MIDNIGHT ODYSSEY est pour son géniteur Dis Pater ni plus ni moins qu’une extension de son esprit et de son âme, comme il aime à le rappeler. Longtemps notre cher Australien a hésité à publier de la musique et ce n’est que par l’intermédiaire de la plateforme MySpace qu’en 2007, Dis Pater décide de publier ses premiers titres, pour certains concoctés depuis près de dix ans, et qu’il connaît rapidement ses premiers succès d’estime. Les retours sont excellents et le nombre de fans s’accroît au fur et à mesure du temps sans jamais se tarir. Publiant l’année suivante deux démos dont la très atmosphérique "The Forest Mourners", Dis Pater étend son processus de création et, constant, maintient ses idées colossales d’une musique suprêmement stellaire et volontiers orchestrale, tout en les déployant avec une envergure de plus en plus captivante. Le label I, Voidhanger Records met rapidement la main sur ce projet tout à la fois exceptionnel et prometteur.

En 2017, Dis Pater décide de publier l’ensemble des titres qu’il a pu composer par le passé sans pouvoir les joindre à l’album dont chacun d’entre eux aurait pu dépendre. Il ne s’agit pas non plus de chutes de studio. Chaque titre, selon Dis Pater, est un acte princeps qui portait et pouvait fonder le terreau nécessaire pour former un album à part entière de par la coloration particulière que le titre comportait. En les remodelant quelque peu, en y joignant des vocaux, des paroles parfois – les toutes premières compositions de notre Australien étaient avant tout instrumentales –, et en essayant aussi de leur redonner vie avec des réenregistrements dignes de ce nom, Dis Pater va en exhumer certains et en peaufiner d’autres. Ainsi, "Silhouette Of Stars" regorge d’une quinzaine de titres pour plus de deux heures de musique réparties sur deux CD. Ne faites pas les surpris, vous savez bien que l’Australien ne fait pas du Grind, qu’il aime nous faire amerrir à travers des volutes atmosphériques éthérées et des nappes symphoniques denses et cosmiques, dans une mer de nuages ténébreuse et infinie qui fait scintiller et perdre le temps.

En ayant une vue d’ensemble sur cette compilation, le patchwork polymorphe des titres, liés à leur différence de style, leur année de composition… a de quoi décontenancer mais, depuis ses tout débuts, Dis Pater a toujours su proposer comme une sorte de mini voyage sonore que chacun de ses titres traduit avec une éminence solennelle. Ce qui vous frappera, au-delà des dissimilitudes de styles, c’est peut-être le mastering qui n’est évidemment pas le même pour chacun des morceaux. Comme je vous l’avais indiqué un peu plus haut, une partie des titres a été composée lors du processus de création de certains albums. Dès lors, notre cher Australien s’est juste employé à rendre le plus lisible et écoutable possible ces augustes compositions. Et puis, le temps ayant fait parfois de mauvaises œuvres, les bandes originales des enregistrements ainsi que les paroles de certains titres ont été perdues fortuitement. Dis Pater n’ayant sauvé de l’oubli et de la perte que des bribes de mots sur des carnets de notes ou des CD-R comportant les titres sauvegardés. Autant dire que cette compilation, en plus d’exhumer le passé, réanime des compositions sauvées du néant.

Et je dois dire qu’à de rares exceptions près, il est encore bien savoureux de se délecter de ces nouvelles pièces d’orfèvrerie de MIDNIGHT ODYSSEY. "The Night Has Come For Me", le titre d’ouverture de ce voyage, est sans doute une pièce sonore à part puisqu’il s’agit du tout premier titre composé par Dis Pater en 1998. Ce qui me frappe à son écoute, c’est la consistance atmosphérique déjà originale et singulière présente dans l’ADN de ce titre qui contient, dans la même mesure, toute la pureté du cristal des futures œuvres. Déjà en 1998, le potentiel de MIDNIGHT ODYSSEY est énorme et aurait gagné à être connu, surtout lorsque l’on sait que le premier album sortira plus de treize ans plus tard. Mais la maturité ressentie des futurs albums qui embrasseront les années 2010 jusqu’à aujourd’hui, s’est sans doute appuyée sur le travail besogneux, dans l’ombre, de Dis Pater et au temps écoulé à construire son parcours musical.

Sur le premier album de "Silhouette Of Stars", j’avoue m’être pris un sacré coup de rêverie au contact de "Sorrow Of Daedalus" qui, avec les deux compositions suivantes ("What Was Is No More" et "Fighting The Seraphim"), sont de l’avis de l’auteur les premières représentations du projet MIDNIGHT ODYSSEY. Composées en 2007, perdues puis retrouvées, ces trois titres captivent malgré leurs quelques maladresses. Assez éloignés de l’univers que MIDNIGHT ODYSSEY embrassera, ils nous montrent cependant à voir les prémisses de la prédominance de l’Ambient dans l’univers et la tête de Dis Pater, là où "Magica", un autre titre de cette première partie de la compilation, nous dévoile l’univers très proche de l’album "Funerals From The Astral Sphere" (premier album finalisé et signé en 2013) dont il dépend… Pour continuer mon propos autour de la seconde partie de "Silhouette Of Stars", j’aimerais vous parler de "The Tempest Entranced" qui, là aussi, a été écrit lors du processus de création de "Funerals From The Astral Sphere" mais que Dis Pater a bouclé peu après l’enregistrement de l’album. Nous y retrouvons ces nappes soyeuses et invitant au voyage, le chant clair et spectral de Dis Pater brouillé dans le fuzz des guitares. Un très beau titre soit dit en passant.

Le titre noisy "Dis Pater" est également intéressant à écouter tant il constelle d’éléments à la fois chaotiques et disparates. Et que dire de la majestuosité de "A Whisper’s Emptiness" qui nous ramène à l’album opulent, "Shards From The Silver Fade" sorti en 2015. J’espère que votre voyage à son écoute sera aussi flamboyant que le mien. Il constitue peut-être un des points d’orgue de cette compilation qui décidément n’est pas anodine. Cliquetis spatiaux, traversée des étoiles, nappes stratosphériques, chœurs éthérés… beaucoup de choses dans ce titre respirent le MIDNIGHT ODYSSEY admirable que l’on connaît. Et ce n’est pas le titre final, "Theme Of Forest And Firmament", quasiment instrumental, faisant la part belle aux claviers avec une profondeur rarement atteinte, qui va nous faire atterrir brutalement. Quinze minutes vont s’étendre, ainsi que l’Infini, ainsi que l’Éternité… Grandiose encore, grandiose à nouveau, grandiose toujours MIDNIGHT ODYSSEY.