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BLACK ATMOSPHÉRIQUE  |  STUDIO

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WODENSTHRONE - Loss (2009)
Par MEFISTO le 2 Octobre 2009          Consultée 8475 fois

Il était une fois un britannique prophète barbu aux guêtres hideuses qui errait dans les limbes de son égocentrisme. Un jour, à la recherche malgré lui d'une sensation forte qui le pousserait à quitter sa geôle charnelle et psychologique solidifiée par une propension pour la noirceur imbuvable, il eut une illumination sonore coupable en entendant une horde de bardes nommée WINTERFYLLETH, dont les airs nostalgiques lui rappelaient les temps anciens, disparus au profit d'une époque postmoderniste plus barbare encore que celle de ses ancêtres : des forgerons des brûleries montagnardes de son maître adoré, le Dieu de la noirceur infinie, de la bile, de la pisse et de la sueur, prospecteur minier bouffant les charbons ardents des entrailles terrestres. Le prophète regrettait cette ère en écoutant religieusement les compositions guerrières et terreuses de WINTERFYLLETH, étonné de se laisser aller à autant de sympathie pour un groupe de bardes virils chantant les exploits martiaux des premières branches de leur arbre généalogique. Lui qui était habitué de baiser les pieds sales de son boucher de gourou à cornes qui n'aimait rien, sinon sa soi-disant intelligence supérieure et les chœurs maléfiques de ses serviteurs.

Un jour frisquet de septembre, le prophète marchait dans une forêt « trve ivel » des alentours de Nottingham, où il aime bien méditer en sifflotant du DARKTHRONE. Il repensait encore à WINTERFYLLETH en maudissant intérieurement tous ceux qui n'aimaient pas, tous ceux qui détestaient ces airs qu'il se fait un malin plaisir à chuchoter devant son idole du Grim Reaper. Il se demandait bien pourquoi ces petits coquins n'arrivaient pas à comprendre sa passion, à l'analyser, à la louer, à lui faire des révérences à ne plus finir…

Toujours assoiffé de grandiose, ses oreilles captèrent une mélodie lointaine qui le fit aussitôt planer, provenant d'une taverne sise à une centaine de mètres de l'orée du bois. Il s'en approcha, la musique devenait de plus en plus claire et c'est alors qu'il poussait la porte qu'il reconnut un des bardes de WINTERFYLLETH ! Or, les quatre autres lui étaient inconnus, bien que les ambiances nostalgiques et terreuses de leur musique lui rappelèrent celles dont il se délecta jadis. Il attendit, les yeux fermés par une jouissance indicible, que le groupe termine son excellent spectacle donné devant quelques tablées de rustres bourrés, et s'approcha de Wildeþrýð, qui se débarrassait de sa guitare pour empoigner une choppe.

« Je te connais toi », dit-il en toisant le prophète.

« Oui, je suis un de vos admirateurs », répondit l'autre en enlevant sa capuche.

« Pourtant, tu m'as l'air d'un suppôt de Satan avec ton visage dur et ton t-shirt de "Transylvanian Hunger" ! »

« Oh, ça, c'est rien. C'est qu'une couverture… Je suis bel et bien attaché à mon maître qui me dit comment penser et qui m'incite à tout envoyer valser quand c'est pas hyper noir, mais je sais apprécier de la bonne musique et vous, vous en faites. Au fait, où sont tes potes de WINTERFYLLETH ? Partis se droguer avec les mecs de WITTR, qui semblent presque des nains à côté de vous... ? »

« Je sais pas trop… Je leur ai dit de pas trop m'attendre, car j'ai rencontré d'autres types avec qui j'ai décidé de partir un autre groupe. En fait, ce qui me faisait chier avec eux, c'est qu'ils embarquaient pas vraiment quand je me mettais à jouer du synthé. Avec WODENSTHRONE par exemple, je peux me laisser aller, pousser la note plus loin, agrémenter les longues complaintes de mon deuxième instrument et vraiment rendre hommage à mes ancêtres, à mes terres. Et merci pour le compliment déguisé en chiennerie envers WITTR, mais je n'irais pas jusqu'à dire que nous sommes meilleurs. Seulement... différents.»

« Merde, mais je pensais jamais que tu quitterais ce super groupe… Et puis pour WITTR, t'as raison, même si tu es d'une modestie à faire pâlir le plus excentrique des chroniqueurs.»

« WINTERFYLLETH, c'est du passé. Je fais partie d'un groupe encore plus dédié. Nous revenons justement de Roumanie, où nous avons enregistré notre premier album, "Loss", avant de revenir dans nos chaumières inspirantes.» T'en veux une copie ? »

Le prophète se met à sautiller de joie en se répétant dans sa tête contrôlée par son maître : « Wow, trop ivele, trop trve, en plus sa musique est bien mieux que celle de WINTERFYLLETH, mais ça je ne devrais pas lui répéter… Oh, je plane, je ne comprends plus pourquoi j'aime autant les incantations des serviteurs de mon maître alors que ces atmosphères infiniment grandes me pourchassent sans cesse depuis tout à l'heure… »

« Bien sûr, ça me ferait grandement plaisir », dit-il, la boule d'excitation bloquée dans la gorge.

Aujourd'hui, le prophète se contrefout bien des idées que son maître lui a injectées dans la tronche de force. Il doit se dominer pour cacher son album chéri à son gourou sous peine de passer au fouet, il doit se faire violence pour ne pas se vautrer comme un sauvage sur ce "Loss" d'une qualité inouïe. Il plane tellement qu'il en oublie même sa marotte : « Tout comprendre, même l'inanalysable ». Il ne comprend plus rien, car il ne jure que par WODENSTHRONE lorsque le soleil décline et que sa raison périclite. Il a enfin compris que la musique se ressent et ne se déchiffre pas.

Le prophète songe parfois, perché sur sa montagne comme une buse, que son maître avait tout faux. Que trop de ses esclaves se complaisent dans une rhétorique absurde qui leur embue les sens, leur fait perdre l'orientation. Que WODENSTHRONE est bon avec ses instruments possédés maniés par des bardes emprisonnés dans une transe aussi opaque que son égocentrisme… obsolète.

Le prophète entre alors dans une colère aussi noire que son cœur « trve ivele » et déchire son t-shirt de "Transylvanian Hunger" pour le lancer aux charognards dormant plus bas. Libéré, exalté, il fulmine contre son maître et se jure que plus jamais il ne tentera de se croire plus catholique que le Pape.

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- Brunwulf (chant)
- Wildeþrýð (guitare, synthé)
- Gerádwine (basse)
- Hréowsian (batterie, percussions)
- Rædwalh (guitare)


1. Syrgenstream
2. Leodum On Lande
3. Heofungtid
4. Those That Crush The Roots Of Blood
5. Black Moss
6. Upon These Stones
7. Pillar Of The Sun
8. That Which Is Now Forgotten



             



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