Recherche avancée       Liste groupes



      
PROTO BLACK  |  SPLIT

Lexique black metal
L' auteur
Acheter Cet Album
 


E.P

1984 Apocalyptic Raids

COMPILATIONS

2008 Demon Entrails

SPLITS

1984 Death Metal
 

- Style : Saligia
- Membre : Tar Pond
- Style + Membre : Celtic Frost, Triptykon, Triumph Of Death

HELLHAMMER - Death Metal (1984)
Par CREVETTE le 30 Octobre 2025          Consultée 443 fois

Pour une première chronique d'archive sur un webzine comme NIME, plusieurs choix se présentent : choisir un album qui a marqué l’évolution ou la naissance d’un genre, choisir un de nos albums préférés qui ont guidé notre propre chemin musical ou encore choisir une pépite méconnue afin de la faire partager et découvrir aux lecteurs. Ainsi mon choix s'est porté vers ce Split Album, une référence Outre-Rhin, et puisqu’il en partage toutes ces caractéristiques.

"Death Metal" c’est un de ces objets discrets, underground, qui ont pourtant provoqué une bombe (à retardement) dans toute la scène Metal. 1984, c’est aussi une année charnière : Le Heavy Metal traditionnel est déjà bien installé avec ses géants (IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST ou SCORPIONS), et une nouvelle génération gronde, plus agressive et moins policée. Aux USA, le Thrash commence à sortir des égouts avec "Kill 'Em All", "Show No Mercy", et quelques démos cultes. Mais en Europe ? C’est bien plus diffus, artisanal, plus dans l’esprit DIY et par conséquent avec un démarrage bien plus fastidieux.

Si j’ai choisi cet opus ce n’est pas pour sa qualité sonore — très approximative soyons honnêtes — mais pour ce qu’il représente, ce qu’il annonçait sans le savoir, et ce qu’il a provoqué dans les caves, garages, et autres salles de concert d'Allemagne et d'Europe du Nord.

Noise Records débarque donc en 84 avec ce split un peu bricolé, rassemblant quatre groupes aux styles différents mais tous unis par un besoin vital de repousser les limites : HELLHAMMER, RUNNING WILD, HELLOWEEN et DARK AVENGER. On est encore loin du professionnalisme qui viendra plus tard et engendrera les gros succès qui feront la renommée de ce label à l’international. Ici, c’est cru, urgent, maladroit par moments, et c’est précisément ça qui en fait une relique historique.

HELLHAMMER – La Naissance du Chaos

Impossible de ne pas commencer par HELLHAMMER, tant leur présence sur ce disque a eu une influence considérable sur la scène extrême (Black & Death) à venir en Scandinavie. Le groupe suisse, mené par Tom G. Warrior (qu’on retrouvera plus tard chez CELTIC FROST, un autre projet avant-gardiste), présente ici une musique sale et primitive, une sorte de boue sonore incantatoire, oscillant entre Punk Hardcore façon DISCHARGE, ambiance oppressante d'inspiration BLACK SABBATH, et imagerie sombre (voire morbide) à la VENOM auquel il doit beaucoup. C’est dissonant, et à des années-lumière de tout ce qu’on pouvait appeler propre à l’époque. Un genre de rage adolescente mise sur bande avec les moyens du bord. Pour l'anecdote, un le magazine britannique Metal Forces qualifiera leur musique comme faisant passer celle de VENOM pour les BEE GEES. (citation reprise par A. O'Neill dans "A History Of Heavy Metal")

Malgré des qualités musicales plus que discutables, l’ambiance générée par les deux morceaux de HELLHAMMER sur ce split album constitue la genèse de ce qui allait devenir le Black Metal : une production froide et poisseuse, des rythmiques martiales, des textes morbides — tout y est, ou presque. Évidemment, pour un habitué du genre, cela peut paraître presque naïf voire comique. Mais en 1984 ? C’était clairement une anomalie dans le paysage.

Nb : L’EP culte "Apocalyptic Raids" pour les fans du genre accompagnera ce split album en gardant la même formule.

RUNNING WILD / HELLOWEEN : La Vitesse et l'Instinct

Aux antipodes du groupe précédent, HELLOWEEN & RUNNING WILD viennent injecter une saveur toute autre à cet album : la vitesse évidemment mais aussi l’énergie pure, ce qu’on n’appelait pas encore vraiment Speed Metal. (un subtil équilibre entre les ambiances mélodiques de la NWOBHM et des rythmiques plus agressives, sans pour autant perdre la substance de ce qui a fait le succès des grands du Heavy).

RUNNING WILD, à ce moment-là, est encore loin d’avoir trouvé sa patte sonore. Ici, c’est bien plus Rock’n’Roll, encore très ancré dans un Heavy très typé NWOBHM (qui peut rappeler JUDAS PRIEST ou encore SATAN) et largement soutenu par un chant rugueux et des chœurs scandés, le tout bien infusé avec du Jägermeister. Les riffs sont simples mais efficaces, et on sent cette envie d’aller plus vite, et de manière plus directe, bien que les moyens techniques soient limités.

Quant à HELLOWEEN, ils signent sans doute les deux morceaux les plus distingués de ce disque : "Metal Invaders" (en version démo) et surtout "Oernst of Life" (qui fût pendant longtemps absent des compilations du groupe). De la même façon, HELLOWEEN est encore éloigné de la formule qui lui apportera sa renommée internationale mais on sent déjà la volonté de faire chanter les guitares, de structurer les morceaux, en s’affranchissant entièrement des racines Blues et en misant sur une inspiration d'ordre plus Classique (on citera notamment Wagner, Händel, ou encore Beethoven). Le solo de "Oernst of Life" est une bouffée d’air frais qui préfigure déjà le talent inné du groupe et de ses deux compositeurs principaux (Hansen & Weiki). L’essai sera transformé sur leur premier EP "Helloween" l’année suivante.

DARK AVENGER - Le grand oublié ?

Et puis il y a DARK AVENGER, groupe certainement connu par pas moins de trente-six personnes, mais qui a pourtant toute sa place sur cette compilation. Leurs morceaux sont probablement moins marquants, soyons francs (la faute à un chant nasillard parfois limite question justesse) mais ils illustrent parfaitement bien cet engouement autour de cette scène naissante redéfinissant les codes du genre en tentant de faire évoluer ses contours. Leur origine berlinoise en cette période de Guerre Froide n’a certainement pas aidé mais le groupe a eu au moins le mérite de contribuer à la scène et de laisser sa trace sur ce disque devenu référentiel avec le temps.

Nb : Pour les chercheurs de trésor, le groupe a également auto-produit une unique Démo 4 titres en format cassette. Bonne chance pour les éventuels fans !

Aujourd’hui, cette compilation conserve une valeur quasiment archéologique, mais avec l’émotion intacte et le témoignage d’une scène européenne qui cherchait à se renouveler dans son approche sans imiter les grands groupes issus du Royaume-Uni. C’est le genre d’objet qu’on garde comme une relique, seulement pour ce qu’il incarne : un moment précis où des jeunes types, sans moyens mais avec une conviction bien réelle ont semé les graines des (très) nombreux sous-genres qui allaient voir le jour quelques années plus tard.

Certainement pas indispensable, et même difficilement trouvable, avec des prix oscillants entre élevé et indécent selon les pressages. Je recommande néanmoins ce LP aux historiens du Metal et à tous ceux passionnés par la scène allemande ou nord-européenne en général.

Note Finale : 4/5 – Parce qu’avant les chefs d’œuvre, il faut bien des esquisses.

A lire aussi en BLACK METAL :


DØDSFERD
Cursing Your Will To Live (2007)
La saleté, la crudité




DAEMONARCH
Hermeticum (1998)
Le side-project black de moonspell


Marquez et partagez




 
   CREVETTE

 
  N/A



- Hellhammer
- Tom G. Warrior (guitare, chant)
- Martin E. Ain (basse)
- Bruce Day (batterie)


Running Wild
1. Iron Heads
2. Bones To Ashes
Hellhammer
3. Revelations Of Doom
4. Messiah
Dark Avenger
5. Black Fairies
6. Lords Of The Night
Helloween
7. Oernst Of Life
8. Metal Invaders


             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod