Les amateurs de cinéma fantastique connaissent très certainement Mad Movies ainsi que l’Écran Fantastique, magazine qui nous intéresse ici puisque je vais vous parler d’un ouvrage paru sous leur label Pop Icons, qui propose des livres de qualité (je pense à celui autour de Stephen King par exemple), illustrés par des dessinateurs de BD (qu’on retrouve en partie chez Metal Hurlant ou Petit à Petit). Alors la couverture n’est pas la plus réussie, Will Argunas semble ne pas trop savoir sur qui arrêter son choix bien qu’Alice Cooper soit finalement le plus visible avec son visage, mais ne jugeons pas tous les livres à leur couverture. Le texte est quant à lui assuré par Olivier Richard, qui a collaboré avec des médias aussi variés que Libération, Rock & Folk, MCM ou Europe 2 TV. Trente ans qu’il écrit sur le Rock, il connaît son métier et il a eu le temps de se forger des opinions.

Alors effectivement non, ce ne sont pas les journalistes de l’Écran Fantastique qui se sont penchés sur le sujet – ce qui aurait pu être drôle, soit dit en passant. Mais ils ouvrent des lucarnes à travers cette collection qui commence à bien s’étoffer pour qui aime la littérature de genre, les jeux vidéos et le Rock (il existe un livre autour d’Elvis Presley dans les Pop Icons). Aussi, il convient de comprendre le terme « pop » comme étant rattaché à la Pop Culture. En allant un peu plus loin, on pourrait même évoquer le Geek Culture. L’ouvrage propose ici vingt-sept biographies de groupes relativement résumées (ça tient en 320 pages environ) et richement illustrées, agrémentées de discographies sélectives qui peuvent porter à débat.

Vous l’aurez compris, le connaisseur sait déjà tout ça, tout ce qui est présenté ici, même si une anecdote ou deux peuvent nous avoir échappé (comme cette histoire invraisemblable mettant en scène Alice Cooper et Elvis Presley dans la suite de ce dernier à Las Vegas qui se solde par une prise de karaté). En revanche, le néophyte, lui, va se taper cinquante ans de notre genre de prédilection en nous présentant des groupes par ordre chronologique de création et retracer plusieurs styles du Hard Rock des origines à des choses plus modernes comme GOJIRA, en passant par le Thrash, l’Indus, le Black et le Nü Metal. Il en manque. Beaucoup. Enormément même, mais l’auteur le précise, cela pourrait donner lieu à un deuxième livre où nous pourrions retrouver les grands absents que sont DEEP PURPLE, AEROSMITH, MEGADETH ou encore NIRVANA, pour ne citer qu’eux.

Outre les goûts personnels d’Olivier Richard qui sont clairement représentés et des formations qui sont considérées comme des pierres angulaires du genre, le texte est plutôt bien ficelé. Les sources sont fiables, les biographies font parfois des ellipses brutales (surtout pour les vieux groupes : la discographie est bien détaillée jusqu’à une période, puis nous faisons un saut dans le temps jusqu’aux deux ou trois dernières sorties). Là encore, tout est une question de pagination. Bosser le truc à fond, c’est écarter des groupes pour en gonfler d’autres. L’auteur nous fait part de ses commentaires concernant certains albums avec une certaine objectivité qui tombe assez facilement dans la subjectivité, voire la mauvaise foi (comme nous tous sur NIME, finalement), mais il n’est que rarement sournois ou médisant, il laisse vraiment transparaître une passion non feinte pour tous les groupes présents ici.

Bien entendu, les plus chevronnés seront vite tentés de décortiquer les discographies sélectives à la fin de chaque chapitre et de critiquer/encenser l’album jugé incontournable pour Olivier Richard. En tant que vieux briscards, difficile en effet de ne pas se prêter au jeu de la comparaison, en se demandant quel opus nous aurions choisi et pourquoi. Et on se rend compte que l’exercice n’est pas toujours facile parce qu’entre en compte l’affect que l’on peut avoir pour un disque qui peut prendre le dessus sur le réel potentiel d’une oeuvre. En revanche, le jeune curieux qui se lance dans l’aventure pourra rapidement se faire une idée assez précise d’un groupe en fonction des albums choisis (pour certains groupes, c’est abusé, tous y sont !).

Le tout est assez richement illustré donc. Et le problème avec ces collectifs de dessinateurs, c’est que l’on peut être réfractaire à certains styles. Parfois certains vont glisser des détails, des clins d’oeil plus ou moins limpides, certains vont être photo réalistes, d’autres vont tirer vers quelque chose de plus caricatural, quand il ne s’agit pas de se creuser les méninges pour reconnaître tel ou tel personnage. Tout reste jouable. On appréciera toutefois la pertinence de l’Écran Fantastique à faire appel à des dessinateurs qui peuvent ainsi toucher un cachet et vivre un peu de leur art (et se mettant dans la droite lignée du nom de sa collection Pop Icons) plutôt que de payer des droits pour exploiter des photographies souvent très connues. Ce serait certes plus propre, mais finalement, ce serait également froid et impersonnel.

Ce Pop Icons dédié aux Héros du Metal est un bon petit moment de lecture. Tout se dévore assez rapidement, les chapitres étant assez courts et résumés de façon assez passionnante : on est vite dans le vif du sujet, les informations arrivent assez vites, tout comme les anecdotes, qui sont finalement pour certaines d’entre elles le sel de cet ouvrage. Après tout reste sujet à débat, mais cela reste un cadeau sympathique pour une nièce ou un neveu qui découvre cet univers riche et foisonnant et qui a envie d’y plonger : il y trouvera de nombreuses pistes pour connaître certains groupes phares (même si je ne m’en remets pas que MÖTLEY CRÜE ait été retenu plutôt que VAN HALEN) et surtout une sacrée discothèque à compulser et à tester pour comprendre l’évolution du Metal à travers le temps.

Note réelle : 3,5/5.