Finalement cela fait un bout que NYDVIND traîne son Pagan Metal sur les plaines de France tout comme d’autres de ses compatriotes tels que HIMINBJORG et BELENOS. Formé au tout début des années 2000, le groupe francilien s’est démarqué par son très beau premier album sorti en 2003 : "Eternal Winter Domain", dont vous trouverez la chronique très juste de l’ami Volthord, et acclamé un peu partout grâce à ses sonorités nordiques et un sens hors du commun. Sept ans plus tard, "Sworn Into Elders", le second album, va continuer à emprunter le même chemin que son prédécesseur avec cette verve égale. Et puis le sommeil hivernal va faire hiberner le projet NYDVIND pendant encore une belle paire d’années (à croire que le groupe ait souhaité conserver sa vitesse de croisière), tout en se réveillant à intervalles réguliers par la sortie de plusieurs singles, maintenant ainsi une certaine forme de contact avec les fans, tout en annonçant les prémices d’un retour puissant nourri par une ambition encore voilée mais de fait grande : celle de proposer une tétralogie autour des quatre éléments physiques (l’eau, la terre, l’air, le feu).

En 2018, c’est chose faite pour le premier d’entre eux, "Tetramental I – Seas Of Oblivion", qui, comme son nom l’indique, nous plonge littéralement dans les eaux nouvelles du groupe. Si le Pagan Metal reste omniprésent avec ses motifs sonores épiques, ses chants valeureux et belliqueux, son mid-tempo soufflant la conquête et la rame cadencée d’une flotte guerrière, nos Français semblent avoir changé, et nourri un dessein beaucoup plus atmosphérique encore, grâce à l’appui de riffs puissants ainsi qu’à une ambiance moins marquée "Viking Metal" à la sauce scandinave. Avec ce nouvel album, le quatrième donc de la discographie et le second de la tétralogie, "Tetramental II - Telluria" nous montre à voir un groupe bien différent. Si le premier volet nous contait une histoire océanique empreinte de conquête maritime et de découvertes par un groupe de navigateurs/explorateurs, leurs accostages sur une terre lointaine à l’Ouest revêtent, dans ce second volet, une facette musicale plutôt singulière. Le Black Metal reste la référence de NYDVIND, mais ce nouvel album se veut bien plus doomy, voire mid-tempo, et bordé par des ambiances bien plus planantes et atmosphériques encore.

Contrairement à l’élément eau du premier album de cette tétralogie, "Tetramental II - Telluria" ne suit pas un fil narratif unique, mais sillonne entre biotope terrestre, force magnétique tellurique et paysages forestiers. L’album conserve néanmoins un aspect épique parfois assez prégnant. Je pense notamment au titre "Dance Of The Ages" avec le chant clair passionnant de Richard Loudin, l’un des deux compositeurs et membres fondateurs du groupe avec Nesh, ou à la ballade "Heart Of The Woods - Pt. 2", avec ce très beau jeu de voix, une nouvelle fois de Richard, alternant à intervalles réguliers avec des explosions d’agressivité saisissantes… qui nous rappelleront le volet originel de "Heart Of The Woods" paru en 2003 sur le premier album génial "Eternal Winter Domain". Un très beau clin d’œil donc. D’autres titres vont évoluer cependant sur des versants plus progressifs et mélodiques avec brio. "Thanetian Sublimity" pourrait être ce titre qui définit le mieux le tournant pris par le groupe pour contextualiser en musique son « volet terrestre ». Leads soyeux, mid-tempo hypnotique, arpèges planants et atmosphères mélancoliques vont être de la partie et faire vivre ce titre de manière passionnante.

L’album est donc plutôt bien réussi et ne comporte pas de titres inintéressants. Dense, compact, "Tetramental II - Telluria" est un album à apprécier de manière solitaire. Introspectif et beaucoup plus nuancé dans la bellicosité de son Black Metal, ce nouveau volet s’apprécie et se bonifie avec le temps. Travaillé jusque dans ses moindres détails, il désarçonnera les fans qui seront restés à l’ère des deux premiers albums, bien plus vifs et guerroyeurs. Pour ma part, je m’attendais à un album très Pagan Metal dans son approche, mais ce tournant plus doomy et planant me plaît beaucoup. De ce que j’ai pu lire, le troisième volet de la série autour de « l’air », s’intitulera "Nu Vind" ("vent nouveau" en norvégien), manierait de la Dark Folk très influencée par les TENHI, EMPYRIUM, et serait majoritairement acoustique. Cette fois-ci, Nesh s’octroierait une bonne partie des compositions des titres. Rien qu’à l’évocation de ces influences, le projet NYDVIND arbore une nouvelle dimension. Décidément, les Français nous surprennent, leur belle histoire continue…

Note réelle : 3,5/5.