Un premier album dantesque fait démarrer la discographie de DOOM:VS, un one-man-band suédois entraîné par Johan Ericson aux commandes du songwriting de DRACONIAN… là, tout de suite, j’imagine que cela vous donne quelques pistes supplémentaires. Sauf qu’avec ce projet, Johan explore une facette bien plus sombre et introvertie, il ne faudra pas vous attendre à quelque chose de lumineux. Cette fois, le Doom produit conserve cette mélodicité aventureuse tout en s’endrapant d’une atmosphère très Funeral et écarte les influences plus gothiques de DRACONIAN. Pour bien connaître les trois albums de DOOM:VS, je conserve néanmoins une affection certaine pour son premier essai, pour lequel je ressens davantage de qualités intrinsèques, notamment concernant les leads et les atmosphères.

Aux confluences d’un SWALLOW THE SUN et d’un SHAPE OF DESPAIR, DOOM:VS produit un univers tout à la fois soyeux et sombre où s’égrènent les litanies et les errements de l’esprit. Le sens de la mélodie douloureuse ainsi que la dimension émotionnelle, sincère, des titres de ce premier album, permettent à la lenteur extrême, aux accords lourds et profonds, aux claviers subtils et au growl ténébreux de s’exprimer brillamment. Ce côté très atmosphérique que portent notamment les claviers ajoute cette délicatesse à une mélancolie tenace qui n’en manquait déjà pas. Ainsi auréolé, le premier titre "The Light Would Have Faded" nous berce avec cette tristesse souriante qu’entourent des ombres fuyantes. Les leads très beaux sont aussi cette plus-value que DOOM:VS partage avec les deux autres groupes susmentionnés comme référence, bien que les soli de Johan Ericson, sur ce premier titre par exemple, apportent cette dimension supplémentaire.

Sans tomber dans le track-by-track, je vous demande d’être attentif au second titre "Empire Of The Fallen", qui est d’une beauté à tomber, avec son jeu vocal majestueux entre chant clair et growl capiteux. Avec cette composition, c’est une randonnée intime qui vous tend les bras. "The Faded Earth", le titre suivant, appuie plus fortement encore cette inclinaison noirâtre et désespérée d’un Funeral Doom dépressif, aux abois, tel un COLOSSEUM désabusé. Les vertiges graciles, les points de suspension de la pensée, le désarroi, la fatalité s’invitent à la table de votre esprit pour s’y arraisonner avec force. Et je crois que c’est cela la force principale de ce projet : proposer une lourdeur incompressible et des moments plus volatiles qui aèrent la scène sonore. Cas typique : les deux dernières minutes de "The Crawling Insects", qui, après nous avoir abasourdis d’une part conséquente de ténèbres, arrivent, avec l’aide de quelques leads, à nous réveiller d’une torpeur mortelle.

Si quelques longueurs subsistent – notamment avec ce long dernier titre "Aeternus" –, ce disque n’est pas loin de la note maximale. S’il gagne à être connu, j’espère que cette chronique lui donnera une petite raie de lumière supplémentaire. Dommage que le projet se soit tari peu après les années 2010, car, au vu de la qualité des deux autres albums, il y aurait eu de quoi s’enthousiasmer encore.