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BLACKENED DRONE DOOM  |  STUDIO

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SUNN O))) - Black One (2005)
Par T-RAY le 6 Octobre 2008          Consultée 6008 fois

Lorsque l'on est, comme Stephen O'Malley et Greg Anderson, des chantres de la musique ultra-lente, ultra-lourde et ultra-sinistre, et que l'on est sans cesse à la recherche de territoires à explorer dans la musique extrême, on finit forcément par avoir envie de faire copuler sa musique avec les sphères noires du black metal. Et comme les Etats-Unis, pays d'origine des deux hommes, disposent d'une scène assez vivace en matière de black lent et ambient à la mode BURZUM – scène qui, il faut le dire, est la plus proche musicalement parlant du drone doom pratiqué par SUNN O))) – la création d'un album "noir" poussant le drone dans ses plus sombres et profonds retranchements devenait une évidence.

C'est ainsi qu'est né ce « Black One ». Avec lui, les deux stars du label Southern Lord ont sans doute accouché de leur œuvre la plus extrême (voire la plus extrémiste) au sein de SUNN O))). Et le fait d'avoir convié Wrest, l'homme-clef de LEVIATHAN, ainsi que Malefic, l'âme damnée de XASTHUR, pour enregistrer les (rares) vocaux de cet album prouve leur volonté d'aller très loin dans ce domaine. Cette collaboration nous entraîne donc, pendant plus d'une heure, dans une plongée progressive vers l'Abysse, dans un océan de froides ténèbres.

Vous croyez avoir entrevu la plus profonde noirceur après avoir entendu "Sin Nanna", court premier morceau (2'19'') de cet album ? Détrompez-vous, la suite est encore plus noire. C'est déjà trop pour vous ? N'allez pas plus loin. Si au contraire vous avez l'esprit clair et le cœur bien accroché, alors poursuivez le voyage. Le meilleur arrive.

"Sin Nanna" n'est en effet que le seuil de ce gouffre insondable qu'est « Black One ». Parcouru de quelques percussions (là encore très rares sur cet album) lointaines et sinistres, ce morceau n'est là que pour mettre dans l'ambiance. Les premières infra-basses apparaissent, discrètes, simplement comme une ligne directrice, un canevas de ce qui va se tramer ensuite. Et cette suite, c'est "It Took The Night To Believe", qui plante définitivement le décor. Les parties de guitare ultra lentes, répétitives, ajoutent un côté lancinant au magma de basses fréquences créé par les quatre-cordes d'Anderson et O'Malley. Comme une mer noire encore calme, d'où s'échappent les cris et la voix grave et ténébreuse de Wrest, la musique du duo n'est encore agitée que par un léger courant, régulier. Mais celui-ci contient déjà toute la violence dont ces flots peuvent faire preuve une fois déchaînés, ce qui ne va pas tarder.

Pas encore avec "Cursed Realms (Of The Winterdemons)", mais après. En effet, Cette vraie-fausse reprise d'IMMORTAL – vraie pour les paroles, fausse pour la musique – est assez "calme" elle aussi. La voix de Malefic (ici au micro), étouffée et plaintive (désagréable diront certains, mais c'est le but) apporte une nouvelle ambiance à la musique. Un côté plus dépressif mais aussi moins rythmé. Cette notion de rythme, encore vaguement présente sur les deux premiers titres, disparaît presque totalement sur celui-ci. Seul le vent froid, et sans doute toxique, qui parcourt le morceau offre une alternative au son des basses qui prend ici la place principale, comme un magma qui se met à bouillir et va se faire de plus en plus destructeur.

Le peu de lumière qui restait encore visible s'éteint à la faveur des deux titres qui suivent. Le noir océan connait ses premiers remous, qui viennent s'abattre sans rythme sur un rivage déchiré. Les larsens sinistres et les cymbales qui frisent, parcourant les élans d'infra-basses de "Orthodox Caveman", font froid dans le dos. La douce et mystérieuse mélodie de guitares qui ouvre "CandleGoat" n'est qu'un leurre. La lumière ne reviendra pas. Déjà les élans désordonnés des basses effritent les rives écorchées du noir océan dans lequel on s'enfonce. Les ténèbres sont seules ici. Et la voix démente qui s'en extrait est là pour le rappeler.

"Cry For The Weeper" confirme que les tréfonds de l'Abysse, et les frontières du monde connu, sont proches. Des sons clairs, non encore entendus mais cependant lointains, se font entendre, vite rattrapés par les basses fréquences, qui s'écrasent ici comme des vagues sur une falaise, avec un reflux continu et de moins en moins tempéré. Enfin, "Bathory Erzsébet" marque la fin de ce voyage vers les profondeurs. Un autre monde se dévoile, lentement, à la faveur de quelques lointains sons de cloche, dont la résonance trouve son écho dans les basses, de plus en plus envahissantes au fil des minutes. Le noir océan, secoué d'un courant irrépressible, condamne désormais toute remontée vers la surface. Malefic, lui, s'y est résigné. Et comme lui, on essaye de trouver sa place dans ces profondeurs étouffantes, qui finissent par se refermer comme une tombe.

Tel est ce « Black One », aussi noir et insondable qu'effrayant et excitant. Un manifeste de l'extrême dans toute sa splendeur, et des horizons que peut atteindre le drone doom. Qui mieux que SUNN O))) pouvait explorer ces territoires musicaux avec autant de maîtrise ? Toutefois, à l'écoute de ce « Black One », on se prend à croire que tout n'a pas encore été dit dans ce domaine. Encore plus profond ? Encore plus noir ? Encore plus maléfique ? Encore plus dément ? Si le duo a intitulé cet album « Black One », c'est qu'il croit pouvoir aller encore plus loin sur un éventuel « Black Two ». Permettons nous d'y croire aussi, et d'attendre la suite avec impatience.

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   T-RAY

 
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- Greg Anderson / Mystik Fogg Invokator (guitare, basse, claviers)
- Stephen O'malley / Mk Ultra Blizzard (guitare, basse, effets)
- Oren Ambarchi (guitare, percussions, effets, vocaux)
- Wrest (vocaux)
- Malefic (vocaux)
- Mathias Schneeberger (effets, samples)
- John Wiese (effets, machines)


1. Sin Nanna
2. It Took The Night To Believe
3. Cursed Realms (of The Winterdemons)
4. Orthodox Caveman
5. Candlegoat
6. Cry For The Weeper
7. Bathory Erzsébet



             



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