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2003 1 White1
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SUNN O))) - White2 (2004)
Par MOX le 6 Février 2010          Consultée 2939 fois

Au final, SUNN, c’est à moitié sérieux, car le côté extrême et hermétique est largement contrebalancé par des notes d’humour et un manque de prétention. "White2" en est un très bon exemple : jeux de mots foireux autour de leur patronyme ("Hell-O)))-Ween"), clichés faussement arty des musiciens (SOMA dans une cage d’escalier avec des cernes presque aussi profondes que les miennes), participation du guignol hongrois Attila Csihar prouvant leur attachement au milieu metal, mais surtout, surtout, la jaquette. Ce dessin de Pieter Bruegel l’Ancien, auteur de la bien-connue toile de la Tour de Babel, représente ici des apiculteurs au XVème siècle. On commence à saisir la caricature, je donne les derniers indices : quel bruit fait l’abeille ? Comment les musiciens sont-ils habillés sur scène ? Voilà : « Salut les auditeurs, on est SUNN, on en a rien à foutre, on fait vraiment ça pour le lulz, mais on est quand même savant ».

Et quant à nous, pas facile de prendre au sérieux un groupe au visuel partagé entre le blanc et le orange, tout ça sonne intello, pas vraiment metal, encore moins rock. Outre l’intérêt plus que certain de SUNN pour les deux genres précités, sa place ici est immédiatement gagnée dans le tiroir des expérimentations bizarroïdales, entre les shredders camés et les Légions Noires. Ni plus ni moins. Et "White2" en atteste, même si considérablement moins surprenant que le premier volet.

C’est d’abord une terre connue qu’on accoste, le jeu de guitare méchant et noir de "Flight of the Behemoth" encerclé par la saturation chaude ; cette même atmosphère suffocante due à un espace sonore rempli de fumée, laquelle tourbillonne et semble vomir des volutes à chaque assaut sur les cordes. Haaaaa, cette apocalypse, cette menace rampante, ce scénario qu’un enfant pourrait écrire, tellement ridicule en fond, tellement abrutissant et prétentieux une fois sous le casque, ce qu’il est de meilleur chez SUNN, brûlant. Si le lecteur suffoque aussi à cette occasion, c’est surtout parce que je viens de taper tout un paragraphe sans un seul point. Bref, il est sympa ce "Death Becomes You". Tu dis quoi, Marcel ? Ah, c’est pas ce morceau ? Ah bon ben c’est un peu du réchauffé alors, Marcel ! (réchauffé, Marcel, chauffe Marcel… Oui ? Hein ? Pas mal, hein ?)

Qu’on se réjouisse et qu’on s’emplisse d’allégresse telle Valérie Mairesse car comme disent les Anglais, c’était un faux-pas. L’expérimentation apparaît derechef, laissant tout à fait pantois quant au premier titre dispensable. SUNN qui se réveille, cherchant le drone là où il le n’a pas encore trouvé, là où BORIS n’a pas encore élu domicile : dans un environnement froid et dépouillé et à la limite de l’ambient. Inutile de nier qu’on y a mis ici un pied, tant l’idée de mélodie, encore un peu vivace auparavant, a disparu. Il n’y a plus de rythme, plus d’élément moteur et même plus de couches de saturation. Il n’y a plus de logique, plus de structure. Bon y’a quoi alors ? Des sons, des allers-venues, un jeu angoissant mené seulement par une basse qui se duplique pour créer l’atmosphère de caverne humide pour embaumer les morts. C’est plus que particulier, presque idiot puisqu’on a parfois l’impression de rester bloqué vingt minutes devant un électroencéphalogramme, absorbé par les infimes variations de tensions et les artefacts. La lobotomie, c’est jouissif.

Mais pas autant que cet alcoolique de Csihar récitant à moitié shooté un texte du Shrimad Bhagavatam sous fond de musique crispante, voire horrifiante par moments. Encore moins de notes, pour davantage d’arrière-plan en forme de bruit, de son continu. Du larsen temporaire, de la distorsion permanente, des souffles cycliques donnant l’illusion d’une toile structurée ; et la touche finale de folie incarnée par le parler d’Attila, noyé dans un chaos monté par moins de notes, moins de démonstration que dans leur drone chaud. Encore un test éprouvant, fatigant même au bout de dix minutes.

Et maintenant, qu’avons-nous appris aujourd’hui ? Hé bien, qu’il ne faut pas manger de champignons qui poussent dans des cavernes humides pour embaumer les morts car on se retrouve après à psalmodier les écrits védiques. Alors, je sais qu’Alice fait pareil et qu’elle voit des choses marrantes comme la course saugrenue, je sais aussi que c’est tentant tous ces magasins dans le Red Light District de où-vous-savez (« remember, don’t take pictures of the prostitutes, it’s extremely rude »), mais les champignons ça rend con. Leur seule utilité, combinée à un volume des enceintes over 9000 est de vivre une expérience dramatique avec "White2", d’halluciner des globules jouant de la basse sur fond étoilé de supernovae explosant d’un peu partout. En effet, sain d’esprit, le volume ne suffit pas à maintenir totalement éveillé.

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- Greg Anderson (guitare, basse)
- Stephen O'malley (guitare, basse)
- Attila Csihar (chant)
- Joe Preston (guitare, basse, programmation)
- Rex Ritter
- Dawn Smithson


1. Hell-o)))-ween
2. Bassaliens
3. Decat2 [nihil's Maw]



             



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