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HEAVY METAL  |  STUDIO

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MEGADETH - The System Has Failed (2004)
Par POSSOPO le 13 Septembre 2004          Consultée 34908 fois

« Tout le monde souhaitait que je sorte un "Rust In Peace" numéro 2. Je ne pense pas l’avoir fait, mais disons que ce nouveau disque est une progression naturelle (une suite logique) de "Rust In Peace" ».

Dave Mustaine ne le cache pas, "The System Has Failed" fait de l’œil aux nostalgiques de la grande époque, celle qui voyait MEGADETH comme un concurrent possible de METALLICA pour le titre de plus grand groupe de metal du multivers, celle qui voyait ses chiffres de ventes commencer à gravir les sommets, celle qui voyait la plupart des critiques (je dis la plupart car Dave Mustaine n’a finalement jamais fait l’unanimité, certains trouvant son timbre de voix pénible, d’autres ne comprenant pas le charme de tous ses riffs souvent perçus comme froids et dénués d’âme) applaudir devant des compositions où maîtrise technique et efficacité se mariaient à merveille.

Ces déclarations ne sont une surprise pour personne. Après le très mal reçu "Risk", qui voyait la musique du quatuor perdre ses dernières rugosités et s’accorder ainsi avec un logo que l’on dira épuré pour rester diplomate, une (salutaire ?) prise de conscience a vu le combo opérer un mouvement de volant suffisamment hardi pour faire un demi-tour complet. La pochette de "The World Needs A Hero" marque le sanglant retour de la mascotte Vic Rattlehead, le sympathique retour du logo le plus populaire (mais pas originel, vous n’avez qu’à jeter un œil sur l’artwork de "Killing Is My Business…And Business Is Good" !), l’amusant retour du "Hangar 18"… Bref, le retour du vrai MEGADETH (classique expression de fan).

Retour de courte durée puisque peu de temps après la sortie de son neuvième opus, le leader à la chevelure blond vénitien a eu comme un ennui, un accident cocasse et tragique. Alors qu’il se reposait tranquillement dans un fauteuil roulant au centre de réhabilitation texan de La Hacienda, qui l’hébergeait pour ses récurrents problèmes d’addiction à la drogue, le filou s’est assoupi, le bras coincé par le dossier du fauteuil. Au réveil, le sang ne montait plus jusqu’au bras et il lui fut vite diagnostiqué une maladie nerveuse débilitante. En dépit d’un pronostic médical pessimiste, l’homme lutta pour retrouver l’usage de son membre et empoigner de nouveau sa guitare aimée. Avec succès puisque MEGADETH a pris tout récemment le chemin de la clinique pour avorter de son split, conséquence de l’accident, et probablement d’autres événements étant donné le chambardement total dans le line up.

Si les départs de Jimmy DeGrasso et Al Pitrelli ne constituent pas un choc insurmontable, celui du fidèle David Ellefson est plus surprenant. Junior fut de toutes les aventures, de toutes les crises et de tous les succès et le récent procès qui oppose les deux Dave donnera de l’eau au moulin de ceux qui pensent que Mustaine est un tyran, attristera les sentimentaux, fera rire jaune les gauchistes (les deux énergumènes se disputent quelques 18 millions de dollars), assombrira légèrement l’image lisse du bassiste.
Qui sont donc les participants au nouveau disque?

Jimmy Sloas n’est pas le plus célèbre des chatouilleurs de manche. Son curriculum vitae fait apparaître une multitude de collaborations dont celles avec ALABAMA et Garth Brooks.
Vinnie Colaiuta peut se targuer d’avoir enregistrer avec le fantasque Frank Zappa, Bill Evans, pianiste de bebop génial de sensibilité et 258743 autres artistes. Notons que de récentes informations viennent de nous annoncer le retour de Nick Menza derrière les fûts pour la future tournée mondiale, et le probable départ de Vinnie Colaiuta, si j’ai bien tout compris.

Le troisième bleu n’en est pas un et sa présence représente même la plus belle surprise du disque. Réputé dans le milieu fusion de Los Angeles depuis la fin des années 70 (il a évolué dans THE NEW-YORKERS, combo n’ayant pas laissé de trace discographique), son "Return To Metalopolis", sorti en 1990, est encore vu aujourd’hui comme une perle rare de fusion metal orientée guitare. 1993 est l’année de naissance de THE DAMN MACHINE, entité qui ne reçut jamais de véritable soutien, ni de la part de sa maison de disques, A and M, ni de la part d’un public trop épars. Il se concentre aujourd’hui, après l’épisode MUMBO’S BRAIN, sur son projet le plus abouti à ce jour (dixit de nombreux fans), OHM, dont le premier album éponyme mérite un minimum de publicité. Il y retrouve d’ailleurs Robby Pagliari, compagnon des premiers temps. Mais tout cela ne dit pas forcément grand-chose à grand monde. Et si le nom de Chris Poland vous rappelle de vagues souvenirs, c’est bel et bien pour son bécotage avec Dave Mustaine au début des années 80. Après avoir posé ces soli sur "Killing Is My Business…But Business Is Good" !, il inonde de son talent le sublime "Peace Sells…But Who’s Buying?". Nul doute que le côté progressif et jazzifiant de ce disque est aussi la cause des interventions du monsieur.

Les présentations faites, il ne reste plus qu’à évoquer en trois, quatre mots le contenu de "The System Has Failed".

"Kick the chair", disponible pendant un temps sur le site officiel de MEGADETH, ne trompe personne. Dave Mustaine a attentivement réécouté "Rust In Peace" pour nous livrer une sorte de bonus track quinze ans après. Dire que le morceau est dans l’esprit du quatrième album serait presque idiot puisque le refrain est presque l’exacte copie de celui de "Take no prisoners", que l’épaisseur du son est le fruit d’un mimétisme incroyable et que les riffs, tout en perdant un peu en technicité et en progressivité sortent de l’exact même moule que ceux produits sur le classique des classiques de MEGADETH. Chris Poland garde une totale discrétion en évitant de se laisser aller à trop de lyrisme dans ses phrases. Le trait est évidemment grossi mais le message ne passera ainsi que mieux : "Kick the chair" est un retour vers le passé, le compteur de la machine à remonter le temps s’étant arrêté en 1990.

"Die dead enough" aurait du faire office de premier single mais, après plusieurs annonces, rien n’a jamais surgi dans les bacs. Il figure tout de même sur l’album en deuxième position et son écoute prendra beaucoup de fans au dépourvu. Très agréable, mélodique, doté d’un son bien moins virulent que "Kick the chair" et d’un refrain instantanément identifiable, la comparaison avec n’importe lequel des brûlots de "Rust In Peace" est plus qu’incongru. Nous baignons ici dans une atmosphère à la "Cryptic Writings", disque un peu trop vite déprécié des fans.

Serait-on alors en train d’assister à un exercice de style retraçant l’immense carrière du quatuor ?
Une pincée de "Peace Sells…", une cuillerée à café de "Youthanasia", un brin de "Countdown To Extinction"…, le disque souffre d’un manque évident de cohésion/propose une admirable variété (à chacun sa chapelle). Difficile de ne pas trouver un morceau seyant à son propre goût, pas forcément évident non plus d’apprécier les douze morceaux avec la même intensité.

Cette diversité n’est ni réellement surprenante, ni franchement décevante, MEGADETH nous y avait déjà habitué dès "Cryptic Writings". L’élément le plus perturbateur, et cela n’engage que moi, est cette évaporation progressive, au travers des ans, de la notion de complexité. Les riffs des premiers albums étaient incroyablement techniques et riches en acrobaties digitales. Les dernières créations sont souvent plus simples et les prouesses techniques se font de plus en plus rares. MEGADETH n’étant pas le groupe le mieux doté en feeling, ce semi abandon peut gêner.
Autre point grisonnant, Chris Poland ne semble pas jouir de la plus totale liberté. Il est présent, certes, et sait encore nous éblouir mais ses supporters auraient souhaité plus de volubilité et d’éloquence. L’artiste semble bridé… comme il l’a été auparavant d’ailleurs, Dave Mustaine ayant toujours eu une légère tendance à la tyrannie. Disons juste que cela se ressent plus sur "The System Has Failed" que sur "Peace Sells…".
Enfin, les dernières plages ne sont pas particulièrement réjouissantes. "Of mice and men" est aussi mou que "Shadows of deth" est lourd, "My kingdom come" n’étant rien de plus que nullement inspiré. Au moins ces titres de remplissages figurent-ils en fin de disque et pourront être zappés même par les acheteurs de cassettes audio des pays de l’est.
Rien d’alarmant cependant, "Blackmail the universe" contentera les nostalgiques de la grande époque, "Truth be told" séduira tout le monde grâce à son intelligente variation d’atmosphères, "Back in the day" ravira autant les amateurs de headbanging sauvage que les auditeurs les plus délicats, le morceau se faisant remarquer par un riff de première partie irrésistible, un pont adroit et une progression admirable.

Peu de choses à dire au niveau des textes, Dave Mustaine continue a s’exprimer sur ses problèmes personnels et sur la politique américaine, les riches aventures de George Texas Ranger Bush et les péripéties dans le vie du chanteur guitariste fournissant le carburant nécessaire à de nombreuses bafouilles.

Le verdict final est mitigé. Il faudrait vraiment une nature terriblement enthousiaste pour crier à la renaissance d’un génie. "The System Has Failed" n’égale pas la qualité, et encore moins la fureur de certains de ses aïeux. Que ceux qui ont abandonné MEGADETH depuis longtemps ne s’encombrent pas de l’achat de ce disque, il risquerait de ne bientôt servir que de sous bock à poussière. Les curieux qui espèrent un nouveau départ, ou tout du moins de nouvelles idées, de la part d’une formation dont ils n’ont suivi la carrière qu’en larges pointillés, étancheront, eux aussi, leur soif de nouveauté à une autre fontaine. Le robinet de celle-ci, heureusement pas totalement à sec, ne coule que d’un goutte à goutte insuffisant aux gosiers les plus secs.
Mais il reste ceux qui n’ont jamais abandonné leur groupe, qui n’ont pas forcément atteint l’orgasme à l’écoute des derniers albums mais qui ont au moins fait l’effort de les comprendre et qui n’ont pas refoulé leur plaisir par simple snobisme. Ceux-là sont peut-être plus faciles à contenter, leur sens critique est peut-être moins développé, mais ils sont aussi certainement plus heureux.
Fort naturellement, "The System Has Failed" leur fournira ce qu’ils iront y chercher, un peu de bonheur.

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- Dave Mustaine (chant, guitare)
- Chris Poland (guitare)
- Jimmie Lee Sloas (basse)
- Vinnie Colaiuta (batterie)


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7. Back In The Day
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