Lorsque Max Bowman, le compositeur émérite du groupe de Death Metal américain MORTIFERUM, songe à l’idée de déployer son activité musicale dans un projet plus violent encore, il embarque ses deux autres comparses : le guitariste Chase Slaker (qui compose également) et Tony Wolfe, le bassiste. Les trois rustres ne vont pas hésiter à faire alliance pour bâtir un album assez monstrueux qui remet un peu la carte du Grindcore au goût du jour : "Death Posture", le premier fait d’armes de CAUSTIC WOUND, sorti en 2020. Les années vont s’égrener et les problèmes de santé de la femme de Chase vont l’empêcher de répéter quelque temps, notamment pour assurer la suite ; bien qu’un autre album de MORTIFERUM naîtra fin 2021 et qu’un nombre conséquent de dates de concert sera assuré.

Avec ce début de parcours un peu réfréné involontairement donc, le retour en bonne forme de Chase (sa compagne s’en étant sortie) va précipiter une période, pour le coup effrénée, d’intenses répétitions et de compositions avant la rentrée aux Soundhouse Studios à Seattle sous la houlette d’Andrew Oswald (qui s’était déjà occupé des deux albums de MORTIFERUM). "Grinding Mechanism Of Torment" sort donc très peu de temps après et fait décrocher la mâchoire d’un bon petit paquet de Deatheux de la planète. Pourquoi ? La raison est évidente : CAUSTIC WOUND coche toutes les cases que l’on attend d’un groupe de Grindcore en 2025. À savoir une production superbe, très organique et précise sans jamais être d’une propreté artificielle, des riffs en pagaille et bien savoureux et mordants, des solos de brutasses qui ne font pas tache, un growl cohérent et alternant ou de concert avec des screams bien sentis. Mention spéciale au batteur qui est juste bluffant dans sa maîtrise et dans son jeu. D’ailleurs, Max Bowman ne tarit pas d’éloges à son propos tant il assure ses parties avec efficacité et une rigueur d’horloger suisse.

"Grinding Mechanism Of Torment" va donc vous étreindre et vous mordre la joue en seize assauts pour nourrir ses macchabées dont il a la garde pendant quasiment une petite trentaine de minutes. Le supplice ne sera pas douloureux tant les morsures seront nettes et tranchantes comme du verre. À l’image de cette belle pochette, confectionnée par le groupe avec cette pièce sculptée et momifiée véritable par une artiste (Elle Taylor), entourée de ferraille, d’asticots, de saleté et d’objets en tous genres, ce second album explore les meurtrissures et les cauchemars humains. Du reste, sachez que si les titres sont bien évidemment courts, ils portent une intensité permanente et foncièrement intéressante. J’avoue avoir eu un petit faible pour des titres bien sauvages tels que les puissants "Human Shield", "Endless Grave", la groovy "The Bleed Rail", la très Death "Infinite Onslaught" ou bien encore la funèbre et labyrinthique "…Into Cold Deaf Universe" qui dure plus de six minutes.

Oui, CAUSTIC WOUND ce n’est pas du Death/Grindcore à la petite semaine, mais bel et bien une entité sacrément couillue et très bien inspirée. Le son ne sort pas de la cave mais développe des aspérités inattendues. Noirâtre, hautement agressif et révolté, nos Américains – à l’instar d’un PISSGRAVE – signent le meilleur album de Death/Grind sorti cette année. La concurrence verra rouge tant la barre est haute et inaccessible. "Grinding Mechanism Of Torment" écrase et de manière implacable… Pas étonnant qu’il ait tant fait parler de lui, cet album, et à bien l’écouter, je le comprends parfaitement.