Aujourd’hui qui se rappelle de Frank Marino ?
Pas grand monde en vérité. Certes dans son dernier DVD certains des guitaristes les plus prestigieux actuels (comme BONAMASSA) ou anciens (TRAVERS et WINTER qui furent ses contemporains) vantent ses mérites mais en vrai il fait partie d’une décennie (les 70s) où le nombre affolant de guitar-héros qui pullulent sur les affiches, posters et autres référendums clichesques au possible (toujours la même chose avec les mêmes titres ou références) en ont jetés plus d’un, dans les limbes de l’oubli.

Notre ami canadien, fait partie de ceux-là. En plus, suite à une légende tenace, inventée par un journaliste en mal de notoriété, il va se traîner une image de sous Jimi Hendrix (le fantôme du Cherokee l’aurait visité et lui aurait appris à jouer de la guitare suite à une hospitalisation due à un mauvais trip). Rajoutant à cela que Marino est friand de reprises, que sa voix un peu lisse n’aide pas beaucoup, et que franchement l’influence du gaucher de Seattle est bien présente. À cette époque le Live est un indispensable et peut le cas échéant permettre de toucher vraiment le succès, qui semble échapper à ses géniteurs (le cas Frampton).

Ce soir-là de 77, Marino et son MAHOGNAY RUSH est en feu.
Les deux premiers titres (tirés de "Mahogany Rush IV") sont très révélateurs de son jeu : super précis et rapide (pour l’époque) avec en plus un groove contagieux ("DragonFly"). En plus Frank a investi dans une Gibson SG et une pléiade de pédales d’effet pour un son plus riche et plus précis. Couplé à des amplis transistors (hérésie pour l’époque) notre ami tombe quand même dans la surenchère de démonstration technique.
Évidement sur douze titres de l’édition originelle on trouve cinq reprises ! Et en plus on a "Purple Haze" jouée à la note près. Bel exercice de style mais qui donne du grain à moudre à ses détracteurs.
Sur ces reprises on retient sans peine le Blues de Willie Dixon ("I’m A King Bee") qui est ici dynamite. Quand on entend la version arthritique qu’en fera justement Frampton sur son album de Blues ("All Blues") on ne peut qu’être admiratif de Marino et Cie.

"Johnny Be Good" sera toujours mieux que la purge immonde faite par JUDAS PRIEST sur "Ram It Down" mais à part des solos fiévreux, qui finissent un peu par tourner en rond, n’apporte pas grand-chose non plus.
Influencé par la version de l’hymne américain a Woodstock par le gaucher de Seattle, Frank tente aussi l’instrumental assez onirique, avec "Electric Reflections Of War". Est inclus dedans une petite démo du batteur. Anecdotique mais en live, dans la salle ça devait avoir son charme. À l’inverse "The World Anthem" est lui bien poussif est plutôt lourdaud.

Vous prendrez bien une reprise pour finir ? Arrive donc "Purple Haze", superbement jouée et rallongée à l’envie mais du coup, ses titres font pâle figure en comparaison. En résumé, Marino est un grand guitariste des 70s par le talent et la capacité guitaristique mais qui n’a jamais réussi à s’affranchir de l’influence omniprésente d’Hendrix et aussi d’écrire un tube, un vrai. Il reste donc un guitar-héro de seconde zone seulement connue des aficionados et autres taxidermistes. Pour autant, ça permet de faire se reposer les grands Lives de cette décennie dorée et de temps en temps de le dépoussiérer.

Titres préférés : "I’m A King Bee", "DragonFly" et "The Answer".