Gardant en tête le Black/Viking Metal bien belliqueux de leurs débuts avec un "Jormundgand" (1995) et surtout un "Av Norrøn Ætt" (1997) hors de contrôle émotionnel tant la vigueur mélodique et les aspects acérés proéminaient de toutes parts, pouvant évoquer les plus beaux élans vigoureux d'un KAMPFAR ou d'un ANGANTYR, les Norvégiens de HELHEIM ont pourtant progressé énormément et fait mûrir la violence de leurs débuts (on parle d'il y a plus de trente ans), pour l'emmener, à ma plus grande surprise, sur les rives magiques du Black Metal à tendance progressive. J'ai, au fur et à mesure de mes écoutes, davantage repensé à d'autres magiciens, les Suédois de WORMWOOD, qui ont su enivrer mon année 2024 avec leur superbe album "The Star".

Deux chanteurs/compositeurs se partagent la part du gâteau de ce douzième album. Il s'agit des deux maîtres à penser originels du groupe. Pour la première partie — nommée "HrabnaR", jusque "Mennesket Er Dyret I Tale" — c'est H'Grimnir qui s'y colle et avec maestria. Son chant vociféré est très racé, emporte mes suffrages, tout comme son chant clair qu'il arrive à développer sur de très belles tonalités. Les compositions sont plus agressives et tournoient de manière bien plus appuyée sur des notes davantage Black Metal. Du côté de la seconde partie de l'album — nommée "Ad Vesa" — V'Gandr embrase littéralement l'écoute avec des titres plus expérimentaux, joueurs et lumineux. La différence est plus nette, le sieur jouit d'un organe plus émouvant, du côté du chant agité, plus rauque et déchiré. Le chant clair, sur la seconde partie, est assuré par le batteur et membre tout aussi originel que le duo précité, Hrymr. Vous l'aurez bien sûr compris, du côté du chant, HELHEIM a de très bons arguments, et si ce n'était que cela...

Côté musique, l'album recèle de très beaux trésors. Je pense notamment à la première partie signée H'Grimnir, avec notamment "Sorg Er Dødens Spade", qui alterne de manière jubilatoire sur des riffs très mélancoliques et quasi post par endroits. Les breaks sont harmonieux et les mélodies fort entêtantes. Ce titre emporte tout sur son chemin tant il fait mouche et sait nous toucher instinctivement. Et je pourrais en dire de même sur les deux suivants, surtout "Mennesket Er Dyret I Tale" qui, tout comme WORMWOOD, nous conte un fil rouge aimanté, émouvant, suprêmement atmosphérique et épique, qui éclate en mille endroits dans votre cœur pour faire tanker vos artères. Les deux dernières minutes du titre ainsi que son final particulièrement époustoufleront. "Livsblot" marque aussi de sa présence, sa brillance riffesque, sa captation chirurgicale d'ambiances et ses nombreux changements de rythme bien peaufinés.

La seconde partie, plus avant-gardiste et expérimentale, me rappellera un autre monstre d'album, le "Black Medium Current" de DØDHEIMSGARD. Et si, dans les premières écoutes, cette seconde moitié d'album n'avait pas ma préférence, j'aurais tendance à dire qu'elle en offre un peu plus sur la durée. Le jeu instrumental est ici plus fouillé et se démarque des conventions. Rien que "Fylgia", avec sa basse vrombissante, ses parties dissonantes et son break de dingue mêlant chœurs à la Vicotnik et arpèges étourdissant la pensée, se doit d'être mentionné et écouté religieusement. Bien que "Hugr" et "Hamr" n'aient finalement point mes faveurs, je dois bien leur concéder qu'ils savent parfaitement tenir en haleine l'écoute et l'attention. Plus doux dans leurs textures sonores, ils ne dérouteront pas les brutes épaisses. Mention spéciale au passionnant "Hamingja", acmé de cet album tout bien réfléchi, avec son refrain enchanteur, ses parties acérées emplies d'émotions et son côté très direct qui va droit au cœur.

Pour le coup, à l'écoute de ce nouvel HELHEIM, je suis en mesure de vous dire qu'il va falloir rattraper mon retard du côté de la discographie du groupe, que je méconnais. Oubliez donc le Viking Metal proéminent des débuts, nos Norvégiens ont bien évolué et, si j'en crois les différentes chroniques des albums précédents parues sur d'autres supports, le groupe a déjà tâté d'autres styles parfois plus soft et bien plus éloignés du Black Metal que ce "HrabnaR - Ad Vesa". Même s'il se scinde en deux parties distinctes sur le papier, ce douzième album est très cohérent dans son ensemble. Vous trouverez également des parties plus agitées dans la seconde partie, tout comme des expérimentations intéressantes apparaîtront dans la première. Assurément, HELHEIM m'a bluffé, et la part d'ombre entourant cet album (du point de vue du nombre de chroniques, d'interviews ou d'informations) est, à mon sens, injustifiée. Un très bel album de 2025, pour sûr.

Note réelle : 4,5/5.