Il y a des albums qui sont factuellement excellents mais avec lesquels on a du mal, c’est une affirmation très bateau à amener mais qui définit plutôt bien ma relation avec ce "Vol. 4: Slaves Of Fear". Parce que autant, se farcir la discographie de HEALTH, en vrai ça va, c’est des albums qui globalement sont très accrocheurs et à moins d’être allergique au style, ça s’écoute tout seul. Mais il y a un truc dans celui-là qui a fait que j’ai mis du temps avant de réellement accrocher, alors que sur le papier, et bien c’est du pur HEALTH.

C’est du pur HEALTH oui, on retrouve sur cet album tout ce qui fait le groupe, la voix planante de Jake, les morceaux tubesques à souhait qui jouent avec des sonorités Noise, l’ambiance hallucinée, tout y est. Mais l’album n’est pas accueillant, non pas qu’il soit difficile à écouter, mais il y a un truc dans son ambiance de très singulier qui est annoncé dès les premiers arpèges tristounes de "Psychonaut". C’est du HEALTH pur jus, mais ici on prend totalement le revers de "Death Magic" qui avait une ambiance plutôt festive et apaisée pour proposer une musique profondément triste, désolée et apocalyptique. Ajoutez aussi quelque de chose de plus concret, le fait que l’album est bien plus chaotique, les morceaux sont globalement très courts et s’enquiller l’album nous valdingue d’une piste à l’autre avec parfois des ruptures assez brutales aussi bien entre les morceaux que dans les morceaux et on se retrouve totalement à la merci de l’urgence de l’album et ouais, ça rend pas forcément l’écoute confortable.

"Slaves Of Fear" est un album que je prends comme un gros bloc de mal être, « Horny music for sad people » comme dit un des slogans du groupe et je trouve que c’est celui qui colle le plus à cette catchphrase. C’est l’album de HEALTH qui joue le plus avec ce ton désabusé et pourtant si… agréable et sexy. Je pars un peu en roue libre sur cette chronique, je sais, musicalement comme je l’ai dit c’est du HEALTH qui revient avec ses guitares et qui joue bien, les morceaux sont chouettes et y a de belles choses dans le lot. "Feel Nothing" est grandiose, un des meilleurs morceaux du groupe pour moi, "The Message" est un bon tube bien accrocheur, "Strange Days" (1999) me file la chair de poule et le final de l’album avec ce "Slaves Of Fear" jouissif qui décharge toute la tension accumulée sur l’album et qui se poursuit sur un "Decimation" apaisé mais laissant visible la tempête à l’horizon, c’est génial, vraiment il n’y a que HEALTH pour faire des morceaux comme ça. Mais je sais pas, l’album me met dans un état singulier, sans forcément une raison particulière, je l’écoute aujourd’hui avec plaisir, le sourire au lèvres, la larme à l’œil, la boule au ventre et le feu dans le cœur, c’est du pur ressenti instinctif et je ne sais absolument pas ce que le groupe à foutu pour que ça fonctionne à ce point sur moi mais ça dépasse ma raison.

"Slaves Of Fear" est un solide album, ce n’est pas une surprise, j’adore HEALTH et je suis rarement objective dans mes chroniques. Cependant il est l’album qui m’a été le plus difficile à apprivoiser, non pas car il est musicalement rebutant, mais parce qu’il arrive à véhiculer une tonne d’émotions différentes qui sont loin d’être faciles à encaisser pour peu qu’on y soit sensible, et ce genre d’album, il est rare de tomber dessus. Alors oui je ne lui donne pas la note maximale alors qu’il m’apporte beaucoup, mais je ne lui trouve pas totalement la perfection de "Death Magic" et de "Rat Wars", notamment de part cette difficulté d’approche. M’enfin bref, merci HEALTH, vous lirez probablement jamais cette chronique, mais pour cette décharge émotive, merci.