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2025 Psalmus Mortis
 

- Style + Membre : Spawn Of Possession

RETROMORPHOSIS - Psalmus Mortis (2025)
Par PERE FRANSOUA le 3 Novembre 2025          Consultée 653 fois

Des fois on en a ras le cul. Ce bel élan, ces pierres posées, ces marchés gravies, ces fans conquis, ça ne tient plus, la vie vous a rattrapé, comme un rat attrapé, prolétarisé entre le pain à gagner et la portée à protéger, l'insouciante cigale à l’heure d’hiver n’en peut plus d'avoir tant fourmillée pour des miettes de que dalle, alors c’est le placard pour la guitare et la construction d’un chantier de vie qui n’a pas de prix.

Jonas Bryssling est passé par là. Avoir composé le meilleur disque de Tech Death de la galaxie ne suffit pas, c’est tellement de boulot pour pas un copeck que lorsque la vie vraie toque à ta porte, un boulot alimentaire harassant et l’arrivée d’un deuxième enfant, la question de savoir quoi sacrifier elle est vite répondue. C’est ainsi que le monde, comblé par "Incurso" en 2012, resta à jamais suspendu et frustré, dans l’attente vaine d’un successeur qui jamais ne vint.

Le temps pourtant fait son office, les enfants grandissent et l'envie revient. On en avait ras le Death, mais après un long sevrage on replonge dans ses amours de toujours. Plus besoin de perdre son temps à discuter en répét’, un bon p'tit home studio, ou même un bon vieux GuitarPro, permet de trouver des créneaux créatifs quand on a couché les marmots. Et voilà que l’impensable, l'inespéré, l’inattendu se produit. SPAWN OF POSSESSION est ressuscité ! Hallelujah !

Revenu de l’autre monde, réincarné parmi les vivants, transfiguré et donc renommé, il faut désormais l’appeler RETROJESUSCHRIST, euh pardon, RETROMORPHOSIS, sobriquet qui aurait d’ailleurs dû être celui du successeur de "Incurso" en gestation il y a treize ans, et, transition parfaite, figurez-vous que deux titres datent de cette période ("Vanished" et "Never To Awake"), la filiation est totale. Elle est tellement totale que l’on retrouve l’intégralité des virtuoses qui officièrent sur "Incurso", à l’exception du batteur, venu de ODIUS MORTEM, et avant ça DECREPIT BIRTH, une grosse brutasse technicasse vous l’aurez compris.

Treize longues années d’absence, c’est une éternité, et d’autres virtuoses affamés ont continué, persévéré et le game fait monter, que ce soit du côté mélodique (BEYOND CREATION), ébouriffant et fun (donc ébouriffun, comme ARCHSPIRE), ou les deux (FIRST FRAGMENT), avec le risque pour nos Suédois de se voir ringardisés.
Mais il n’en est rien. Abrégeons le suspense. RETROMORPHOSIS c’est tout le plaisir et le style de SPAWN OF POSSESSION dans nos faces plus ridées, sans avoir rien perdu en complexité, tenant sans effort la dragée haute à la concurrence actuelle, tout en gardant cette écriture jouissive, cette patte unique (ces notes staccato en contrepoint), cette clarté intelligible à travers le déferlement de notes et les méandres rythmiques, tout en sachant rester aguicheurs pour l’oreille.
Comme un poisson dans l’eau, on se retrouve dans "Psalmus Mortis" comme dans "Incurso", comme si on ne s’était jamais quitté. Ça commence pareil, un court titre instrumental qui fait monter la sauce ("Obscure Exordium", fils de "Abodement"), on finit (presque) pareil, un titre épique, pimpé par des claviers, frôlant les dix minutes ("Machine", fils de "Apparition"). Les interventions solistiques et mélodieuses de Christian Müenzner sont toujours aussi éblouissantes. Qu’il est bon de se retrouver.

Heureux d’avoir retrouvé un amour qu’on croyait perdu on se replonge dans les vieilles photos. On en profite pour réécouter encore "Incurso", doudou éternel, comme on se remate les vieux STAR WARS, et l’on commence tout de même à noter des différences.
Le dernier SPAWN OF POSSESSION présentait une batterie plus cinglante, une production plus éclaboussante, une impression d’explosions d'énergie galvanisante, mais aussi une basse s’offrant quelques rondes respirations et des vocaux mixés à hauteur raisonnable. Vous l’aurez reniflé, "Psalmus Mortis" présentera tout de même des atouts différents que je m’apprête à lister.
La différence la plus notable se situe au niveau de la batterie. C’est un rouleau compresseur, un tapis de bombe de double grosse caisse, qui n'altère ni la subtilité ni les changements incessants, mais qui crée un matelas sonore qui fait rouler la machine de mort, avec le renfort massif de la basse ronronnante du mirifique Erlend Caspersen. Quel choix a opéré cet impressionnant bassiste en treize ans d’explosions de la concurrence ? Il s’est acheté une basse Dingwall multi-diapason évidemment ! À rebours de tous ceux qui vont du côté Pastorius de la force, pas de fretless moelleuse ici mais un timbre plus agressif et métallique qui assure une énorme ligne Maginot pour les guitares.
Les vocaux vénères du pilier Dennis Röndum (seul membre d’origine avec Jonas) nous explosent en pleine face. À la fois mixés plus en avant et surtout mieux articulés, les textes se font plus intelligibles et les scansions plus dynamiques, malgré le timbre de bête sauvage. À travers les circonvolutions techniques on distinguera d’authentiques riff de Death Metal vieille école, bien vicelards (signes d’un rabibochage avec les amours de jeunesse de Jonas, donc.)

Vous remarquerez que jusqu'à présent je n’ai cité presque aucun titre en particulier. C’est tellement cliché (n’est-ce pas ?) C’est vrai qu’il règne une belle homogénéité tout du long, une constance dans la qualité. Les titres sont pleins de variations, à peine on s’étonne d’un ralentissement que c’est déjà reparti à toute berzingue, les petites mélodies mémorables apparaissent partout comme des repères dans cette luxuriance, bien fou qui croit pouvoir s'y arrêter. Oserais-je mettre en exergue "Aunt Christie’s Will", qui semble tenir ensemble toutes ces injonctions contradictoires ? Non, s’il fallait s’attarder sur un titre ce serait bien évidemment "Machine". Un titre qui aurait été parfait comme conclusion dantesque, comme le fût jadis le presque symphonique "Apparition", mais qui ne sera que le pénultième (le virulent "Exalted Splendour" se chargera de fermer le bal.) Les claviers étranges qui poppaient çà et là tout au long du disque se concentrent ici enfin. Les airs se permettent de durer un peu plus longtemps, de se déployer plus progressivement, on respirerait presque malgré la déferlante intense, pour une mixture équilibrée et infiniment plaisante.

Je n’ai écrit presque que des éloges pour ce RETROMORPHOSIS qui ressuscite SPAWN OF POSSESSION, et qui fait depuis février la course en tête comme album de Tech Death de l’année. Il reste une dernière différence d’avec la mouture d'il y a treize ans, et celle-ci est de taille. Ce n’est plus un groupe qui répète et qui peut partir délivrer son déluge sur scène. C’est un projet studio, agglomérant de nombreux virtuoses, qui ne peut labourer son public et faire pousser les passions. Pas de clip (à mort les lyrics-videos !), pas de vidéo playthrough (si ce ne sont celles informelles de Erlend). On sait que c’est compliqué de tourner pour Christian Müenzner, atteint de dystonie focale. On verra s’ils pourront faire vivre, prospérer et peut-être succéder à ce premier disque inespéré. "Psalmus Mortis" existe et c’est déjà beaucoup mieux que rien. Pour moi qui barbotte depuis longtemps dans des eaux glauques et putrides, c’est une occasion de sortir la tête pour se prendre une grande bourrasque revigorante, de regarder dans le RETRO pour mieux aller vers l’avant.

Note réelle : 4,5/5.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Erlend Caspersen (basse)
- Kc Howard (batterie)
- Jonas Bryssling (guitare rythmique, composition)
- Christian Münzner (guitare lead)
- Dennis Röndum (vocaux)


1. Obscure Exordium
2. Vanished
3. Never To Awake
4. The Tree
5. Retromorphosis
6. Machine
7. Exalted Splendour


             



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