer, c'est les mi-temps du Superbowl.
F : Mais là j'ai l'impression que l'impact est monstrueux, c'est pas un album mais je dois le citer, parce que récemment si on me demande une gifle que j’ai prise, c'est ça. Je ne m'y attendais pas, et c’était parfait.
M : Je me prépare une gifle en live bientôt, je vais aller à un festival à Eindhoven, et il y a quand même COVENANT qui va jouer "Nexus Polaris" en entier, avec le line-up de l'époque, je crois que ça n'a jamais été fait.
F : *imite les cymbales du singe des Simpsons au-dessus de sa tête* (rires)
M : Parce que là on parle pour moi, d'un des meilleurs albums de Metal de tous les temps.

Et dernière question, est-ce que vous auriez un mot pour le lectorat de NIME, qui n'est, je le rappelle, composé que d'érudits et d'intellectuels, et qui me détesteront pour avoir conduit cette interview ?

F : Ah bon, à Nîmes c'est comme ça ? (rires)
M : Mais non il parle de Nightfall In Metal Earth ! (rires)
F : Aaah oui d'accord !
M : Non mais un petit mot quand-même, ce que j'aime bien c'est que c'est un webzine qui est orienté Heavy Metal et c'est ma passion, donc je vais souvent voir les chros, et je suis un grand fan de BLIND GUARDIAN en plus donc…
F : Qu’est-ce-que je peux leur raconter moi ?
Remissa : Tu veux leur dire quoi aux habitants de Nîmes ? (rire)
M : Il n'y a que moi qui connaît, laisse tomber ! Donc merci à vous et continuez comme ça !



             



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